Pour la première fois, les Palestiniens forment le plus grand groupe de demandeurs d’asile en Belgique. 85% sont directement acceptés en dépit du risque qu’ils soient liés au Hamas

Ces derniers mois, le nombre de Palestiniens qui ont demandé l’asile dans notre pays a fortement augmenté: en avril, ils étaient 497, le nombre le plus élevé jusqu’à présent. Comment se situe la Belgique par rapport à l’accueil des réfugiés ailleurs en Europe? Et comment ceux-ci parviennent à fuir Gaza? Est-il possible que certains soient des militants du Hamas?
Selon les derniers chiffres du Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides (CGRA), 497 Palestiniens ont demandé l’asile dans notre pays en avril. Ils constituent donc le groupe le plus important de demandeurs, et ce, depuis mars dernier, quand 417 Palestiniens ont demandé asile en Belgique. La tendance se poursuit, donc. Pour la première fois cette année, les Palestiniens constituent le groupe le plus nombreux parmi les demandeurs d’asile: ils sont 1.600 personnes sur un total de 9.546 personnes.
La seconde place
La première place avait longtemps été occupée en alternance par les Syriens et les Afghans. En Syrie, la guerre civile fait rage depuis 2011, tandis qu’en Afganistan, les talibans ont repris le pouvoir en 2021.
Mais depuis que la guerre fait rage à Gaza suite à l’attaque du Hamas du 7 octobre contre Israël, il n’est pas surprenant que le nombre de demandeurs d’asile palestiniens augmente tout d’un coup. Pourtant, ceux-ci sont remarquablement enclins à choisir notre pays. En 2023, 11.561 Palestiniens ont demandé l’asile dans l’UE, et c’est la Grèce qui arrive en tête avec 6.713 dossiers. C’est logique : la Grèce est un pays d’arrivée à la frontière sud de l’UE.
La Belgique arrive toutefois en deuxième position avec 3.249 demandes. Ce chiffre global est légèrement plus élevé que le nombre d’arrivées, car il inclut les demandeurs d’asile qui introduisent un second dossier.
Pourquoi choisissent-ils notre pays? “Nous aussi, nous nous posons la question”, répond Olivier Brasseur, porte-parole du CGRA. Le fait que nous ne voyions que maintenant les effets de la guerre à Gaza est tout à fait logique, car il est très difficile de quitter la région. Ces personnes sont en transit depuis un certain temps déjà.”
Selon le CGRA, plus de la moitié de ces Palestiniens ont d’abord demandé l’asile dans un autre pays européen, généralement la Grèce. “C’est un gros problème. Nous sommes légalement obligés de traiter leur demande, même si celles-ci sont habituellement refusées”, contextualise le porte-parole.
Des gardes-frontières corruptibles
Toujours selon le CGRA, plus de 90 % des Palestiniens qui fuient sont originaires de Gaza, or, il est extrêmement difficile de quitter ce territoire. Le seul point de passage encore ouvert se trouve dans la ville de Rafah, au sud, à la frontière avec l’Égypte. La ville est actuellement assiégée par l’armée israélienne.

S’il existe des discours de haine, des crimes de guerre ou des raisons sérieuses de croire qu’un demandeur d’asile est coupable de crimes contre l’humanité, le CGRA peut l’exclure du statut de protection subsidiai¬re
Le cabinet de Nicole de Moor (CD&V)
Le passage de la frontière n’est normalement possible que si l’on figure sur une liste d’évacuation européenne ou américaine, mais différents médias internationaux “voquent des gardes-frontières qui acceptent des milliers de dollars de pots-de-vin de la part des Gazaouis qui tentent de fuir. Une petite minorité des ressortissants palestiniens arrivant dans notre pays avait séjourné auparavant dans un pays voisin comme la Syrie, la Jordanie ou le Liban.
Protection
Le fait qu’une grande majorité d’entre eux soient originaires de Gaza a également un effet sur le taux de protection, c’est-à-dire le pourcentage de demandeurs d’asile reconnus comme réfugiés et bénéficiaires du statut de protection subsidiaire. Au cours des trois premiers mois de cette année, le taux de protection s’élevait à 85 %. Il s’agit d’une forte augmentation par rapport aux 50 % de demandes acceptées en 2022.
Le cabinet de Nicole de Moor (CD&V), secrétaire d’État à l’asile et à la migration, estime que la situation actuelle ne peut tout simplement pas être comparée à celle de 2022. « Ce qui se passe à Gaza est terrible. Le plus important est que le conflit soit résolu le plus rapidement possible”, a-t-elle ajouté.
Contrôle de sécurité
Les demandeurs d’asile sont soumis à un contrôle de sécurité dans notre pays. “En cas de discours de haine, de crimes de guerre ou de raisons sérieuses de penser qu’un demandeur d’asile s’est rendu coupable de crimes contre l’humanité, le CGRA peut l’exclure du statut de protection subsidiaire”, rappelle le cabinet de Moor.

Le CGRA confirme que chaque année, certains demandeurs d’asile palesti¬niens sont refusés en raison d’un lien avec le Hamas
Le statut de protection subsidiaire des réfugiés peut également être révoqué ultérieurement, en raison de nouveaux éléments. Le cabinet de Moor a récemment demandé au CGRA de revoir le statut du Palestinien Mohammed Khatib, chef de l’organisation radicale Samidoun. Khatib séjourne pourtant dans notre pays depuis longtemps.
Le CGRSA confirme que quelques demandeurs d’asile palestiniens sont rejetés chaque année en raison de leurs liens avec le Hamas. Aucun chiffre précis n’a toutefois été communiqué. Le service d’asile précise qu’il ne s’agissait pas de personnes liées à l’attaque du 7 octobre.
SOURCE
https://www.7sur7.be/belgique