Pernelle Richardot, membre du Parti socialiste, a porté plainte contre Rima Hassan

« La cible de Rima Hassan est la gauche républicaine »
INFO LE POINT. Pernelle Richardot, membre du Parti socialiste, a porté plainte contre Rima Hassan pour « injures envers un citoyen chargé d’un mandat public ». Elle nous explique pourquoi.
Une plainte de plus. Le Point a pu consulter la plainte de Pernelle Richardot, élue socialiste de la ville de Strasbourg et à l’Eurométropole, à l’encontre de Rima Hassan pour « injures envers un citoyen chargé d’un mandat public ». La plainte avec constitution de partie civile, déposée le 18 décembre dernier au tribunal judiciaire de Strasbourg par Me Sabrina Goldman et Me Fabrice Bigot, revient sur un tweet publié le 26 novembre 2024 par l’eurodéputée Insoumise. Rima Hassan qualifiait Pernelle Richardot « d’islamophobe assumée du PS », l’assimilant à « la gauche coloniale », en concluant son message par une phrase aux allures de menaces : « Personne n’oubliera. » Entretien.
Le Point : Pourquoi avez-vous porté plainte contre Rima Hassan ?
Pernelle Richardot : Mme Hassan m’a traitée publiquement sur X (ex-Twitter) d’« islamophobe assumée ». Je considère que cette insulte permet d’imposer un silence, notamment venant de dirigeants d’extrême gauche. Ce terme est imprégné de l’idéologie des Frères musulmans. Ces accusations « d’islamophobie » ou encore de « colonialisme » ainsi que sa menace proférée à mon encontre (« personne n’oubliera ») sont reprises au centuple dans le déferlement d’insultes qui a suivi ses tweets. Chaque fois, Rima Hassan et ses soutiens procèdent de la même manière : une insulte qui cible, une menace sous-jacente, puis le déroulé de haine qui lui succède. J’ai reçu énormément d’insultes telles que « sioniste », « sale pute », « salope » dès lors que l’accusation « d’islamophobie » a été prononcée, et ce processus on l’observe à l’encontre de beaucoup de figures de la gauche universaliste, comme Sophia Aram ou encore Caroline Fourest. Lorsque nous ne sommes pas d’accord avec Rima Hassan, Thomas Portes, Aymeric Caron ou encore Jean-Luc Mélenchon, cette insulte, ou encore l’accusation d’être d’« extrême droite », fuse.

Dans quel contexte Rima Hassan vous a-t-elle ciblée ?
Je suis élue de la ville de Strasbourg mais aussi de l’Eurométropole, qui a une convention avec l’Université de Strasbourg. Depuis le 7 octobre 2023, le président de l’université et ses vice-présidents ont fait face à une série de tags antisémites, de manifestations aux messages tels que celui d’une association engagée pour les droits des personnes LGBTQI qui a appelé à soutenir le Hamas. Michel Deneken, le président de l’université, a tenu une ligne admirable sans aucun soutien public de la maire de Strasbourg par exemple. C’est dans ce contexte que la conférence de Rima Hassan a été organisée par le « Comité Palestine Unistras » et un syndicat étudiant. Son intitulé « Complicité de l’Union européenne dans le génocide à Gaza » m’a poussée à soutenir la décision de Michel Deneken d’interdire sa tenue. Je trouve cela terrifiant d’avoir été la seule à le faire au sein de la ville. Et c’est ce qui m’a valu cette attaque de Rima Hassan.
Avez-vous été soutenue par votre parti ?
Je n’ai pas reçu de soutien d’Olivier Faure ni d’aucun dirigeant du Parti socialiste. Mais j’ai pu compter sur le soutien de Karim Bouamrane (maire de Saint-Ouen), Nicolas Mayer-Rossignol (maire de Rouen), François Kalfon (député européen), Michaël Delafosse (maire de Montpellier), Nora Mebarek (députée européenne), Carole Delga (présidente de la région Occitanie) et même Franck Leroy (président de la région Grand-Est). Carole Delga a subi, elle aussi, un cyberharcèlement d’une violence inouïe.
J’ai été contrainte de demander, à la suite des nombreuses insultes et menaces devenues dorénavant coutumières, la protection fonctionnelle fin novembre. Immédiatement, Pia Imbs, présidente d’Eurométropole, m’a écrit afin de m’apporter son soutien, là où la maire de Strasbourg Jeanne Barseghian a mis plusieurs jours à le faire par SMS, sans aucune déclaration publique de la mairie.
Alors que Rima Hassan me traite « d’islamophobe », je suis la seule à avoir porté à Strasbourg le projet d’un cimetière public musulman, car je pense que chacun a besoin d’être enterré sur la terre qu’il a choisie et se recueillir dans le respect de ses croyances et convictions… C’est aussi cela qui fait le lien à la République. En me ciblant, moi, mais aussi mes confrères qu’elle accuse d’être la « gauche coloniale », l’objectif de Rima Hassan est de nous faire taire. Elle ne s’attaque par exemple quasiment jamais à l’extrême droite, sa cible est la gauche républicaine et les sociaux-démocrates.
Je pense que le rôle des élus de gauche aurait dû être celui de chercher à unir, fédérer et apaiser. Ma formation politique, au nom de calculs électoralistes, est allée chercher des alliances de circonstances en oubliant ce qui aurait dû être notre boussole, à savoir le socle républicain. Le pacte républicain, l’universalisme représentent notre ligne rouge et permettent de bâtir tous ensemble et faire destin commun. Mais cette ambition-là n’est pas partagée par les dirigeants de La France insoumise, que je n’assimile cependant pas à leurs électeurs. Leur scénario de recherche du chaos, avec l’utilisation de ressorts du populisme, est l’écho de l’extrême droite. Karim Bouamrane, Michaël Delafosse ou encore Carole Delga s’opposent à cette stratégie mise en place par Jean-Luc Mélenchon et d’autres comme Rima Hassan. Lorsque cette dernière annonce se présenter contre Karim Bouamrane lors des élections municipales, ce n’est pas autour d’un projet politique pour la ville de Saint-Ouen, mais plutôt dans une volonté de fracturer la cité pour avoir une emprise électorale.
Je pense sincèrement que si nous étions plusieurs à oser porter plainte, les choses avanceraient beaucoup plus, car porter plainte c’est refuser les outrances et la racialisation de l’espace politique : ce piège terrible dans lequel La France insoumise essaie de faire tomber les gens de gauche !
Source
Le Point