Pierre-André Taguieff sur Yann Moix : « Judéophobie – judéophilie, les deux faces d’une même pièce ? »

By  |  0 Comments

De Pierre-André Taguieff
Philosophe, historien des idées, directeur de recherche au CNRS. Ses principaux domaines de recherche vont du racisme et de l’antisémitisme au nationalisme, en passant par le populisme, le progrès et l’eugénisme. Derniers livres parus : Judéophobie, la dernière vague (Paris, Fayard, 2018) ; « Race » : un mot de trop ? (Science, politique et morale, Paris, CNRS Éditions, 2018) ; L’Émancipation promise. Exigence forte ou illusion durable ? (Paris, Les Éditions du Cerf, 2019).
Est-il possible de passer de l’antisémitisme au philosémitisme ? Comment s’opère se changement ? Judéophobie et judéophilie sont-elles liées ? Le point de vue de Pierre-André Taguieff, historien des idées.
Il y a quelques jours Yann Moix a admis coup sur coup à L’Express et Libération avoir dessiné des caricatures antisémites et rédigé des textes négationnistes, tout en se défendant d’avoir un jour été antisémite. L’écrivain était pourtant jusqu’ici connu pour sa judéophilie, allant jusqu’à apprendre l’hébreu et étudier sérieusement le Talmud. Est-il possible de passer de l’antisémitisme au philosémitisme ? Comment s’opère se changement ? Judéophobie et judéophilie sont-elles liés ? Ayant publié de nombreux ouvrages sur la « nouvelle judéophobie » depuis 2002, l’historien des idées Pierre-André Taguieff nous éclaire sur ce sujet.
Propos recueillis par Kévin Boucaud-Victoire.
________________________________________
Marianne : Comment peut-on passer de l’antisémitisme au philosémitisme ?
Pierre-André Taguieff : J’ai longuement analysé, dans les années 1980 et 1990, la manière dont la rhétorique antiraciste, celle qui insiste sur la différence, peut dériver vers telle ou telle forme de racisme. Il en va de même avec la lutte contre l’antisémitisme : nombreux sont désormais les ennemis des Juifs qui prétendent « combattre l’antisémitisme ». Il faut reconnaître ce champ d’ambiguïtés et de renversements dans le contraire. Concernant les Juifs, on passe facilement du blâme à l’éloge, et inversement. Bien souvent l’éloge est l’instrument du blâme. Les Juifs sont mis à part, ils sont considérés comme des humains pas comme les autres. Ainsi essentialisés, ils peuvent être célébrés ou démonisés, traités comme des élus ou comme des damnés. Mais la frontière est poreuse entre le blâme et l’éloge. On observe en outre des jeux de langage qui brouillent les cartes. Par exemple, lorsqu’un individu vante l’intelligence des Juifs, ce peut être pour laisser entendre que les Juifs sont d’autant plus dangereux qu’ils sont très intelligents. C’est là présupposer que l’intelligence juive est au fond une forme de perversion de l’intelligence, mise au service d’une volonté de domination du monde, comme l’affirment les théories complotistes judéophobes.
Ce qui me frappe aussi, c’est l’oscillation entre l’énoncé : « Les Juifs sont au-dessus de tout » et cet autre : « Les Juifs sont en dessous de tout ». Les meilleurs et les pires, en même temps ou alternativement : tels sont les Juifs dans l’imaginaire social. Les variations dans le traitement des Juifs illustrent parfaitement l’ambivalence des sentiments et des croyances qu’ils suscitent. La supériorité – au niveau de l’intelligence ou de la puissance – qu’on leur attribue peut prendre le sens d’une menace. Plus les Juifs sont perçus comme puissants, et plus ils incarnent la figure de l’ennemi absolument redoutable, mais aussi bien celle de l’allié ou du protecteur rassurant. Enfin, la judéophilie affichée ou sur-affichée peut être un masque de la judéophobie – haine et crainte mêlées envers les Juifs. Et ce, pour satisfaire des intérêts individuels ou collectifs, afin de réaliser des fins plus ou moins dissimulées, etc. Les objectifs les plus courants sont liés à l’ascension sociale, à la quête de la reconnaissance et à la recherche de la célébrité. La surestimation de la puissance juive attire les ambitieux et les aventuriers, qui, lorsqu’ils haïssent les Juifs, n’hésitent pas à se grimer en judéophiles. Sur la base des faits dévoilés depuis peu concernant l’itinéraire de Yann Moix, le modèle semble pouvoir s’appliquer à l’écrivain, au moins partiellement, depuis les années 2000.
