TOULOUSE :Collages de stickers, clients photographiés… Des commerces « estampillés juifs » pris pour cible à Toulouse

Parce qu’ils seraient détenus par des juifs ou qu’ils soutiendraient (supposément) Israël, des magasins ont été pris pour cible par des manifestants pro-Palestiniens à Toulouse.
Faut-il y voir un retour aux sombres heures des années 30 ? Mercredi 2 octobre 2024, en marge d’une manifestation de soutien à la cause palestinienne, plusieurs enseignes ont été prises par cibles par des individus, au motif qu’elles seraient détenues par des personnes de confession juive, ou qu’elles soutiendraient (supposément) les positions d’Israël dans la guerre au Proche-Orient.
D’après nos informations, au moins quatre commerces ont été visés. À chaque fois, les manifestants appelaient au « boycott des commerces juifs » ou qui ont, de près ou de loin, un lien avec l’État hébreu
Coquette boutique de produits de beauté installée rue d’Alsace-Lorraine, en plein cœur de la Ville rose, Sabon a notamment été prise pour cible. Pendant une longue demi-heure, racontent plusieurs témoins, des manifestants sont restés face à la porte d’entrée, collant des stickers vindicatifs sur la devanture, bloquant l’entrée aux clients, et prenant même en photo ceux qui tentaient de pénétrer à l’intérieur…
Sabon était à l’origine une marque israélienne de savons, mais l’enseigne appartient depuis huit ans… au Groupe Rocher, 100 % français, maison mère du fleuron des cosmétiques Yves Rocher. La marque exploite désormais une douzaine de boutiques dans l’Hexagone.
Comme les manifestants menaçaient de revenir trois jours plus tard, en marge d’une marche de soutien à la Palestine et au Liban, les gérants n’ont pris aucun risque, et tombé le rideau pour la journée de samedi, pourtant traditionnellement propice au commerce, avant de protéger la façade derrière des palissades en bois. La direction du magasin a aussi embauché un vigile pour assurer la sécurité des lieux et l’intégrité de ses deux salariées.

Également visée par les manifestants, la boutique d’Optical Center, rue John-Fitzgerald Kennedy, à deux pas de là. Si la société est française, son PDG Laurent Lévy est installé en Israël et de confession juive, ce qui lui vaut d’être dans la mire des milieux anti-sionistes…
« À notre niveau, on n’a rien à voir avec tout ça et on ne veut pas y être associé », soupire Sylvain, le responsable de la boutique. « Ni juif, ni pro-israélien, pas plus qu’aucun de nos salariés localement », l’opticien assure : « On comprend la cause, mais ils se trompent de cible… Nous, on vend simplement des lunettes et du matériel médical ».
« Une dizaine de militants, avec un mégaphone »
« On a vu débarquer une dizaine de militants devant la boutique, avec un mégaphone, ils criaient des slogans comme Israël assassin », ou d’autres formules hostiles à l’État hébreu. Le tout « derrière une banderole en faveur de la Palestine, qui disait, en substance, que notre groupe était dans le coup », confie Sylvain. Ici aussi, les manifestants auraient collé des stickers à l’instar de « Boycott Israël, boycott Optical Center ».
D’après le commerçant, ils sont « rapidement repartis et ne sont restés que quelques minutes ici. Au final, nous n’étions pas trop ciblés, peut-être parce que nous sommes situés dans une petite rue… » Ici aussi, l’action s’est limitée à des intimidations, sans violence ni altercation.
Désormais habitué aux manifs musclées dans les rues de Toulouse, il fait valoir que le cortège paraissait toutefois « moins dangereux que lors des gilets jaunes ». Reste qu’il a alerté la police, venue veiller sur l’enseigne samedi, comme sur d’autres boutiques alentour.
Le McDo du Capitole aussi visé
Dans un autre magasin du centre-ville tenu par des Français de confession juive, ces mêmes manifestants auraient également empêché les clients de rentrer, les prenant en photo en criant « honte à vous ».
D’après nos informations, le McDonald’s de la place du Capitole a également été ciblé par des manifestants, mais sa direction n’a constaté aucune dégradation. Rappelons que le géant de la restauration rapide avait fait l’objet en novembre 2023 d’un appel mondial au boycott quand sa franchise en Israël avait annoncé offrir des milliers de repas gratuits à l’armée de l’État hébreu…
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