QUEBEC :Cinq ans de prison pour Pascal Tribout, sympathisant nazi

Un sympathisant nazi de Deux-Montagnes qui avait transformé son condo en usine de fabrication d’armes à feu est condamné à cinq ans de prison pour avoir fomenté la haine à l’égard des juifs, tenté de fabriquer des armes à feu prohibées et partagé des plans informatiques permettant de le faire avec une imprimante 3D.
Pascal Tribout devient ainsi le premier Canadien condamné à la prison en vertu d’une nouvelle disposition du Code criminel qui interdit la possession et le partage de données informatiques relatives à des armes à feu pouvant être utilisées avec une imprimante 3D.
« Les accusations sont graves […] et la fabrication de ces armes, inquiétante », a commenté le juge Sylvain Lépine, en confirmant la peine d’incarcération de M. Tribout, mercredi matin, au palais de justice de Saint-Jérôme.
Vêtu d’un chandail noir et d’un pantalon gris, M. Tribout est resté de marbre lorsque le juge Lépine a confirmé la sentence. Le condamné a lui-même demandé de devancer le prononcé de sa peine, après avoir subi des voies de fait dans un centre de détention provincial.
Selon la preuve, l’homme de 38 ans considérait ses créations comme des outils pour commettre un « crime parfait » contre les juifs.
L’entrepreneur en toiture, jusque-là sans histoire et plutôt solitaire, a attiré l’attention de la police après s’être fait livrer à domicile de l’équipement suspect pouvant servir à fabriquer des armes à feu. Il s’est ensuite confié à un agent d’infiltration de la GRC, sur un forum internet antisémite qu’il fréquentait, auprès de qui il a tenu des propos inquiétants et partagé des images violentes à l’égard des juifs.
Au fil des conversations, il a fini par transmettre à l’agent d’infiltration des plans pour fabriquer une arme à feu avec une imprimante 3D, en plus d’échanger quelques photos d’une de ses propres créations.
En débarquant pour perquisitionner son condo, l’été dernier, la GRC a découvert une véritable usine, avec des pièces et des outils qui jonchaient le sol, de nombreuses pièces de pistolets et carabines à différents stades de finition, ainsi que plusieurs imprimantes 3D.
Le pistolet imprimé de type FGC-9 (pour Fuck Gun Control 9 mm) que les policiers ont découvert sur place s’est toutefois avéré « incomplet et de mauvaise qualité », a précisé le procureur de la Couronne fédérale qui a mené le dossier, Me Gabriel Lapierre.
Malgré un mécanisme en apparence complet, les experts du laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale du Québec ont été incapables de faire entrer une cartouche dans la chambre, ce qui a mené à une accusation réduite de « tentative » de fabrication d’armes à feu prohibées, a expliqué le procureur.
M. Tribout était toutefois à quelques manipulations près de corriger le défaut.
« La communauté juive a tous les droits de se sentir en sécurité. On a ici un bel exemple où l’État est intervenu en temps opportun pour arrêter le processus de fabrication d’armes. La condamnation démontre tout le sérieux qu’on accorde aux crimes haineux », a commenté Me Lapierre après la condamnation.
Pascal Tribout écope de quatre ans d’incarcération pour avoir tenté de fabriquer des armes prohibées, plus une année de détention pour avoir fomenté la haine à l’égard des juifs et une année pour avoir possédé et partagé des plans informatiques.
En plus de voies de fait dont il a été la cible en prison, M. Tribout a fait valoir, par la voix de son avocate Me Marie-Ève Duplessis, qu’il s’est retrouvé incarcéré en pleine éclosion de tuberculose à l’Établissement de détention de Montréal (Bordeaux), au cours de l’été. Le juge a accepté de réduire sa peine de 421 jours, pour tenir compte du temps d’incarcération préventif et des conditions particulières qu’il a subies pendant sa détention.
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