SCANDALE A PARIS : Les Toiles de Derain volées par les nazis ne seront pas restituées aux héritiers de René Gimpel, un marchand d’art juif spolié
La justice française a débouté jeudi les héritiers d’un collectionneur d’art juif spolié pendant la guerre qui demandaient la restitution de trois toiles du fauviste André Derain exposées depuis des années dans des musées.
Le tribunal de grande instance de Paris a débouté, jeudi 29 août, les héritiers du collectionneur René Gimpel qui réclamaient la restitution de trois toiles du peintre André Derain exposées actuellement par le Musée d’Art moderne de Troyes et le musée Cantini de Marseille. Pour la justice, des « incertitudes persistantes quant à l’identification des tableaux » subsistent même si elle reconnaît qu’ils ont bien appartenu à celui qui a été déporté et qui est mort en camp de concentration en 1945.
« La cour a été trop prudente, timide, regrette Claire Touchard, petite-fille du collectionneur. Nous allons faire appel et apporter plus de précisions. C’est important pour la mémoire de René Gimpel et pour les autres familles qui font face aux mêmes difficultés ».
Ce n’est qu’il y a une dizaine d’années que les descendants de René Gimpel ont appris l’histoire de ces tableaux, trois fauves d’André Derain réalisés entre 1907 et 1910. Lorsque René Gimpel les acquiert en 1921, il est marchand d’art et détient plusieurs galeries à Paris, Londres et New York. Les photos de l’époque montrent les murs de son hôtel particulier parisien couverts d’œuvres remarquables, notamment de Monet et de Derain. On y voit les trois peintures disputées ‘Paysage à Cassis’, ‘La Chapelle-Sous-Crecy‘ et ‘La Pinède à Cassis’.
PUBLICITÉ
Lorsque la guerre éclate et que le régime de Vichy instaure des lois antisémites, René Gimpel met sa famille à l’abri en zone libre dans le sud. Mais les juifs ont ensuite interdiction de rentrer chez eux. René Gimpel ne peut plus s’approcher de sa galerie parisienne. Ses biens et des centaines d’œuvres d’art sont bloqués. Dès 1941, le gouvernement du Maréchal Pétain prend des mesures pour l’aryanisation des biens des juifs qui n’ont plus le droit de posséder ou de vendre.
Dans le sud de la France, René Gimpel s’engage dans la résistance avec ses fils. Trop âgé pour se battre, il finance des réseaux de résistance, « notamment un réseau appelé Azure Transport qui achemine des armes dans des camions à charbon », raconte sa petite-fille.
Pendant ce temps, il tente de gérer ses biens grâce à un proche non-juif et à sa gouvernante, tous les deux restés à Paris. René Gimpel demande à ses vieux transporteurs d’acheminer ses oeuvres d’art à Cannes, mais les services allemands viennent saisir des dizaines de caisses avant le départ. Il essaie de vendre d’autres œuvres par des tiers, des galeristes qui acceptent de taire les noms des juifs qui tentent de vendre leurs biens même à bas coût.
Le marchand d’art est arrêté, relâché. Il est finalement dénoncé par un confrère en 1944 puis déporté au camp de concentration de Neuengamme où il meurt en janvier 1945.
Pour la famille du marchand, les œuvres perdues pendant la guerre, qu’elles aient été saisies ou vendues, doivent lui revenir car les ventes de biens juifs à cette époque-là étaient spoliatrices. Les héritiers se fondent pour cela sur une ordonnance d’avril 1945 sur la nullité des actes de spoliation.
Mais pour l’État et les musées qui ont acheté en toute légalité les trois tableaux, rien ne prouve qu’elles aient été vendues de force.
« De nombreuses contradictions » dans le dossier
« Le destin de René Gimpel est vraiment malheureux mais le dossier présenté par l’avocate de ses descendants comporte de nombreuses contradictions », estime Béatrice Cohen, l’avocate du musée d’art moderne de Troyes qui expose ‘Paysage à Cassis’, ‘La Chapelle-Sous-Crecy‘, mais qui n’en est pas le propriétaire. « Il n’y a aucun doute sur le fait que René Gimpel a possédé des Derain achetés en 1921 à Drouot mais lorsque la famille essaie de retracer le cheminement des œuvres jusqu’à la guerre pour démontrer la spoliation, les numéros d’inventaire de peintures changent, leurs noms changent et leurs dimensions sont différentes ».
Et c’est ce qu’a retenu le tribunal, estimant que ces incertitudes « ne permettent pas d’appliquer » l’ordonnance de 1945.
La famille Gimpel répond que le marchand a changé les noms des œuvres pour mieux les vendre, que les dimensions changent car les peintures ont été rentoilées au cours des années. Elle aura toutefois du mal à apporter des preuves de ventes forcées effectuées illégalement pendant l’occupation.
Son avocate Corinne Hershkovitch affiche une certaine confiance. « Il y a vingt ans j’ai perdu en première instance dans une affaire de spoliation puis gagné en appel », affirme-t-elle.
Au moins 100 000 biens culturels de valeurs inégales ont été volés, saisies ou vendues de force pendant la guerre, selon la mission chargée de la restitution, créée en 2019. Près de la moitié des œuvres a été restituée et des milliers d’autres circulent sur le marché de l’art ou sont exposées dans les musées.
Source :
https://www.france24.com/fr/20190830-france-gimpel-toiles-derain-restitution-heritiers-marchand-art-juif-spolie
Cette France toujours aussi dégueulasse avec les biens juifs volés.
Remarquez que peut-on attendre d’un pays qui a allègrement collaboré.
ROSA
Ah bon pourquoi qu’elles ne seront pas restituées à leurs descendants ?
Une France méprisable sur beaucoup d’aspects et qui ne se rachete pas moralement.
La justice reconnait que ces tableaux ont bien appartenu à Mr Gimpel. C est odieux !