Quand un élu FN insulte Pierre Mendès France

Pascal Gannat, chef de file de la formation lepéniste en Pays de la Loire, a qualifié de traître, sur Twitter, l’ancien président du Conseil.
Il y a quelques jours, l’association des étudiants frontistes de Sciences po publiait un tract dans lequel il était précisé que Pierre Mendès France (PMF) voterait aujourd’hui pour le FN. Cette tentative de récupération de la figure de l’ancien chef de gouvernement radical-socialiste, décédé en 1982, avait immédiatement fait bondir son petit-fils. Ce dernier dénonce avec d’autant plus de force cette manœuvre que Pierre Mendès France a essuyé, tout au long de sa carrière politique, des attaques très violentes de la part de l’extrême droite et singulièrement d’un jeune député, élu en 1956, un certain Jean-Marie Le Pen.
Après avoir posté sur les réseaux sociaux des extraits des courriers virulents, pour certains clairement antisémites, reçus par Pierre Mendès France et reprenant l’argumentaire de Le Pen qui portait, à l’époque, les couleurs de la formation de Pierre Poujade (l’Union de défense des commerçants et artisans), Tristan Mendès France a reçu un message de Florian Philippot. Le porte-parole du Rassemblement Bleu Marine y déplore ces attaques « épouvantables ». Il affirme dans le même temps qu' »aujourd’hui, PMF serait à nos côtés pour lutter contre le racisme et l’antisémitisme ».
Une prise de parole dissonnante

Pascal Gannat, conseiller régional FN en Pays de Loire, ne semble pas être de l’avis du conseiller en stratégie de Marine Le Pen, ni d’ailleurs de celui des jeunes étudiants d’extrême droite de Sciences po. Membre influent du parti (il a été chef de cabinet de Jean-Marie Le Pen dans les années 1980), Pascal Gannat a publié un tweet assassin, samedi 11 juin. Il y affirme que Pierre Mendès France a « trahi » à deux reprises.
« Cette accusation de trahison est une vieille antienne pour l’extrême droite, qui reproche à PMF d’avoir bradé l’Indochine. Mais le présenter, par ailleurs, comme un traître en 1940, c’est tout simplement reprendre l’argumentaire vichyste et montrer que les thèses pétainistes ont toujours cours dans le parti des Le Pen », relève Tristan Mendès France.
Député de l’Eure depuis 1932, désireux de poursuivre le combat contre l’Allemagne depuis l’Afrique du Nord alors non occupée, Pierre Mendès France a en effet embarqué, en juin 1940, à bord du Massilia, avec une vingtaine d’autres parlementaires. Il a été arrêté à Casablanca (en compagnie de Jean Zay, un autre héros de la résistance), jugé et condamné pour « désertion » par un tribunal aux ordres du régime de Vichy en mai 1941, à Clermont-Ferrand. « Il aura porté cette blessure toute sa vie, jugeant particulièrement injuste cette accusation de traîtrise alors qu’il a risqué sa vie pour son pays », témoigne son petit-fils, aujourd’hui secrétaire général de l’Institut Mendès France.

SOURCE :
http://www.lepoint.fr/politique/quand-un-elu-fn-insulte-pierre-mendes-france-13-06-2016-2046333_20.php

Présentation de l’éditeur : Pierre Mendès France était juif et fut victime sa vie durant d’attaques antisémites incessantes. Ce que l’on sait moins, c’est qu’il était passionné par ses origines, et qu’il a constitué un fonds d’archives impressionnant retraçant la généalogie de sa famille. En s’appuyant sur les archives mises à sa disposition par Michel, le fils de Pierre Mendès France, Gérard Boulanger restitue ici cette vaste fresque traversant trois pays et quatre siècles, avec un fil conducteur : la persécution des Juifs ou de ceux qui étaient soupçonnés de l’être.
En relatant une histoire familiale marquée par la persécution, ce livre montre la genèse et la persistance d’une névrose européenne et éclaire, à rebours, la vie de cet homme d’exception qu’était Pierre Mendès France.
Biographie de l’auteur : Avocat au barreau de Bordeaux depuis trente ans, Gérard Boulanger est également président de la Ligue des droits de l’homme de Gironde, ancien président du Syndicat des avocats de France, fondateur et président d’honneur de la confédération Avocats européens démocrates. Il a publié trois ouvrages de référence sur Maurice Papon : Maurice Papon : un technocrate français dans la collaboration (Seuil, 1993), Papon, un intrus dans la République (Seuil, 1997) et Plaidoyer pour quelques Juifs obscurs victimes de Monsieur Papon (Calmann-Lévy, 2005). En 2006 est paru À mort la gueuse ! chez Calmann-Lévy.
Source :
http://rimon.fr/2008/maitre-gerard-boulanger/