LYON-Décines-Charpieu- Le lycée privé Al-Kindi proche des Frères Musulmans ne bénéficiera plus de subventions publiques.
La préfète de la région Auvergne-Rhône-Alpes pointe du doigt plusieurs « défaillances » et des « violations des principes républicains » reprochées à l’établissement.
Par Marie Guermeur pour Le Point
La préfecture du Rhône a tranché. À partir de la rentrée 2025, le lycée privé musulman Al-Kindi, situé à Décines-Charpieu, dans la métropole de Lyon, ne bénéficiera plus de subventions publiques. Une décision qui s’appuie sur un rapport d’inspection concernant le contenu pédagogique et administratif de l’établissement. Pour Hakim Chergui, avocat et cofondateur du groupe scolaire : « Il y aura évidemment une étape de contestation », a-t-il déclaré, confirmant l’intention du lycée de déposer un recours.
Avec la fin de son contrat d’association avec l’État, le lycée Al-Kindi devra renoncer au financement public qui couvre notamment les salaires de ses 36 enseignants sous contrat et les bourses allouées à 53 % de ses élèves. Selon la direction, cette rupture pourrait entraîner une « faillite économique » pour l’établissement, qui accueille aujourd’hui 621 élèves répartis dans 22 classes, de l’école primaire au lycée, précise Le Progrès.
De son côté, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a salué cette décision, la qualifiant de fruit d’un « travail méticuleux » de la préfecture, tandis que Laurent Wauquiez, ancien président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, s’est félicité de cette mesure, la présentant comme une victoire pour les « valeurs de la République ».
Merci à Madame la préfète du Rhône ainsi qu’aux services de l’Etat. Leur travail méticuleux a conduit à la résiliation des contrats qui lit l’Etat aux établissements Al-Kindi. https://t.co/MH6usInHeH
— Bruno Retailleau (@BrunoRetailleau) January 10, 2025
Le rapport d’inspection académique, réalisé le 4 avril 2024, avait révélé plusieurs dysfonctionnements graves. Parmi eux : des propos polémiques tenus par un enseignant sur YouTube, un code vestimentaire jugé discriminant envers les femmes, ainsi que des confusions entre les classes sous contrat et hors contrat.
Malgré les efforts de l’établissement pour corriger ces éléments, comme le retrait de certains livres, la suspension de l’enseignant, et la modification du règlement intérieur, la préfecture a estimé que ces « manquements pédagogiques » et ces « atteintes aux valeurs de la République » témoignaient d’une proximité avec la pensée des Frères musulmans. Elle a jugé que des mesures correctives seraient insuffisantes face à la gravité des faits.
Le cas d’Al-Kindi n’est pas isolé. En 2023, le lycée Averroès de Lille, autre établissement musulman sous contrat avec l’État, avait également vu son partenariat suspendu. Depuis la rentrée 2024, privé de financement public, le lycée lillois a dû doubler ses frais de scolarité. En conséquence, le nombre d’élèves a chuté de 450 à 270 en un an.
Source
Le Point