Le procès de Yacine Mihoub et d’ Alex Carrimbacus assassins présumés de Mireille Knoll commence demain
Le meurtre de Mireille Knoll a été commis le 23 mars 2018 dans le 11e arrondissement de Paris. Mireille Knoll, âgée de quatre-vingt-cinq ans et rescapée de la Shoah, a été poignardée à son domicile de l’avenue Philippe-Auguste. Dans les jours qui ont suivi, deux suspects ont été mis en examen pour meurtre antisémite.
Survenu presque un an après l’homicide de Sarah Halimi dans le même arrondissement, et le même jour que les attaques terroristes de Carcassonne et Trèbes, l’événement a suscité un vif émoi.
Le vendredi 23 mars 2018 vers 18 h 30, les pompiers entrent chez elle après qu’un voisin a signalé un incendie dans son appartement. Le corps sans vie et en partie brûlé de Mireille Knoll est étendu sur son lit. Elle a reçu onze coups de couteau1.
En mai 2020, le parquet de Paris requiert un procès des deux suspects pour meurtre à caractère antisémite2.
Mireille Knoll naît le 28 décembre 1932 à Paris. Avec sa mère, elle quitte la ville peu de temps avant la rafle du Vélodrome d’Hiver en juillet 1942 et se réfugie au Portugal grâce au passeport brésilien hérité de son père. Après la guerre, elle épouse un survivant d’Auschwitz et le couple part s’installer au Canada, avant de revenir plus tard à Paris. Son mari tient alors un atelier de vêtements imperméables dans le Sentier, un des quartiers juifs de la capitale. Le couple a deux fils.
Son époux meurt au début des années 2000. En 2018, Mireille Knoll, handicapée par la maladie de Parkinson, ne peut plus sortir de chez elle autrement qu’en fauteuil et accompagnée de son auxiliaire de vie.
Enquête et suites judiciaires
Appelés sur place, les techniciens du Laboratoire central de la préfecture de police relèvent cinq départs de feu dans l’appartement. Le caractère antisémite du meurtre est retenu par la justice le 26 mars. Le voisin de Madame Knoll, Yacine Mihoub, 28 ans, est rapidement soupçonné, arrêté et mis en garde à vue. Il a été condamné pour avoir agressé sexuellement, en février 2017, la fille âgée de douze ans de l’aide-soignante de Mireille Knoll, et poursuivi pour des violences et des menaces de mort.
Un deuxième suspect est arrêté près de l’opéra Bastille. Les deux hommes s’accusent alors mutuellement d’avoir porté les coups1. Tous deux sortaient de prison3. Le second suspect, Alex Carrimbacus, 21 ans, qui a rencontré son complice allégué en prison, a un long casier judiciaire4. Il affirme que « Yacine a reproché aux Juifs d’avoir des moyens financiers et une bonne situation avant de poignarder l’octogénaire sur son lit médicalisé en criant “Allahou akbar” ».
Début avril, la mère de Yacine Mihoub est soupçonnée d’avoir nettoyé le couteau et fait disparaître les verres dans lesquels Mireille Knoll avait offert du porto à ses assassins6,7. Elle est mise en examen pour « destruction ou modification des preuves d’un crime »7.
Selon Le Parisien, qui a consulté l’audition policière effectuée le 13 avril 2018, le suspect Alex Carrimbacus revient sur les déclarations faites pendant sa garde à vue. Il déclare que Yacine Mihoub n’aurait finalement pas reproché à la victime « les moyens financiers et la bonne situation des Juifs », et concernant le caractère antisémite au crime, son avocat « n’exclut pas de demander une requalification des faits8. »
Les policiers explorent aussi la piste du crime crapuleux, ou d’une possible vengeance pour la condamnation de Yacine Mihoub à la suite de son agression de la fille de l’aide-soignante de Mireille Knoll.
