Le pape veut béatifier un prêtre français qui a écrit contre les juifs
Benoît XVI fit le choix de ne pas béatifier Léon Dehon et nomma une commission chargée de faire la lumière sur l’antisémitisme du prélat français.
Le pape François a expressément souhaité l’aboutissement de la cause de béatification du prêtre français Léon Dehon (1843-1925), fondateur de la Congrégation des prêtres du Sacré-Coeur, bloquée en 2005 en raison de ses écrits antisémites. François a assuré que le père Dehon avait subi une forme « d’humiliation » après sa mort. Recevant au Vatican quelque 120 religieux de cet institut, le pape a demandé que l’histoire du « quasi bienheureux Dehon » soit étudiée en tenant compte du contexte de l’époque, selon l’agence spécialisée sur le Vatican I.Media.
« C’est un problème d’herméneutique »
Sans jamais les citer, le pape a clairement souhaité que les écrits jugés antisémites du père Dehon soient placés dans le contexte de l’époque. « C’est un problème d’herméneutique » (interprétation selon le contexte historique), a-t-il confié avant de poursuivre : « On doit étudier une situation historique avec l’herméneutique de l’époque, et pas avec celle d’aujourd’hui ». Le processus de béatification du père Dehon avait été bloqué une première fois en 1952 par la Congrégation pour la doctrine de la foi. Cependant, Jean Paul II avait officiellement reconnu en avril 2004 un miracle attribué à son intercession, ouvrant la voie à sa béatification. Le prêtre français devait être béatifié le 24 avril 2005, mais la mort du pape polonais ajourna cette célébration. Benoît XVI fit le choix de ne pas le béatifier après la découverte par l’épiscopat français d’écrits jugés antisémites. Il nomma une commission chargée de faire la lumière sur l’antisémitisme de Léon Dehon.
Le peuple juif « nous tient asservis
Dans son Catéchisme social de 1898, Léon Dehon avait écrit que le peuple juif « a conquis notre or et nous tient asservis. Il tient la presse et fait l’opinion. Il remplit nos grandes écoles publiques et vise à s’emparer de l’administration et de la magistrature. C’est une conquête entamée et déjà bien avancée », avait-il encore écrit. La congrégation avait fait valoir qu’à l’époque de leur fondateur « cette pensée judéophobe était largement partagée ». Les quelque 2 200 « déhoniens » présents dans une trentaine de pays à travers le monde oeuvrent principalement dans le domaine social et l’enseignement. Le concile Vatican II (1962/65) avait rompu avec l’attitude anti-juive de l’Église catholique, qui voyait dans le peuple hébreu le peuple « déicide » pour avoir fait crucifier Jésus. Les derniers papes, dont François, ont beaucoup insisté sur les liens et l’amitié entre chrétiens et juifs.
source :
http://www.lepoint.fr/societe/le-pape-veut-beatifier-un-pretre-francais-qui-a-ecrit-contre-les-juifs-05-06-2015-1934028_23.php
Léon Dehon, né à La Capelle (Aisne) le 14 mars 1843 et mort à Bruxelles le 12 août 19251, est un prêtre catholique français. Chanoine social, il est le fondateur de la Congrégation des prêtres du Sacré-cœur de Jésus.
Léon Dehon a contribué par ses écrits à la spiritualité du Sacré-Cœur et à l’étude des questions sociales dans l’Église catholique romaine. Il a organisé des œuvres sociales à Saint-Quentin (patronage Saint-Joseph, collège Saint-Jean) et fondé la congrégation des Prêtres du Sacré-Cœur de Jésus [SCJ] de Saint-Quentin, dans l’esprit de l’Évangile et l’esprit d’amour de réparation hérité de Ste Marguerite-Marie Alacoque. La Congrégation a rapidement essaimé en Europe et dans les pays de mission.
« On cherche des saints. En voici un qui est en train de naître… » dit de lui le pape Pie X en 19063.
Le 25 mars 1997, le Pape Jean-Paul II émit le « Décret sur les Vertus Héroïques du Serviteur de Dieu le Vénérable Père Jean Léon Dehon ».
