Le 7 octobre n’est pas une date, c’est un état…

Par Alain Jakubowicz

Je ne participerai pas aux cérémonies commémoratives du progrom du 7 octobre. Demain, je n’aurai envie de voir personne, d’entendre personne. Pour la premiere fois de ma vie, je serai tenté de dechirer mes vetements, de retirer mes chaussures et de poser un drap sur les miroirs, comme le veut la tradition juive quand on a perdu un proche. Je ne l’ai pas fait pour mes parents car ça n’avait pas de sens pour moi. Aujourd’hui, ce sont les manifestations publiques qui n’ont pas de sens pour moi. J’en ai trop vues, trop entendues. Je suis heureux que les jeunes générations prennent le relai, mais moi je n’y crois plus.
Le 7 Octobre n’est pas une date pour moi, c’est un état. Pas un jour sans songer à ces enfants massacrés, à ces femmes violées, à ces hommes torturés parce que juifs. Pas une nuit sans penser aux otages et à ce qu’ils ont enduré et continuent à endurer. Je ne suis pas sorti du 7 octobre et n’en sortirai jamais. J’ai arboré cranement un T-shirt sur lequel était écrit « we will danse again », mais je sais au fond de moi que je ne danserai plus jamais. Le Hamas a rendu derisoires les combats de ma vie, les atermoiements de notre president ont fini d’emporter mes illusions, et l’impuissance de notre pays a enrayer le tsunami antisémite qui le ravage me conduit à me poser des questions que je n’aurais jamais cru devoir me poser un jour.
Demain je serai un juif errant.