Avez-vous des exemples de personnalités passées de l’antisémitisme au philosémitisme ? Il y a Lucien Rebatet, écrivain fasciste qui soutient Israël en 1967…
La question israélienne, c’est encore autre chose. Lorsqu’elle intervient dans les transformations idéologiques, elle vient compliquer le tableau. Quelles que furent ses positions politiques après 1945, l’antisémite pro-hitlérien Lucien Rebatet n’est jamais devenu philosémite. De la même manière, de nombreux pétainistes, comme Xavier Vallat, ont soutenu Israël en 1967, lors de la Guerre des Six jours, tout en restant antisémites. Mais ce n’est pas le cas de tous les antisémites maurrassiens. Par exemple, Pierre Boutang, qui était à l’Action française, devient judéophile après la Deuxième Guerre mondiale et cette « conversion » semble sincère. Il s’est passé la même chose avec Maurice Blanchot. En 1936-1937, Blanchot était un anti-Blum militant et un antisémite banal, mais non extrémiste. Pendant et après la guerre, il est devenu judéophile et a entretenu des liens d’amitié avec Emmanuel Levinas. Soulignons le fait que, dans le cas de l’évolution politique et intellectuelle de Blanchot, on ne note aucune interférence significative avec la question israélienne. On doit prendre acte que Boutang a entièrement rompu avec l’antisémitisme de sa jeunesse, comme l’a reconnu son élève Michaël Bar-Zvi, philosophe franco-israélien auteur d’une Philosophie de l’antisémitisme (1985), qui va bientôt être rééditée aux éditions Les provinciales. Nous pouvons parler de « judéophilie » dans le cas du chrétien Boutang.
Même s’il m’arrive par commodité de l’employer, je n’apprécie guère le terme « philosémitisme », qui présuppose l’existence des « Sémites » et renvoie à une vision racialiste fondée sur l’opposition « Aryens-Sémites ». De même, il faut rappeler que le terme « antisémite » est mal formé. Le néologisme était justifié en 1879, lorsqu’il a été forgé en Allemagne pour désigner le racisme antijuif,et il l’est resté jusqu’en 1945. Aujourd’hui, les antijuifs ne sont plus nécessairement racistes, ils ne supposent pas l’existence d’une « race sémitique ». Ils sont même bien souvent antiracistes ou se disent tels, alors même qu’ils diffusent des thèmes relevant du racisme anti-Blancs. Qu’on lise à ce propos les écrits des « indigénistes » ou des « décolonialistes », qui, avec leur formule magique (l’ »ntersectionnalité »), prétendent lutter à la fois contre « l’islamophobie », « le racisme » (toujours « blanc » et « systémique »), « »e sionisme » (intrinsèquement « raciste ») et « l’antisémitisme » (visant principalement les Arabes, en tant que « sémites »). La confusion des idées et des luttes ne cesse de s’accroître. La bêtise aussi.
Ces revirements vous paraissent-ils toujours sincères ?
Non. Il y a aussi de la judéophilie opportuniste. Yann Moix me semble en être un bon exemple. Les opportunistes sont ceux qui se rallient stratégiquement au plus « fort » ou au plus puissant, en pensant, dans le cas qui nous occupe, que les Juifs sont les maîtres de tout. Il peut donc y avoir un antisémitisme dissimulé chez des personnes qui, surestimant la puissance des Juifs, estiment qu’il y va de leur intérêt de se rapprocher d’eux. La thèse de la puissance juive est un postulat partagé par les judéophiles opportunistes – qu’il faut soigneusement distinguer des judéophiles sincères – et les judéophobes convaincus. Chez les antijuifs, l’admiration pour les Juifs en tant que puissants s’inverse en raison de les haïr tout en les redoutant. La peur, l’envie, la jalousie et le ressentiment conduisent soit à déclarer la guerre aux Juifs, soit à prendre stratégiquement leur parti. Dans tous les cas, l’objectif, plus ou moins avoué, est de prendre leur place enviée. Depuis le dernier tiers du XIXe siècle, le fantasme de la toute-puissance juive est partagé par tous les ennemis des Juifs et diffusé par divers stéréotypes.
