Mohamed MERAH «La Mort je l’aime», de Mohamed Kacimi
La révélation dans cette pièce de Mohamed Kacimi, mise en scène de Yohan Manca «Moi, la mort, je l’aime» retraçant les derniers instants de vie du terroriste toulousain Mohamed Merah, sera bien sûr la mise en abîme de sa fourberie sous sa folie meurtrière, celle terrible, quand froidement il rectifie dans le texte : «Ce ne sont pas des victimes mais des cibles» en enchaînant enthousiaste sur la caméra portable qu’il a achetée spécialement pour l’occasion et explique avec un détachement sans mesure qu’il aurait pu tuer plus d’enfants, de mécréants, si son arme ne s’était pas enrayée. Et derrière on découvre essentielle dans cette pièce, sa ruse, ou comment à coup de banalités, il a échangé les rôles, pris la main, se jouant d’un négociateur accroché aux questions de l’enquête, dont il n’aura finalement jamais les réponses ou à dose homéopathique, juste quand Mérah s’offre un shoot d’excitation, en livrant sa fascination des armes.
Merah a réussi à faire fondre, à étirer le temps pour mieux en profiter. Paradoxal huis clos ou finalement le négociateur n’était pas celui que l’on attendait. «Moi, la mort, je l’aime» clame Mohamed Merah derrière son mur, alors qu’il joue conscient sa vie sans retour, minute par minute, 12 heures durant, dans un dialogue surréaliste, il gagne du temps, celui qu’il n’a plus. Il secoue toutes les violences de son existence dans un concert de clichés stupéfiants. Celui que l’on décrivait comme un petit «braquos» de banlieue sans foi ni loi, tombé en passant par la case prison dans l’extrémisme des lois de la foi, aime la vie malgré tous ses verbiages, mais surtout la sienne.
Une pièce comme un coup de poing, sans retenue, puissante, portée par des dialogues si proches de la réalité et pourtant construits pour le théâtre, ciselés, vifs, explosifs, totalement dominés par des comédiens, Michaël Evans (le négociateur) et Yohan Manca (Momo), inventifs, plus vrais que nature, sans complexe. Ils nous ont déposés sur les rives de notre histoire contemporaine, libres de nos choix . C’est la grâce du théâtre dans une démocratie.
Ce soir première partie de «Jean Moulin, évangile» de Jean Marie Besset à l’île Sournies 21h30.
source :
http://www.ladepeche.fr/article/2015/07/31/2152647-nava-momo-la-mort-l-a-t-il-aime.html
Mohamed Kacimi-El-Hassani est un écrivain et dramaturge né en 1955, à la zaouïa d’El Hamel, une cité des Hauts plateaux d’Algérie.
En 1982, il quitte l’Algérie pour s’installer à Paris. Il publie ses premiers textes dans la revue Iztok,3 revue libertaire consacrée aux dissidents4 des pays de l’Est. Il rencontre alors Adonis, ainsi que Guillevic etBernard Noël avec qui il publie notamment des traductions du poète irakien Chawki Abdelamir. En 1987, il publie son premier roman, Le Mouchoir, aux éditions l’Harmattan. L’auteur est salué par le quotidien Le Monde comme « le fils de Kafka et de Courteline »5. En 1990, et en collaboration avec Chantal Dagron, il publie aux Éditions Balland, Arabes ? vous avez dit Arabes, une anthologie des regards et opinions des auteurs européens sur le monde arabe et l’Islam, depuis Eschyle jusqu’au général de Gaulle. Deux années plus tard, il écrit, toujours avec Chantal Dagron, Naissance du désert, éditions Balland. C’est un essai consacré à la genèse du désert à travers les imaginaires de la Grèce antique, du Judaïsme, du Christianisme et de l’Islam. Il collabore au magazine Actuel, dirigé par Jean-François Bizot, pour lequel il effectue de nombreux reportages. Il est envoyé speclal à la Mecque pour couvrir la guerre d’Irak en 1990 et séjourne à Sanaa durant la guerre civile du Yémen en 1994. Par ailleurs, il signe un certain nombre d’articles avec Michel-Antoine Burnier.
