Marseille : deux ans et demi ferme pour l’agresseur antisémite

Le 24 octobre dernier, au petit matin à Marseille, un homme a agressé tout près de la Canebière un employé noir de la Communauté urbaine en lui gazant le visage avec une bombe lacrymogène.
Quarante minutes plus tard, il s’en prend non loin de là à trois membres de la communauté juive qui se rendent à la synagogue. Il y a là le rabbin Sylvain Amouyal, son fils et un ami. Il engage la conversation sur le ton de « Sales juifs ! Fils de pute ! Je vais tous vous crever ».

L’homme porte ensuite un violent coup-de-poing au rabbin qui s’effondre. Son ami Léon vole à son secours. Il reçoit un coup de couteau à l’abdomen qui aurait pu le laisser pour mort. Le prévenu a été condamné par le tribunal correctionnel de Marseille à 4 ans de prison, dont 18 avec sursis.

Il est un peu « bêta », comme on dirait à Marseille, Farid Haddouche. À 32 ans, cet ex-paysagiste, qui a couru de métier en métier, porteur d’un casier judiciaire chargé, tel un inventaire à la Prévert, de 13 condamnations, n’a pas grand-chose à dire quand le tribunal correctionnel de Marseille lui demande de s’expliquer sur les raisons de son agression antisémite.
Le 24 octobre dernier, au petit matin, il commence par agresser tout près de la Canebière un employé noir de la Communauté urbaine, fait mine de faire la paix et, en guise de main tendue, va lui gazer le visage avec une bombe lacrymogène.
« Je me suis mis à crier »
Quarante minutes plus tard – il a toujours 1,6 g d’alcool dans le sang -, il s’en prend non loin de là à trois membres de la communauté juive qui se rendent à la synagogue. Il y a là le rabbin Sylvain Amouyal, son fils et un ami. Il engage la conversation sur le ton de « Sales juifs ! Fils de pute ! Je vais tous vous crever ».L’homme porte un violent coup-de-poing au rabbin qui s’effondre. Son ami Léon vole à son secours. Il reçoit un coup de couteau à l’abdomen qui aurait pu le laisser pour mort. « Il avait un but : poignarder le rabbin », assure Léon devant le tribunal. Alors que le président Castoldi s’évertue à lui tendre des perches longues comme des poignées de main, il répète bêtement: « C’est la première fois ! » Le président s’agace : « Oui mais pour une première fois, vous faites quatre victimes ! »
« On marchait vers la synagogue. J’ai senti un coup-de-poing comme un coup de fusil. Je me suis mis à crier », se souvient Sylvain Amouyal. « Je ne suis pas qu’un de méchant. Je n’ai rien contre les juifs. Je ne suis pas antisémite. Je suis là pour assumer le coup », glisse quand même le prévenu. On attendait des excuses circonstanciées. En vain. Mes Goueta, Ospital et Chamla, pour les victimes, diront la »peur » qui s’est insinuée depuis. Ils tenteront de couper court au scénario du »malade psy » développé par l’intéressé lui-même : « Il n’a jamais fait état du moindre problème psychologique ».
« Le drapeau souillé de la République »
« Être un homme, c’est être responsable », lui lancera Me Lhote, citant Saint-Exupéry, au nom de l’association Résister aujourd’hui. Comme la Licra et le Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme, les trois associations se sont constitué parties civiles hier. Le procureur Leclerc a dit « le drapeau souillé de la République ». Il est revenu sur « ce jour difficile dans une ville qui se prévaut du vivre ensemble » et dira les arguments « d’une pauvreté crasse » du prévenu. Me Bellaiche et Bindinelli, en défense, mettront en garde contre « les dangers du raccourci  » et décriront « un maniaque délirant ». « Il ne se souvient pas de ce qu’il a fait. Pourquoi faire passer M. Haddouche pour une bête de foire ? » Le prévenu a écopé de 4 ans de prison, dont 18 avec sursis.

Le rabbin Sylvain Amouyal a raconté hier à la barre la violente agression qu’il a subie

source :
http://www.laprovence.com/article/actualites/3708130/marseille-deux-ans-et-demi-ferme-pour-lagresseur-antisemite.html