Après que les deux suspects ont fait appel devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris de leur renvoi devant les assises pour « meurtre sur personne vulnérable et commis en raison de la religion de la victime », la cour d’appel de Paris confirme le 19 novembre 2020 le caractère antisémite du meurtre de Mireille Knoll
Le 23 mars 2018, Mireille Knoll, 85 ans, est retrouvée morte poignardée dans son appartement du XIe arrondissement de Paris. Alors que le procès de ses assassins présumés débute mardi 26 octobre et doit durer jusqu’au 19 novembre, les circonstances de la mort de l’octogénaire juive demeurent mystérieuses.
Pendant deux ans, l’appartement de Mireille Knoll est resté sous scellé. Sur la porte d’entrée, une dizaine de grands cœurs roses découpés dans des feuilles cartonnées entourent une photo de l’octogénaire disparue. Une belle dame souriante, les yeux rieurs, vêtue d’une chic veste rouge et noire à motifs pieds-de-poule. Un mausolée simple et doux, un moyen sans doute, que l’horreur qui s’est produite derrière cette porte le 23 mars 2018, ne puisse pas en sortir. De ce petit trois-pièces où débordaient les souvenirs, il ne reste aujourd’hui que les fantômes.
Aujourd’hui encore, l’effroi continue de hanter cette résidence paisible du XIe arrondissement de Paris. Le 23 mars 2018, des habitants du 2e étage de l’immeuble s’étonnent de voir de la fumée se dégager de l’appartement voisin et préviennent les pompiers. Un incendie s’est déclaré dans le modeste logement HLM qu’occupe depuis un demi-siècle Mireille Knoll, 85 ans.
La vieille dame, veuve, vit seule mais entourée. Chaque jour, une ribambelle de soignants se succèdent chez elle en plus de ses deux grands fils, Alain et Daniel. L’accident domestique paraît peu probable : Mireille Knoll n’est plus autonome, se déplace en déambulateur et sort en fauteuil. Elle ne cuisine pas, n’a pas la force d’utiliser la gazinière.
Onze coups de couteau portés dans le dos, au niveau de l’abdomen et le thorax, dont deux ont atteint les organes.
Sur place, les pompiers repèrent quatre départs de feu, dont un sur le canapé de velours rouge où elle a pour habitude de s’asseoir, ainsi que dans la chambre. Là, ils découvrent le corps sans vie et en partie calciné de Mireille Knoll, allongée en travers de son lit médical et lardée de nombreux coups de couteau.
Il apparaît très rapidement que l’incendie n’a pas causé la mort de la dame âgée : il s’agit bien d’un meurtre par arme blanche. Le médecin légiste constate onze coups de couteau portés dans le dos, au niveau de l’abdomen et le thorax, dont deux ont atteint les organes. Dans le vide-ordures, on retrouve un sac-poubelle contenant des morceaux d’une bouteille de porto, et le téléphone portable cassé de la victime.
L’enquête de voisinage conduit rapidement les autorités à l’interpellation de Yacine Mihoub 28 ans au moment des faits. Il a grandi avec son frère, ses deux sœurs et sa mère au 7e étage de l’immeuble. Aux enquêteurs, cette dernière indique que son fils a passé l’après-midi du 23 mars chez la victime. Rien d’inhabituel : Mireille Knoll et lui se connaissent bien. Ils discutent ensemble, se baladent, prennent un verre pour l’apéritif. Elle est juive, il est musulman, elle le connaît depuis tout petit, il la considère comme sa grand-mère.
Fausses alertes à la bombe
Depuis quelques mois, tous les deux se revoyaient. Mais pendant un moment, Yacine Mihoub avait déserté l’Est parisien. Il était incarcéré à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis où il purgeait une peine pour violences volontaires, menaces de mort et agression sexuelle sur mineur. La victime est la fille de l’ancienne aide-ménagère de Mireille Knoll. Condamné en mars 2017 à 24 mois d’emprisonnement dont quatorze avec sursis, Yacine Mihoub sort de prison au bout de six et a pour interdiction de se rendre dans l’immeuble.
« Nous ne le savions pas, déplore aujourd’hui Daniel Knoll. Bien que nous fussions étonnés de le revoir traîner ici, si nous avions été mis au courant de cette injonction d’éloignement, nous aurions pu éviter de subir ces conséquences dramatiques. » Quelques heures avant le meurtre, son frère Alain était venu rendre visite à sa mère et était tombé sur Yacine Mihoub. Il était parti en les laissant ensemble.
