Trèbes : le « gourou » supposé du terroriste en garde à vue

En mars, Radouane Lakdim avait tué 4 personnes, dont le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, dans un supermarché de Trèbes. Il se réclamait de Daech.
La sous-direction antiterroriste (SDAT) descendue de Nanterre (Hauts-de-Seine), avec une équipe du Raid, a procédé à l’arrestation d’Arsene A., 44 ans, chez lui à Carcassonne. Connu des services de renseignements, de la police et de la justice, les enquêteurs le soupçonnent d’avoir participé à la radicalisation de Radouane Lakdim, mort en mars dernier les armes à la main alors qu’il venait de tuer quatre personnes. Le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame s’était substitué à un otage, ce qui lui coûta la vie.
Arsene A. est un Français originaire de Bosnie. Condamné en juillet 2010 à trois ans de prison, dont deux avec sursis, il était considéré comme un des leaders du « groupe de Carcassonne » qui, depuis 2004, s’adonnait à des entraînements paramilitaires en forêt au nom du djihad « défensif », avait-il déclaré lors de l’instruction menée par le magistrat Philippe Coirre. Le parquet, qui avait défini cette bande comme « un groupement d’islamistes qui se préparait à des actes terroristes », n’avait pas été suivi dans ses réquisitions par le tribunal.

Un arsenal de guerre
Arsene A. était considéré comme le fournisseur d’armes. Durant l’enquête, des liens entre ce groupe et le réseau Artigat – qui avait radicalisé les frères Merah dans la région de Toulouse – avaient été découverts. Alors que, durant les investigations, les témoignages d’intimes présentaient les mis en cause comme des salafistes, leurs avocats avaient démenti toute pratique radicale de la religion. Néanmoins, des témoins indiquaient qu’Arsene A. était bien partisan du djihad, mais « défensif », raison pour laquelle il avait acquis des armes, un fusil à pompe et une carabine avec lesquels il s’exerçait au tir. En 2005, il est contrôlé par une patrouille de la BAC de Carcassonne. Les policiers écrivaient dans leur rapport que « les passagers sont revêtus de treillis camouflés, porteurs de lampes et de matériel paramilitaire ». 1 600 munitions avaient été retrouvées lors des perquisitions.
Toujours actif dans le milieu musulman local, il avait participé en 2015 à un hommage aux victimes des attentats du 13 novembre qui avait réuni près de 600 musulmans dans la préfecture de l’Aude. Pour l’occasion, il avait traduit le prêche de l’imam arabophone en français plaidant pour « le droit à la sécurité, le vivre-ensemble et contre la violence sous toutes ses formes… ». Interrogé par le quotidien local L’Indépendant, il commentait l’événement : « Les jeunes qui se radicalisent sont des jeunes qui ne parlent pas l’arabe. C’est ce qui explique peut-être leur dérive à partir des textes. »
Dans le cadre de l’enquête sur les attentats de Trèbes et de Carcassonne, trois personnes avaient été mises en examen et écrouées le 19 octobre, pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle » et, pour l’un d’eux, « détention d’armes de catégories A et B en lien avec une entreprise terroriste ». L’ex-compagne du terroriste a, elle, été mise en examen au début de l’enquête judiciaire.
SOURCE :
https://www.lepoint.fr/justice/info-le-point-trebes-le-gourou-suppose-du-terroriste-en-garde-a-vue-11-12-2018-2278340_2386.php