Sophie Pommie une ex-conseillère du Quai d’Orsay jugée pour «apologie du terrorisme» après avoir comparé le Hamas à la résistance française

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Sophie Pommier, ancienne collaboratrice du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, avait diffusé ses propos dans une publication Instagram, quelques heures après l’offensive de l’organisation terroriste palestinienne contre l’État hébreu.
8 octobre 2023. Sous la photo d’un bras brandissant le drapeau de la Palestine, Sophie Pommier, ex-conseillère du Quai d’Orsay, débute par ces mots une publication sur son compte Instagram : «Trop c’est trop ! Des décennies d’occupation et d’humiliations, d’injustice, de provocation des colons… » Dans les médias, sur les réseaux sociaux, sidération et colère règnent alors, quelques heures après l’attaque meurtrière du Hamas en Israël.

Cette ancienne contractuelle du ministère des Affaires étrangères, spécialiste du Proche-Orient, poursuit son fervent message en faveur de la Palestine, justifiant, selon elle, l’offensive de grande ampleur de l’organisation terroriste : «Le monde occidental bien installé dans son petit confort s’émeut de voir les Palestiniens prendre les armes. Mais quelle autre solution leur a-t-on laissé ? La résistance, chez nous, c’était magnifique, mais quand il s’agit des Palestiniens, c’est du terrorisme ?».
Suite à la plainte de l’association de la Jeunesse française juive, le tribunal correctionnel de Paris a considéré que ces propos relevaient de l’«apologie du terrorisme», et renvoyé Sophie Pommier devant la 30e chambre, ce mercredi. L’ancienne contractuelle, spécialiste du Proche et du Moyen-Orient, encourt sept ans de prison et 100.000 euros d’amende, c’est-à-dire la peine maximale pour ce type d’infraction, le fait que les propos aient été tenus sur internet constituant une circonstance aggravante.
«Du bon côté de l’histoire»
Concrètement, il est reproché à Sophie Pommier d’avoir, dans ce court texte enflammé, présenté l’organisation terroriste selon un jugement favorable, en comparant ses membres aux héros de la résistance française, qu’elle qualifie de «magnifique». «Le fait de présenter deux camps opposés, revendiquant chacun une légitimité subjective dans un contexte d’actes terroristes» est constitutif de l’infraction, précise la Cour de cassation, dans son arrêt du 25 avril 2019.
«L’emploi du terme “résistant” en lui-même élève les terroristes au rang de belligérant, et plus encore au rang de belligérants supérieurs moralement et se trouvant du bon côté de l’histoire», plaide Me Anthony Reisberg, avocat de l’association à l’origine des poursuites judiciaires. «Sophie Pommier dresse un parallèle entre des personnes qui ont porté secours à des juifs pendant la Seconde guerre mondiale et ceux qui en tuent aujourd’hui, et sous-entend donc que les Israéliens sont des nazis», tance-t-il, avant de souligner la date de publication de ce post, le 8 octobre – avant même, donc, que la riposte israélienne, n’ait débuté. De son côté, Me Thibault Kempf, l’avocat de Sophie Pommier, n’a pas souhaité réagir auprès du Figaro.
Si la notion d’«apologie du terrorisme», prévue par l’article 421-2-5 du Code pénal, reste très large – et donc nébuleuse -, plusieurs jurisprudences de la Cour de cassation n’ont cessé d’en préciser les contours ces dernières années. Celle qui concerne Dieudonné, condamné en 2015 pour cette même infraction, éclaire le cas de Sophie Pommier. Au soir d’une grande marche républicaine, après l’attaque meurtrière de la rédaction de Charlie Hebdo, l’humoriste controversé s’était fendu d’un post Facebook dans lequel il affirmait se sentir «Charlie Coulibaly». Par la suite, la Cour de cassation avait confirmé sa condamnation en estimant que l’égale considération pour les victimes et les auteurs, quand elle se déroule dans un contexte d’attentat, constitue une apologie du terrorisme. C’est-à-dire, dans le cas de Dieudonné, le fait d’avoir accolé le nom de l’hebdomadaire satirique à celui du terroriste responsable de la deuxième série d’attentat du 9 janvier 2015, Amedy Coulibaly.
Vacataire à Sciences Po
Diplômée de l’Institut d’études politiques de Paris, Sophie Pommier occupait un poste de consultante extérieure pour le Proche et le Moyen-Orient, dans le cadre duquel elle a collaboré avec le Quai d’Orsay. De septembre 2017 à mars 2020, elle a également officié au Caire, en Égypte, où elle était conjointement directrice adjointe de l’Institut français et conseillère culturelle adjointe de l’ambassade de France. Un temps membre du conseil de rédaction et du comité éditorial du journal en ligne Orient XXI, elle a également occupé un poste d’enseignant vacataire jusqu’en 2014 à Sciences Po.

Quelques semaines après ce post Instagram, cette ancienne agente publique s’était de nouveau illustrée par son militantisme. Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, le 7 novembre 2023, et twittée sur X par le député Meyer Habib, celui-ci interpellait la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères de l’époque, Catherine Colonna, en fustigeant le comportement de l’ancienne contractuelle. Sur les images, filmées dans une rue du cœur de Paris, on y apercevait Sophie Pommier déchirant des affiches représentant les photos d’otages israéliens du Hamas, aux cris de «Israël assassin !» et «vive la Palestine !». De l’autre côté de cette scène, derrière le téléphone, une personne anglophone l’interpellait par ces mots : «Quelle honte ! Tu devrais avoir honte ! Ce sont des enfants qui ont été kidnappés ! [par le Hamas, NDLR]». Avant que Sophie Pommier ne lui réponde : «Ce sont des assassins !», «vous savez combien de personnes ont été tuées à Gaza ?»
«La vidéo diffusée ce jour montre une attitude, un comportement et des propos totalement indignes qui disqualifient entièrement cette personne pour entretenir la moindre relation de travail avec le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères», avait par la suite réagi le Quai d’Orsay dans un communiqué de presse, avant de condamner «avec la plus grande fermeté la haine, l’extrémisme et la violence» de ces agissements, «par définition incompatibles avec la participation, directe ou indirecte, à la conduite de la politique étrangère française».
Un autre précédent, enfin, pourrait éclairer les débats à venir ce mercredi. Le 18 avril 2024, Jean-Paul Delescaut, secrétaire général de l’Union départementale de la CGT du Nord, avait été condamné pour «apologie du terrorisme» à la peine inédite d’un an de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Lille. Six jours après les attaques du Hamas, celui-ci avait fait paraître un tract de «soutien aux Palestiniens». «Les horreurs de l’occupation illégale se sont accumulées. Depuis samedi, elles reçoivent les réponses qu’elles ont provoquées», mentionnait-il dans ce document.
Source Le Figaro

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