En 2005, peu après son élection, Benoît XVI décida de reporter la béatification du Père Léon Dehon à la suite de reproches d’antisémitisme diffusés sur des sites internet.
lire ci après l’article du MONDE du 9 Juin 2005
Léon Dehon, cet « abbé démocrate » et antisémite que Rome veut béatifier
On croyait enterrée l’affaire Léon Dehon (1843-1925), qui envenimait les relations entre l’Eglise catholique et la communauté juive. Programmée pour le 24 avril, la béatification à Rome de ce fondateur d’ordre (les prêtres du Sacré-Coeur), pionnier français du catholicisme social et de la démocratie chrétienne, mais animé d’une ardente haine antisémite, avait été suspendue après la mort de Jean Paul II. Le projet ressort au Vatican sous la forme d’une commission de théologiens et d’historiens.
La communauté juive en France, aux Etats-Unis, l’Amitié judéo-chrétienne, des évêques français de premier plan s’insurgent contre cette béatification et le passé antisémite de ce « serviteur de Dieu » qui avait été soigneusement camouflé par son ordre religieux, influent à Rome, les dehoniens ¬ 2 300 prêtres, 23 évêques et cardinaux dans une quarantaine de pays. Sous la plume prolixe de Léon Dehon, le peuple juif « a soif de l’or et le Christ pour ennemi » . Sa passion des richesses est un « instinct de race » . Le bon apôtre dénonce la pratique de l’usure, l’esprit de »dissimulation et de domination » des juifs, ces « cosmopolites qui ruinent l’unité de la nation » . Le Talmud, écrit-il, est « le manuel du parfait israélite, du détrousseur, du corrupteur, du destructeur social » ! Il reprend les accusations les plus abjectes de crime rituel, appelle à l’exclusion nationale des juifs, au port d’un vêtement spécial, à la création d’un statut à part, etc.
Ce Catéchisme social de Dehon remonte à 1898, dans une fin de siècle déchirée par l’affaire Dreyfus et l’anticléricalisme. De La France juive d’Edouard Drumont (1886) à l’engagement antidreyfusard de La Croix, les stéréotypes antisémites font alors partie de la vulgate catholique.
Le peuple n’allant plus dans les églises, les catholiques sociaux et les « abbés démocrates » veulent « aller au peuple » et attaquent les deux « agents du capitalisme » que sont pour eux les francs-maçons et les juifs.
Le pape de l’époque, Léon XIII (1878-1903), qui encourageait le catholicisme social, était resté prudent dans l’affaire Dreyfus (Léon Blum lui rend hommage dans ses Souvenirs de l’affaire de 1935) et avait pris ses distances avec Dehon. Il refusa sa bénédiction au Congrès de la démocratie chrétienne auquel Dehon participait, à Lyon, en 1896 (avec Drumont), et qui se voulait un congrès »antimaçonnique, social, national et antisémite » .
Bref, l’empoignade ne fait que commencer à propos de cette image sulpicienne donnée à Rome, dans une biographie d’Yves Ledure (Cerf, 2005) et des documents de la Conférence des évêques, d’un homme présenté comme un grand mystique, mais dont l’antisémitisme a été occulté. Le successeur de Jean Paul II devra arbitrer ce délicat conflit.
Henri Tincq
source :
happywheels
Honte à lui – comme il a été écrit : le loup est rentré dans la bergerie ( église )… Rien à rajouter.
Je propose une soirée-débat avec le CRIF au Collège des Bernardins et avec les curetons; en guest star, on pourrait inviter Boubakeur …
alors il dit d ‘Abbas que c’est un ange , et puis maintenant il veut béatifier un antiJuif ? pas terrible ce pape avec les juifs …
Ce n’est pas le concile Vatican deux qui a fait évoluer l’Eglise romaine sur la question des juifs.
Les papes actuels sont tellement équivoques.
Mais en fait cette question a toujours divisé les hommes d’Eglise à diverses époques.
Il y a toujours eu dans l’Eglise des amis des juifs en particulier et du bien en général et des ennemis qui se comportaient eux-même comme ceux qu’ils ont critiqué en face de Jésus-Christ.
Je pense en outre que la barbarie nazie a éclairée beaucoup de catholiques qui ont su se ranger du bon côté dans la pratique et qui ont laissé ces soi-disant prêtres érudits à leurs préjugés.
La situation détestable que nous vivons, avec le retour de l’intolérance et du fanatisme est faite pour rapprocher les juifs et les chrétiens et je l’espère, tous les hommes de bonne volonté.