Les premiers mots de Salah Abdeslam
INFO L’EXPRESS – Lors d’une confrontation, le terroriste présumé est sorti de son mutisme pour dédouaner un autre mis en examen.
Et Salah Abdeslam parla. Le 9 mars 2018, il est 10h57 quand le dernier membre encore en vie du commando du 13 novembre entre dans le bureau du juge d’instruction Christophe Teissier. Le détenu de 28 ans n’est pas seul. Ali Oulkadi, lui aussi mis en examen pour association de malfaiteurs terroriste dans ce dossier tentaculaire et remis en liberté depuis, lui fait face. C’est la première fois que les deux hommes, originaires de Molenbeek, en Belgique, se revoient depuis le 14 novembre 2015. La rencontre, cet après-midi-là à Bruxelles, a lieu le lendemain des attentats meurtriers de Paris. Salah Abdeslam, dont la ceinture explosive n’a pas fonctionné, est en fuite. Ali Oulkadi, ami de son frère Brahim, a toujours nié avoir su.
Plus de deux ans plus tard, ce vendredi gris de mars, le magistrat-instructeur commence par se heurter au mutisme de Salah Abdeslam, comme à chaque interrogatoire. Il égrène 14 questions, restées à chaque fois sans réponse. Ali Oulkadi, qui sollicite cette confrontation depuis le 9 décembre 2016 par le biais de son avocate, ne « comprend pas » son attitude. « Qu’il veuille garder le silence, c’est son droit, mais il pourrait me dédouaner par rapport aux questions que vous lui posez et ça ne changerait rien pour lui. »
« Cela fait vingt-huit mois que je suis emprisonné dans des conditions très difficiles, vingt-huit mois à l’isolement, poursuit Oulkadi. Je suis dans les mêmes conditions que lui, sans les caméras. Je suis sans activité, seul dans ma cellule. Ma famille aussi en souffre. Je ne connais pas mon fils, qui avait 8 mois quand je suis rentré en détention. Il ne connaît pas son papa. Mon père est malade, ma grand-mère est décédée quand j’étais en prison. Tout ça alors que je n’ai rien à voir, c’est dur. » Le jeune homme de 33 ans se met alors à pleurer.
En face, Salah Abdeslam, qui n’est pas assisté d’un avocat, décide alors « spontanément » de prendre la parole: « J’ai quelque chose à dire. Je comprends sa situation. Je compatis. Mais je n’ai pas de pouvoir, je ne peux rien pour lui, comme je ne peux rien pour moi-même. Je n’ai rien d’autre à dire. » Des premiers mots, certes, mais laborieux. Le terroriste présumé reste campé dans sa posture très peu collaborative.
Il est pourtant le seul à pouvoir s’expliquer sur un point troublant du dossier. L’ADN d’Ali Oulkadi, mélangé au sien, a été retrouvé sur les dents d’une fourchette dans la planque de la rue Henri-Bergé, à Schaerbeek, en Belgique. C’est là que les ceintures explosives des terroristes du 13 Novembre ont été fabriquées. Oulkadi assure fermement ne jamais s’y être rendu. Les experts ont conclu que l’ADN provenait de traces de contact, c’est-à-dire de cellules de peau et non pas de traces salivaires. L’hypothèse d’un transfert d’ADN, après avoir serré la main de l’autre suspect, est jugé « théoriquement possible ». Oulkadi n’est-il alors, comme il l’affirme, jamais entré dans l’appartement « conspiratif » ?
« Juste ça, s’il te plaît », supplie-t-il en direction de Salah Abdeslam. Nouveau silence. Puis celui-ci se décide enfin à parler: « Je confirme qu’il n’est jamais rentré dans cet appartement ». « Cela n’enlève pas la difficulté que votre ADN commun se retrouve sur une fourchette dans cet appartement. Qu’avez-vous à dire? » relance Christophe Teissier. « Je ne suis pas scientifique. Vous me parlez d’ADN, je ne sais pas ce qu’est l’ADN. […] Je n’ai jamais sollicité l’aide de cette personne, je ne lui ai jamais téléphoné ou quoi que ce soit. »
« Ne pensez-vous pas que, plutôt que parler par bribes et donner des éléments sortis de leur contexte, il serait préférable que vous indiquiez de manière plus circonstanciée ce qui s’est passé ce 14 novembre au matin? » s’agace le juge d’instruction. « Pourquoi gardez-vous le mutisme alors que vous avez commencé à donner quelques éléments, tous de nature à mettre hors de cause Ali Oulkadi ? »
Il répond. « Ce que je tiens à dire, c’est que le 14, Ali Oulkadi, mes photos ne circulaient pas partout dans les médias. Il ne pouvait pas savoir que j’étais l’ennemi public numéro 1 à ce moment-là. Il ne pouvait pas savoir si j’étais impliqué ou soupçonner quoi que ce soit à ce moment-là. C’est tout. » La police n’a en effet diffusé un appel à témoins avec sa photo que le lendemain soir, le dimanche 15 novembre 2015.
« Une simple connaissance »
Sur le reste, Salah Abdeslam n’a « rien à dire ». Juste que l’homme assis à ses côtés est « quelqu’un de bien et quelqu’un de normal, qui a une famille. Et voilà c’est tout. C’est une connaissance, une simple connaissance. » En réalité, Ali Oulkadi est surtout un ami très proche de Brahim Abdeslam, frère aîné de Salah, mort en kamikaze au Comptoir Voltaire après avoir mitraillé les terrasses des 10e et 11e arrondissements de Paris. Le trio se croisait régulièrement au café Les Béguines, à Molenbeek, tenu un temps par Brahim.
Le 14 novembre 2015, quand il voit Salah Abdeslam, Ali Oulkadi dit d’abord s’enquérir de son frère dont il n’a pas de nouvelles depuis plusieurs jours. Le 6 juillet 2016, lors de son interrogatoire de première comparution, il précise que Salah Abdeslam ne lui a jamais dit qu’il était l’un des auteurs des attentats de Paris mais qu’il se trouvait « dans la merde » parce que « tout était à son nom ». C’est par ailleurs Hamza Attou, qui vient de ramener le terroriste présumé en Belgique en voiture au petit matin, qui l’a appelé pour lui demander de les rejoindre dans un café. Après cette rencontre, Ali Oulkadi transporte Salah Abdeslam à sa demande jusqu’à Schaerbeek, commune populaire du nord de Bruxelles, où se trouve la planque « conspirative » de la rue Henri-Bergé.
Comment s’est déroulée l’arrivée du membre des commandos des terrasses à Bruxelles ? Pourquoi avoir sollicité Ali Oulkadi ? Est-ce à son initiative, ou après une discussion avec Hamza Attou, qu’il l’a finalement rejoint ? Sur ces points comme sur l’ensemble du dossier du 13 Novembre, Salah Abdeslam a refusé de collaborer, préférant à nouveau « faire valoir son droit au silence ».
Source :
https://www.lexpress.fr/actualite/societe/justice/les-premiers-mots-de-salah-abdeslam_2017487.html
La peine de mort a été abolie trop tot. Qu’il crève !!
« Bonne bouche,anus accueillant » lol ils sont pointus les avis de recherche
super dessin….magnifique!!!ça tombe bien j ai des grosses mains plus une grosse tête si affinités .