Le postulat est clairement formulé par Louis-Ferdinand Céline qui affirme dans Bagatelles pour un massacre : « Le Juifs sont nos maîtres – ici, là-bas (…) partout. » Dans ses postures face aux Juifs, l’écrivain passe par trois périodes. Son parcours est très intéressant, puisqu’il représente un modèle d’évolution d’un antijuif opportuniste, doublé cependant d’un fanatique. En 1930, deux ans la parution de Voyage au bout de la nuit, Céline écrit à son ami Joseph Garcin : « Parmi les gens que vous avez vus chez moi, deux au moins pourront vous aider. J’ai aussi un confrère juif bien placé à Londres. » Il ajoute : « Il faut toujours suivre les Juifs, ce sont des guides, ils sont aux commandes, partout. » C’est là un parfait exemple de ce qu’on peut nommer le « philosémitisme stratégique » et qui est un pseudo-philosémitisme, propre aux antijuifs opportunistes et cyniques. Céline, qui pouvait alors paraître admirer les Juifs, proposait à son ami de se rapprocher de Juifs pour atteindre ses objectifs.
En 1937, avec Bagatelles pour un massacre, Céline bascule dans l’antisémitisme hyperbolique et radical. Il passe de l’éloge au blâme, toujours par opportunisme. Le pamphlétaire considère que le moment était venu d’attaquer les Juifs, parce qu’à ses yeux ils étaient affaiblis. L’Europe entière lui semblait suivre la propagande hitlérienne qui dénonçait les Juifs comme poussant à la guerre. Le troisième moment se déroule dans l’après-guerre : Céline revient à son opportunisme philosémite ou judéophile. Il envoie une lettre hautement significative à un de ses amis, en juin ou juillet 1947, un certain Ercole Pirazzoli : « Pour revenir il faut que j’entreprenne un long travail de raccommodage avec les Juifs… Cela est possible… mais il faut que j’établisse les contacts politiques habiles et efficaces… Dénoncer l’antisémitisme… que l’antisémitisme n’a plus aujourd’hui aucun sens. »
Céline est toujours antijuif, mais il s’adapte au nouveau contexte post-nazi, persuadé que les Juifs sont les véritables vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale. Il en va de même pour son copinage de quelques mois avec Milton Hindus. Cet intellectuel est un Juif américain qui admire et défend naïvement mais avec fougue l’auteur de Voyage et des Beaux draps : quelle aubaine pour l’écrivain qui, exilé au Danemark et préparant frénétiquement sa défense en vue de son procès, est dans une fort mauvaise passe ! Mais Hindus ne tarde pas à percer à jour le personnage, qu’il abandonne à son destin, à sa roublardise et à ses haines. Céline reprend espoir quand il est défendu trois ans plus tard par le jeune anarchiste Maurice Lemaître, pseudonyme pris par Moïse Maurice Bismuth. Céline est parfaitement au courant de la judéité de son nouvel admirateur militant et il en est ravi. Il écrit à son ami Albert Paraz, en janvier 1950 : « Tu as raison, ce Libertaire (Maurice Lemaître) est léonin ! Il ne me défend pas à bout de pincette ! Eh foutre je ne vais pas défriser de si vaillants partisans ! […] Non mais orchestre-les ! et si tu peux constituer ce groupe de juifs amis ! ah vas-y ! ne gratte pas ! » Il répond ici à une lettre de Paraz qui lui faisait cette suggestion d’une stratégie de défense : « Il faudrait absolument orchestrer ta défense. (…) Fonder, rapidement, une société des “Israélites amis de Céline”, qui irait dire au procès leur indignation. » Céline remplace le « rabbin Hindus » – comme il l’appelait avec mépris –, ce « traître », ce « damné foutu Judas », par un nouveau Juif bienveillant à son égard, Lemaître, classé à l’extrême gauche.