Mireille Knoll avait bon cœur, faisait confiance à Yacine Mihoub. Dans cette affaire d’agression sexuelle, elle avait même témoigné en sa faveur devant le juge et n’en avait pas parlé autour d’elle. Dans l’immeuble, le voisinage ignore tout du procès. Tout comme il ignore tout des nombreuses condamnations qui figurent au casier judiciaire de Yacine Mihoub, de ses différents séjours en prison et hôpitaux psychiatriques, des fausses alertes à la bombe qu’il provoque dans Paris, de ses terribles traumatismes d’enfants. Le voisinage ignore tout de la rage qui le ronge, de son addiction à l’alcool, de ses excès de violences, de ses mensonges.
« Viens à Nation, il y a moyen de se faire de la thune. »
Mireille Knoll, elle, aime ce jeune homme flandrin. Il vient chez elle, ils boivent ensemble un café ou un verre de porto, ils discutent durant des heures, elle lui donne de l’argent pour qu’il aille faire quelques courses. Elle le considère comme un fils.
Selon les témoins, le jour de la mort de Mireille Knoll, Yacine Mihoub n’est pas seul. Les policiers remontent la trace d’un certain Alex Carrimbacus, qu’ils interpellent quelques jours plus tard. Le jeune homme de 21 ans vadrouille de droite à gauche et se retrouve plusieurs fois en prison. C’est en promenade à Fleury qu’il rencontre Mihoub.
Carrimbacus est un délinquant avec « des principes », explique-t-il aux enquêteurs. Il « ne fait de mal à personne, que des cambriolages ». Il raconte avoir croisé par hasard Mihoub dans un bar la veille des faits, alors qu’il distribuait des CV. Ce dernier l’aurait appelé depuis le téléphone fixe de Mireille Knoll, quelques heures avant le drame. Il lui aurait dit : « Viens à Nation, il y a moyen de se faire de la thune. »
« malade mental »
Ensuite, un épais brouillard entoure la mort de l’octogénaire. Les deux hommes s’accusent mutuellement. Fidèle à sa première version, Mihoub explique avoir invité Carrimbacus chez Mireille Knoll pour discuter et fumer des cigarettes. Ils ont bu beaucoup de porto. À un moment, il aurait vu son invité « avoir un geste très sec au niveau de la gorge de Mireille Knoll ». Devant les enquêteurs, il l’accuse d’être « fou », un « malade mental » qui aurait déclaré vouloir « tout faire cramer » dans l’immeuble.
Alex Carrimbacus assume de son côté s’être rendu chez Mireille Knoll « pour y effectuer un cambriolage ». Ils auraient profité du fait qu’elle se soit absentée aux toilettes pour voler plusieurs objets du salon et un chéquier. Paniqué de la voir revenir, Mihoub l’aurait accompagnée à sa chambre. Quelques instants plus tard, Carrimbacus aurait entendu « des petits cris » et aurait surpris Mihoub en train d’égorger Mireille Knoll. Choqué, il n’aurait rien pu faire. Après avoir mis le feu, les deux hommes seraient montés chez sa mère, qui, paniquée, aurait nettoyé un couteau à manche en bois avec une lame de 40 centimètres de long, retrouvé dans la chambre de Yacine. Elle devra aussi comparaître devant la justice pour dissimulation de preuves.
« Carrimbacus a indiqué avoir entendu Mihoub dire « Allah Akbar » en commettant les faits
À partir du 26 octobre et jusqu’au 19 novembre, les deux hommes seront jugés pour homicide volontaire sur une personne vulnérable, les faits ayant été au surplus commis à raison de l’appartenance de la victime à la religion juive. Pour la justice, l’antisémitisme du meurtre ne fait aucun doute, elle l’a confirmé en appel. « La question s’est posée avec plus d’acuité encore, après que Yacine Mihoub a déclaré qu’Alex Carrimbacus lui avait demandé si de ce fait, la victime était fortunée ou encore lorsque Carrimbacus a indiqué avoir entendu Mi-août dire « Allah Akbar » en commettant les faits », selon le dossier d’instruction. Yacine Mihoub, qui aurait par plusieurs fois en détention montré des signes apparents de « radicalisation » aurait aussi « reproché aux juifs d’avoir les moyens financiers et une bonne situation ».
