Nîmes/Affaire Merah : « On aurait pu empêcher ces crimes odieux »
Leur fils, Abel Chennouf, a été abattu par Mohamed Merah. Une nouvelle audience a eu lieu mercredi 29 juin.
Ce mercredi, une nouvelle fois, Me Béatrice Dubreuil, l’avocate de la famille d’Abel Chennouf, ce militaire abattu le 15 mars 2012 à Montauban (Tarn-et-Garonne) par le terroriste Mohamed Merah, a réclamé au tribunal administratif de Nîmes la condamnation de l’État français.
Ce dossier sensible et douloureux avait été plaidé le 9 mai dernier. De nouveaux documents avaient alors été déposés au cours de l’audience. Pour ces raisons, mais aussi parce ce que la décision du tribunal administratif est susceptible de modifier la jurisprudence en ce qui concerne, entre autres, la reconnaissance ou non d’une faute lourde ou d’une faute simple de l’État français, le tribunal s’est réuni, cette fois-ci, en formation élargie. Mercredi, cinq magistrats, dont la présidente du tribunal administratif, Geneviève Verley-Cheynel, étaient présents. Les magistrats devraient rendre leur décision sous une quinzaine de jours.
L’arrêt de toute surveillance
« Si la faute lourde est abandonnée, le régime de la faute simple doit s’appliquer », a déclaré Aurore Fougères, le rapporteur public, qui a rappelé les défaillances des services de renseignements. Il est reproché à la DCRI d’avoir cessé la surveillance de Mohamed Merah, un « individu dangereux ». Celui-ci faisait l’objet d’une surveillance des services de renseignements toulousains. Il est interpellé à son retour d’Afghanistan. Les enquêteurs décrivent un personnage ambivalent, d’une grande violence, qui cherche à éviter toute surveillance et se rapprochent des salafistes toulousains.
En août 2011, Mohamed Merah est au Pakistan. À son retour, ce ne sont pas les Toulousains qui l’entendent en novembre 2011, mais la direction centrale parisienne (DCRI). Celle-ci considère que la surveillance de Mohamed Merah n’est pas nécessaire, voire que celui-ci peut-être utilisé comme informateur. Pour le rapporteur public, l’arrêt de toutes mesures de surveillance constitue une faute et engage la responsabilité de l’État. « Si l’intensité des mesures de surveillance avait été maintenue, des signes avant coureurs auraient probablement alerté les services de renseignement », considère le rapporteur public.
« De qui se moque-t-on, proteste Me Béatrice Dubreuil, l’avocate de la famille Chennouf, Merah revient en octobre 2011 du Pakistan. Il a été s’entraîner dans les zones tribales. Pas pour faire du tourisme. Le personnel de Toulouse savait qu’il était dangereux et est mis à l’écart. Cet arrêt de toute surveillance est incompréhensible, surréaliste. Si la surveillance avait été maintenue, on aurait pu empêcher ces crimes odieux à Toulouse, à Montauban. Il faut que l’État prenne ses responsabilités. Des failles comme celles-ci doivent être sanctionnées. »
Source :
http://www.midilibre.fr/2016/06/30/on-aurait-pu-empecher-ces-crimes-odieux,1358314.php
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