Même chez Céline, l’incarnation du fanatisme antijuif au XXe siècle, on rencontre des attitudes opportunistes et des visées stratégiques qui le conduisent à rechercher l’appui des Juifs. Cet antisémite radical, selon les contextes, peut chanter cyniquement les louanges des Juifs, tenter de se faire des amis ou des défenseurs juifs en les flattant sans vergogne. À cet égard, et toutes proportions gardées, le caméléon Yann Moix peut apparaître comme un disciple mièvre, bien qu’agité, du Maître dans le genre, Céline. N’a-t-il pas déclaré en 2013 à son ami le faurissonnien Paul-Éric Blanrue qu’il était « prêt à tout, absolument tout » pour avoir le prix Renaudot ? Un négationniste en quête d’honneurs peut se transformer en anti-négationniste, voire en « méga-sioniste ». Rien de vraiment surprenant. L’air du temps est à l’adaptation permanente. L’individualisme concurrentiel mâtiné de narcissisme et l’adaptationnisme rédempteur sont les deux piliers de la nouvelle idéologie dominante.
Comment expliquez-vous le poids de la judéophobie et de la judéophilie ? Les Juifs sont-ils l’objet de fantasmes particuliers dans la société ? Pourquoi ?
Allons à l’essentiel, en sachant que le problème vient de très loin. Les Juifs incarnent la religion-mère, qui persiste et résiste incompréhensiblement aux révélations ultérieures, chrétienne et musulmane, ainsi qu’à la sécularisation et à la banalisation de l’athéisme ou de l’agnosticisme. À ce titre, dans les cultures à dominante monothéiste, ils forment à la fois un peuple-témoin ou vestige, gardien d’une tradition, un peuple-paria et un peuple de « parvenus », pleinement intégrés dans le monde moderne. Or, les préjugés et les stéréotypes négatifs d’origine religieuse concernant les Juifs se sont inscrits dans le langage et les mentalités, et se transmettent indéfiniment, non sans se métamorphoser. Le fait que les Juifs soient la cible de reproches contradictoires n’empêche nullement la transmission de ces derniers, portés par des passions idéologisées. On continue de reprocher contradictoirement aux Juifs d’être trop « communautaires » et trop « nomades », trop « séparés » et trop « cosmopolites », trop secrets et trop visibles (voire ostentatoires), trop traditionalistes et trop modernes. On les accuse en même temps d’être nationalistes et « internationalistes » ou « mondialiste », capitalistes et révolutionnaires. Ces représentations et ces croyances hostiles ne peuvent être éliminées par décret. D’où la relative impuissance des lois et des mesures dites « antiracistes », qui ne s’attaquent qu’aux effets socialement visibles, aux symptômes, non sans engendrer des effets pervers. Les déclarations tonitruantes de guerre à « la haine » ou aux « contenus haineux » ne font qu’étendre le champ de la haine.
La « question juive » est d’abord la question de la survie de ce petit peuple de l’Antiquité en dépit des persécutions qu’il n’a cessé de subir et de sa dispersion durant de nombreux siècles. Le phénomène est une exception dans l’Histoire. Si cette survie du peuple juif appelle l’étonnement, c’est qu’elle était fort peu probable. Les Grecs anciens, les Romains, les Gaulois et bien d’autres peuples de l’Antiquité ont disparu. Les Juifs sont toujours là, et certains ne le leur pardonnent pas. Pour ces derniers, les Juifs auraient dû disparaître en se fondant dans le genre humain ou dans les peuples d’accueil. L’étonnement porte aussi sur la haine des Juifs, qui est la plus longue des haines visant un peuple particulier. Il y a une longévité exceptionnelle du peuple juif et une durée incomparable de la haine dont il fait l’objet. Cette dernière s’inscrit dans un ensemble des passions négatives ou « tristes ». Car il n’y a pas que la haine, il y a aussi l’envie, la jalousie, la peur, le dégoût.