En 1990, il participe à l’animation de la Maison Rimbaud à Aden au Yémen, aux côtés du poète irakien Chawki Abdelamir. En 1995, il publie aux Éditions Stock, Le Jour dernier, un roman autour de l’exil et de la violence religieuse. Il participe au Théâtre du Soleil, à la relance de l’AIDA, association internationale de défense des artistes, par Ariane Mnouchkine, aux côtés de Jacques Derrida, Hélène Cixous et de Patrice Chéreau. L’AIDA se proposait de venir en aide aux artistes algériens persécutés par les islamistes. En 1995, il écrit son premier spectacle Le Vin, le Vent, la Vie qui sera mis en espace au lycée Saint Joseph parAriane Mnouchkine dans le cadre du Festival d’Avignon. Il écrit ensuite 1962, publiée chez Actes Sud, créée au Festival de Limoges par Valérie Grail. Le spectacle fait une tournée en France et à l’étranger, il est accueilli au Théâtre du Soleil6.
En 1999, Mohamed Kacimi, participe à une résidence d’auteurs à Byblos, au Liban où il fonde avec Eric Durnez, Carole Fréchette, Robert Marignier, Yves Laplace, Jean-Yves Picq, et Koffi Kwahulé, l’association Écritures vagabondes qui se proposait de faire intervenir les auteurs dramatiques dans les régions sensibles du monde.
En 2000, il effectue un long séjour à Jérusalem, Hébron et dans le Sinaï pour écrire La confession d’Abraham. Le texte publié chez Gallimard, est créé au festival d’Avignon par Pierre Forest et sera sélectionné par Jean-Michel Ribes pour faire l’ouverture du Théâtre du Rond-Point en 20027.
En 2001, il élabore L’Encyclopédie du monde arabe. En 2003, il conçoit pour la Comédie Française, le spectacle Présences de Kateb, texte qui relate le parcours de l’écrivain algérien Kateb Yacine et qui est mis en scène par Marcel Bozonnet à la salle Richelieu. Il adapte en même temps, le roman Nedjma de Kateb Yacine, qui sera mis en scène par Ziani Chérif Ayad au studio du Vieux Colombier en 2003. Devenu président de l’association Écritures Vagabondes, association organisant des résidences d’écritures internationales8, il parcourt le monde pour mettre en place des chantiers d’écriture. Il travaille à Toronto, Montréal, Anvers, Damas et Alep aux côtés d’Olivier Py ainsi qu’à Beyrouth.
En 2005, il reçoit le prix de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques de la francophonie9. La même année, il est, avec Frédéric Beigbeder, Alain Decaux, Richard Millet et Jean-Pierre Thiollet, l’un des invités du Salon du livre de Beyrouth10. En 2006, il adapte pour le théâtre al Madina le roman de Rachid al Daif, Qu’elle aille au Diable Méryl Streep, mis en scène par Nidal al Achkar. Le spectacle sera accueilli un an plus tard au théâtre du Rond Point. En 2006, accueilli en résidence au Panta Théâtre de Caen, il écrit Terre Sainte publié à l’Avant scène. La pièce est traduite dans plusieurs langues et jouée à Paris, Kaiserslauterne, Jérusalem, Milan11, Rio de Janeiro, Prague 12, Vienne13, Stockholm et New York en 201414. En 2008, il publie chez Actes Sud, L’Orient après l’amour, un récit qui reprend ses périples à travers les villes du Maghreb et de l’Orient. Il poursuit l’action d’Écritures vagabondes, devenue Écritures du monde, en organisant des chantiers d’écriture à Prague, Budapest, Rabat, Londres, Genève 15 Ramallah et Gaza16. En 2102, il écrit Babylon City, mise en scène par Marjorie Naccache au Studio théâtre de Stains17. En 2014, il achève sa pièce La Table de l’éternité, mise en scène par Isabelle Starkier et qui se joue au Théâtre du Girasole au Festival d’Avignon 2014
ou peut on avoir le texte ?
Je ne comprends pas, soutenez-vous cette pièce oui ou non, parce que l’auteur dans son plaidoyer pour se justifier a déclaré « Cet article dithyrambique a même été repris par la Ligue de défense juive (LDJ), qu’on ne peut pas soupçonner d’antisémitisme » http://www.middleeasteye.net/fr/opinions/c-est-connu-les-bougnoules-sont-solidaires-entre-eux-105006252
Personnellement cette pièce me choque, quelles que soient les « bonnes intentions » de son auteur, qui restent à démontrer. Elle fait du meurtrier un héros, ce sont ses propres mots qu’on applaudit. Elle met du sel dans nos blessures et retourne le couteau dans la plaie.