LETTRE A ILAN

de Ron Cohen
Cher Ilan,
Je t’écris avec une grande tristesse pour te dire combien je t’aimais sans te connaitre ; en effet, je ne peux même pas prétendre que ta voix avait l’inflexion d’une voix chère qui s’est tue.
Mais là où tu es, c’est-à-dire dans enraciné dans mon cœur, je ne t’oublierai jamais.
Si tu avais été en terre sainte, tu aurais probablement été appelé dans les rangs de l’armée défense d’Israël.
Aurais-tu été un non combattant ?
Aurais-tu été un fantassin d’élite dans la prestigieuse unité des Golani dont l’emblème est à ton prénom, c’est-à-dire un arbre ?
La réponse n’existe pas.
Si tu étais tombé en défendant inlassablement le jour comme la nuit, les frontières de l’état hébreu aurais-je été moins triste en me consolant de ta mort au combat ?
Pas un seul instant, comme les soldats de TSAHAL, quand on y réfléchit bien, tu es tombé sur le front de l’antisémitisme.
Israël, juif des nations, est le seul Etat au monde menacé d’holocauste nucléaire ; personne ne pourra jamais m’expliquer la SHOAH mais suis-je au moins capable, à mon modeste niveau, de répondre à la question de savoir si tu es mort pour rien ?
Cher Ilan, je sais qu’avec ton beau sourire de la photographie dont j’ai la mémoire gravée, tu ne m’en voudras pas de répondre avec humour mais surtout sincérité à une si terrible question.
Eh bien Cher Ilan, tu es plus efficace que tous les régimes et plus motivant que tous les moniteurs de sport que je connais !
En effet, lorsqu’épuisé par mes exercices physiques d’entrainement je suis sur le point de caler, je cris intérieurement ou je râle péniblement à haute voix si l’entourage le permet « Pour Ilan ! » afin de trouver en moi la force mentale et physique de continuer l’effort qui me rendra plus fort. Et ça marche !
Et tu sais bien pourquoi je m’entraine, Cher Ilan.
Parce que l’époque actuelle de réveil d’un antisémitisme virulent qui a la circonstance aggravante de savoir que les chambres à gaz ont existé, parce que l’époque actuelle de réveil d’un antisémitisme venimeux dont tu as été une des premières victimes font que je sens en moi monter l’impérieuse nécessité de protéger et défendre tous les Ilan HALIMI de France, c’est-à-dire tout simplement de nous protéger et de nous défendre.
Cher Ilan, tristes mais toujours plus forts par la motivation que tu nous apportes, tristes mais toujours plus unis par le ciment dont tu es le nom, nous te disons avec un clin d’œil finalement souriant : au prochain footing !
AM ISRAEL HAI !