Pourquoi s’obstine-t-on à voir des Breivik là où il y a des Merah ?
Mehdi Nemmouche : certains ont-ils parlé trop vite ?
Après la tuerie de Bruxelles, certains ont accusé l’extrême-droite et la «montée des populismes» d’être responsables. Pour Marc Crapez, ce reflexe idéologique empêche de voir que la plupart des nouveaux loups solitaires sont islamistes.
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est chercheur en science politique associé à Sophiapol (Paris-X). Son dernier ouvrage, Un besoin de certitude a été publié chez Michalon. Vous pouvez également retrouver ses chroniques sur son site.
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C’est un islamiste qui serait l’instigateur de l’attentat antisémite de Bruxelles. Pourtant, c’est l’extrême-droite ou le populisme que beaucoup avaient mis sur le tapis. Ainsi, la Ligue des droits de l’homme belge désignait-elle sans hésiter comme responsable le «contexte européen d’une montée en force des idées d’extrême-droite».
En France, le maire communiste de Montreuil, Patrice Bessac, accusait immédiatement les «forces d’extrême-droite [qui] attisent des haines». Dans le journal Le Monde, un sociologue affirmait que la «première hypothèse renvoie à l’extrême-droite», puis extrapolait doctement sur «l’espace idéologique ouvert aujourd’hui pour des ‘loups solitaires’ s’inspirant d’un antisémitisme d’extrême droite et agissant isolément, ou presque».
Les premières accusations visaient à influencer l’opinion, appelée à voter le lendemain aux élections européennes. Un blog illustre l’ambiance à chaud: «Un grand merci à tous les populistes, c’est grâce à leurs discours, réducteurs, haineux, stigmatisants qu’on se retrouve à vivre de tels actes». Un journaliste de LCP (La Chaîne Parlementaire) twitte ce mot d’ordre: «Veille des élections 1 attentat antisémite frappe Bruxelles. Demain, il faut barrer la route au populisme dans les urnes».
Certains sont incorrigibles. L’extrême-droite avait déjà été désignée à tort à deux reprises: lors de la tuerie de Toulouse, en mars 2012, et lors de l’épisode du tireur de Libération, en novembre 2013. Entre temps, en juin 2013, lors de l’affaire Clément Méric, on n’allait pas tarder à découvrir que les militants d’extrême-gauche étaient ceux qui, au départ, avaient agressé ceux d’extrême-droite.
Il se confirme que le cas Breivik demeure isolé. Par ailleurs, les partis d’extrême-droite n’ont plus grand chose à voir avec les partis factieux des années 30. Quant aux régimes d’extrême-droite, ils ont disparu de la surface de la planète depuis 30 ans. En revanche, l’islamisme est bel et bien le danger majeur.
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