Pour les juifs de France, la mort de Mireille Knoll a été un ultime cap franchi. Ces dernières années, l’actualité avait été marquée par la succession d’effroyables crimes et attentats antisémites : le meurtre d’Ilan Halimi en 2006, la tuerie à l’école juive Ozar-Hatorah de Toulouse en 2012, les attentats de l’hypercasher en 2015 puis l’assassinat de Sarah Halimi en 2017. Dans cette affaire, l’auteur des faits a été jugé pénalement irresponsable par la cour d’appel de Paris. Une décision confirmée par la Cour de cassation, en avril 2021.
« L’affaire Mireille Knoll est l’anti affaire-Halimi, selon l’avocat de la partie civile, Gilles William Goldnadel. Cette fois-ci, la justice a fait son travail. » Pour Me Goldnadel, pas de doute : « C’est Mihoub le patron. C’est un sale mec. »
Monstres
Quid d’Alex Carrimbacus ? Aurait-il servi de faire-valoir ? C’est l’avis de son avocat, Me Karim Laoufi : « Le vol qui dégénère en meurtre, je n’y crois pas du tout. On a des éléments troublants sur la préméditation. » Si son client s’est enfui après le crime, c’est, selon lui, par peur de retourner en prison. Il serait tombé dans un guet-apens de Mihoub, qui se cherchait un alibi : « Aujourd’hui, il faut qu’il soit condamné à la hauteur de ce qu’il a commis. »
Les trois semaines de procès s’annoncent longues : « ça va être terrible », craint Daniel Knoll. Aujourd’hui, la famille n’a qu’un souhait, celui de « connaître la vérité » sur la mort de leur ascendante. Un point final, qui ne réparera certainement pas, mais qui pourrait permettre à la famille dispersée entre la France et Israël, d’avancer.
Element clé de l’affaire, nul doute que les débats porteront sur la relation qui liait Yacine Mihoub à sa victime, qu’il n’a cessé de valoriser durant toute l’instruction. Comment la cour d’assises peut-elle interpréter son geste, s’il est avéré ? Par de vieilles rancœurs ou une « vengeance » contre le peuple juif ? Contacté par Marianne, les avocats de Yacine Mihoub n’ont pas répondu à nos sollicitations.
Lors de sa dernière conversation avec Mireille Knoll, Yacine Mihoub raconte qu’il aurait remercié d’avoir écrit au juge en sa faveur afin qu’il puisse retourner auprès de sa famille. Mireille Knoll croyait en lui. Elle ne croyait plus aux monstres, elle les avait connus par le passé : la guerre, la persécution des juifs sous le régime nazi. Le 16 juillet 1942, alors âgée de 10 ans, Mireille Knoll avait échappé à la rafle du Vél d’Hiv.
Par Lysiane Larbani
Source :
https://www.marianne.net/societe/police-et-justice/assassinat-de-mireille-knoll-le-proces-dun-drame-national
Une pensée pour la police et la justice qui répondent aux ordres de nos dirigeants, qui ont finalement participé passivement au massacre. Madame Knoll est une victime de l’antisémitisme musulman et de l’indifférence des pouvoirs publics
Bon faut s’attendre à d’autres Mireille Knoll mais que faire de plus à part voter Zemour même si on sait le RN est rempli d’antisemites
On est cerné d’ennemis mais faut se battre
J’espère que l’on saura enfin laquelle de ces deux ordures a tué sauvagement Mme Knoll. J’avais rencontré ses deux fils lors d’une réunion de soutien à Mme Sarah Halimi. Ils doivent savoir ce qui s’est réellement passé. Ce procès doit servir à ça.
on a pas les photos de ces sous merdes