Patrick Pelloux : . « Ce sont des nazis islamistes, des professionnels du crime»

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Le médecin urgentiste Patrick Pelloux était au Samu de Paris le soir des attentats du vendredi 13 novembre. Retour sur ces tragiques événements à l’occasion de la venue de l’ancien collaborateur de Charlie Hebdo, samedi, à la librairie Renaissance.
Une première question à l’urgentiste que vous êtes : pensez-vous que les services d’urgence sont prêts à affronter des attentats comme ceux qui ont eu lieu à Paris le 13 novembre ?
Ah oui. Il n’y a même pas de débat à avoir. Tout le monde est prêt, tout le monde s’est reformé avec les nouveaux protocoles validés par l’armée. Tellement que la veille des attentats on avait fait beaucoup d’exercices avec le Samu de Paris. Le vendredi 13 novembre, j’étais chez moi et quand il y a eu les explosions et les tirs, je suis tout de suite parti au Samu. Avec d’autres collègues j’ai organisé les secours sur Paris.
On a envie de vous demander : et vous, comment allez-vous ?
C’est une question qui n’a pas vraiment grand intérêt. En fait, moi, je reste totalement dans mon rôle de soignant. Là où on a besoin de moi. Je suis une sorte de soldat de la santé, avec le besoin et l’envie d’aider et de sauver le maximum de personne. Après, je fais une confiance totale à la police et à l’armée dans leur capacité à éviter d’autres attentats.
Comment le pays peut-il surmonter ce drame, passer à autre chose ?
On ne passera pas à autre chose, on va en parler pendant des années. Moi on ne me parle plus que de ça depuis 10 mois. Mais il faut continuer à aller dans les salles de spectacle, à aller boire des coups en terrasse. Et c’est aussi une motivation pour se demander «qu’est-ce que je peux faire, moi, pour la laïcité, pour la République ?»
Est-il normal d’avoir peur ?
On ne peut pas reprocher aux gens d’avoir peur. Ils sont sidérés et ils sont en train d’intégrer de nouveaux comportements. Les Français essayent d’analyser et de voir comment faire pour se protéger des 20 000 musulmans qui se sont radicalisés. C’est inquiétant, mais on sait qu’ils sont dans un certain nombre de foyers islamistes radicaux connus. Je comprends bien que dans la région de Toulouse, depuis les attentats de Merah contre l’école juive, il y a quelque chose de très pesant.
Une marche a eu lieu vendredi dernier à Toulouse avec des slogans contre l’état d’urgence et l’intervention militaire française en Syrie…
Moi, je suis pour l’état d’urgence, pour l’intervention militaire contre Daesh, contre les groupuscules terroristes qui essaient de nous tuer. Cela va dans le sens de ce que disent les gens qui trouvent qu’on n’en a pas fait assez. Il faut que la République réponde face à la plus grande attaque dans Paris depuis la seconde guerre mondiale. Les seules libertés qu’on essaie d’enlever c’est celles des types qui préparent des attentats.
Le président Hollande a invité les citoyens à mettre un drapeau français à leur fenêtre aujourd’hui pour l’hommage national. C’est une bonne idée ?
Oui. On doit être dans l’unité nationale et le drapeau est un symbole. Je mettrai le drapeau français et le drapeau européen, car ils ont attaqué l’Europe.
Des proches des victimes vont boycotter l’hommage. Ils estiment que rien n’a été fait depuis janvier.
Je les comprends mais je ne suis pas d’accord. On a eu le même genre de polémiques sur la sécurité au moment de Charlie Hebdo. On peut toujours refaire l’histoire mais les services de police ont déjoué plus d’une dizaine d’attentats. La seule erreur a été de croire que ces terroristes étaient un peu des amateurs, des marginaux. Non. Ce sont des nazis islamistes, des professionnels du crime. Il faut analyser pourquoi des jeunes Français se sont radicalisés dans une culture moyenâgeuse.
Votre livre est sorti le 12 novembre, veille des attentats.
Oui et c’est difficile d’en parler. Car j’ai fait ce livre justement à la mémoire de ceux qui avaient été tués parce que je trouvais qu’on ne parlait pas assez d’eux. On ne doit pas oublier les 130 personnes assassinées, qui sont entrées dans l’Histoire. Il faudrait créer un lieu de recueillement avec les noms de toutes les victimes de tous les attentats.
Y a-t-il de la place pour l’humour en ce moment ?
Oui. Il n’y a que les dictatures qui empêchent de rire. L’humour noir est une soupape. Si on ne se marre pas, on va être trop triste et il faut qu’on tienne le coup pour les générations futures.
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Rencontre demain
La librairie Renaissance reçoit demain Patrick Pelloux et Chloé Verlhac, l’épouse du dessinateur Tignous, tué avec ses copains de Charlie Hebdo lors des attentats du 7 janvier 2015. Patrick Pelloux présente son dernier livre, « Toujours là, toujours prêt » (éditions du Cherche Midi), dernier tome des chroniques qu’il a écrites depuis douze ans dans Charlie Hebdo, avec des dessins du caricaturiste Charb, journaliste et directeur de Charlie Hebdo. Chloé Verlhac présentera« Tignous » (éditions du Chêne), une anthologie des œuvres de son mari commentées par ses amis. Les deux auteurs ont maintenu cette rencontre à la librairie Renaissance, prévue de longue date. Samedi 28 novembre à 15 heures, librairie Renaissance, 1 allée Marc Saint-Saëns (près de la station de métro Basso Cambo).
source :
http://www.ladepeche.fr/article/2015/11/27/2225840-patrick-pelloux-suis-etat-urgence-intervention-militaire.html

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