SOS UEJF, ou le sondage antisémite I-flop de l’année

Par Ella Klein
La date vous aura surement échappée. Mais le 12 février 2016 marque un tournant décisif dans la lutte contre l’antisémitisme. Depuis ce vendredi, on peut clairement dire que la communauté juive française est aussi bien défendue, si ce n’est mieux, par Egalité et Réconciliation que par l’UEJF et SOS Racisme.

Non, parce qu’au moins Soral, on le fait condamner. S’en suit un moment de réjouissance collectif que les membres de la communauté juive suivent de près ; partageant allègrement la décision sur la toile ; félicitant les avocats. Et parfois même, on obtient des dommages et intérêts… Là, non seulement on nous offre sur un plateau le sondage antisémite de l’année, mais en plus et à l’exception du MRAP qui y verra peut être une opportunité, on ne peut ni compter sur SOS Racisme ni sur l’UEJF pour attaquer.

Je résume pour ceux qui n’auraient pas suivi. Dans son édition de vendredi 12 février, Le Parisien a publié un sondage pour montrer que les préjugés antisémites sont encore tenaces. Ah ouais ? Sérieux ? Je pensais que plus personne n’était antisémite en France. L’antisémitisme, c’est pas un truc inventé par les juifs pour justifier l’existence d’Israël ? On y apprend que 31% des sondés pensent que « les juifs sont plus riches que la moyenne des français » et que 25% des personnes interrogées considèrent que « les juifs ont trop de pouvoir dans les médias ».

Mais on découvre surtout avec effroi que pour parvenir à ce résultat, c’est à des questions objectivement antisémites que les personnes interrogées ont du répondre : « les juifs ont-ils trop de pouvoir dans le domaine de l’économie et des finances ? ». Jusque là, on est choqué, on se dit que le Parisien a débauché le Directeur de la publication de Minute pour fabriquer ce sondage, mais que la LICRA va attaquer. Oui, par ce que je me suis renseignée. J’ai même ouvert un code pénal. Et j’ai lu dans la Loi sur la Presse que le délit de diffamation raciale était constitué même si la diffamation était faite sous forme « dubitative ». Ce qui signifie que, même posées sous forme de questions, le sondage tel que formulé est raciste.

Mais tout ça, c’était avant de savoir que les questions posées par l’Ifop avaient été commandées par SOS Racisme et l’Union des étudiants juifs de France. Non, vous ne rêvez pas. Un peu comme si Brigitte Bardot commandait 500 manteaux en vraie peau de phoque et faisait tuer 4300 petits animaux inoffensifs pour convaincre la filière textile, comparaison à l’appui, que la fausse fourrure c’est aussi doux.

Personne ne s’est dit que poser une question antisémite, c’était induire et légitimer sa réponse. Que demander à des personnes si les juifs sont radins contribue à la prolifération de préjugés antisémites. Parce que si la question est posée, c’est qu’en un sens elle mérite de l’être, non ? Sans parler des réponses apportées, les questions posées par ce sondage constituent une injure raciale faite à la communauté juive, à l’humanité toute entière.

Sacha, tu es le gendre parfait. C’est pas moi, la mère de famille ashkénaze, qui vais dire le contraire. Mais là faut arrêter. Y a plein de terrains en friches à occuper. Les préjugés racistes, combattons-les vraiment mais n’allons pas en rajouter.

Ella Klein

source :
http://www.jewpop.com/religion-et-politique/sos-uejf-ou-le-sondage-antisemite-i-flop-de-lannee/