Comment expliquer cette haine persistante ? Freud, par exemple, notamment dans L’Homme Moïse et la religion monothéiste (1939), s’est gardé de réduire à une cause unique le phénomène complexe et évolutif nommé « antisémitisme », et ce, en formulant plusieurs hypothèses supposées non incompatibles, voire convergentes à certains égards : la jalousie pour un peuple qui prétend être le « préféré de Dieu », le statut de minorité vulnérable et inassimilable – cette insupportable « amixia » – de ce peuple dispersé, le « narcissisme des petites différences » qui alimente l’intolérance des masses, l’incompréhensible résistance des Juifs aux persécutions et aux oppressions qui auraient dû les faire disparaître, le ressentiment des peuples « mal baptisés » contre les Juifs en tant qu’origine première de la religion chrétienne qui leur a été imposée, etc. Ce qui est sûr, c’est qu’il ne faut rien attendre d’une explication monocausale.
Vous soulignez donc autant la complexité du phénomène que l’ambivalence des attitudes…
En effet. Chez certains, il y a beaucoup de curiosité, de fascination et de répulsion à l’égard des Juifs, le tout mêlé. Cette ambivalence est caractéristique des attitudes occidentales face aux Juifs et au judaïsme. La mondialisation a fait que cette ambivalence d’origine européenne s’est exportée dans le monde entier. Au Japon par exemple, dans les années 1986-1989, plusieurs pamphlets complotistes, qui ont eu un énorme succès, incitaient les citoyens japonais à prendre les Juifs pour modèles, afin de devenir les maîtres du monde. Citons seulement quelques best-sellers signés Uno Masami : Connaître les Juifs, c’est comprendre le monde ; Connaître les Juifs, c’est comprendre le Japon ; Connaître les Juifs, c’est comprendre l’époque. Ces textes proposaient aux Japonais de devenir les Juifs de l’Orient. Or, tout en témoignant de l’admiration pour le peuple juif (« la force motrice du monde »), ces écrits politiques étaient en même temps hostiles aux Juifs. L’idée que les Juifs incarnent une puissance planétaire s’est propagée. Pour ceux qui y croient, que se passe-t-il ? Ou bien ils ont peur des Juifs, ou bien ils sont dévorés par la jalousie. Ou bien ils veulent devenir comme les Juifs, ou bien ils les considèrent comme des ennemis qu’il faut combattre. Mais, chez certains d’entre eux, ces attitudes coexistent.

Il y a plusieurs traductions idéologiques et politiques de la croyance que les Juifs dominent le monde. La surestimation de leur puissance se traduit aussi bien en termes de philosémitisme ou de judéophilie stratégique que d’antisémitisme flagrant ou de judéophobie militante. Mais cela ne signifie pas qu’il faille poser une équivalence, sur un plan moral et politique, entre la judéophilie (la vraie, non la feinte) et la judéophobie. Ce relativisme des valeurs est précisément au fondement des nouvelles argumentations antijuives, qui reprochent aux Juifs d’exister. Pour les ennemis des Juifs, la normalisation de l’existence juive n’est pas la voie proposée par le sionisme, à savoir la création d’un État des Juifs, mais la disparition totale du peuple juif.
Aujourd’hui, seuls les jihadistes envisagent l’extermination physique des Juifs. Les autres ennemis des Juifs rêvent d’une disparition en douceur du peuple juif, qu’ils considèrent comme un déplorable phénomène de survivance, un archaïsme à balayer. Leur idéal est quelque chose comme une euthanasie du peuple juif, impliquant à la fois la destruction d’Israël et l’assimilation totale des Juifs, donc la fin du judaïsme comme religion et plus largement comme culture.Les Juifs doivent disparaître pour rejoindre enfin le genre humain, comme l’exigeait Richard Wagner à la fin de son pamphlet de 1850, « La juiverie (Judenthum) dans la musique ». Les wagnériens sans le savoir sont désormais assez nombreux, en France comme ailleurs.
Source :
https://www.marianne.net/debattons/entretiens/pierre-andre-taguieff-sur-yann-moix-judeophobie-judeophilie-les-deux-faces-d

happywheels

Publier un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *