L’asymétrie

de Meïr Ben-Hayoun

Les réactions françaises aux guerres et aux attaques terroristes en Israël et la réaction israélienne aux attentats en France.
Commençons par la Guerre de Kippour qui a éclaté un jour de Kippour le 6 octobre 1973. Les Egyptiens et les Syriens ont réussi à surprendre Israël. Des centaines de jeunes Israéliens se font tuer dès les premiers affrontements. Les Egyptiens ont percé la ligne israélienne de la rive Est du Canal de Suez et foncent dans le Sinaï. Les Syriens ont pris le Hermon inexpugnable et déferlent sur tout le Golan en direction de Tibériade et de la Galilée. Des unités entières sont décimées comme le Régiment 188 des blindés sur le Golan, et dans le Sinaï, à la Ferme chinoise, c’est la Vallée de la Mort. Les parachutistes du bataillon 890 se font allumer comme des canards par toute une division égyptienne. J’étais un gosse juif de 13 ans en banlieue parisienne alors. Les gens dans les synagogues en France pleuraient et étaient morts d’angoisse pour Israël. La situation semblait désespérée.
Pendant ce temps, le ministre français des Affaires étrangères, Michel Jobert un nabot (sur la photo), interviewé à la télé à l’époque justifiait l’agression arabe et en jouissait. Le Président de la République Pompidou, la même chose que son ministre Jobert alors qu’ancien fondé de pouvoir de la Banque Rothschild, il avait été ami d’Israël avant 67 (Il mourra quelques mois après une maladie abominable en avril 1974 pendant les vacances de Pâques). Les retournements de veste et les trahisons envers les Juifs puis envers Israël en France sont de notoriété. Je m’en souviens comme hier. Dans les média, on disait partout qu’Israël n’avait que ce qu’il mérite avec cette sanglante Guerre de Kippour.

Ensuite, les mégas attentats comme la prise d’otages des élèves de l’école de Ma’alot en 1974 – l’autobus pris en otage et canardé près du country club d’Herzlia en mars 1978, de vrais carnages – les attentats des années 80, 90 et 2000. La première Intifada et son lot de violence arabe avec laquelle la France et toute sa classe intellectuelle et médiatique s’est totalement identifiée. La cause arabe nazislamiste dite « palestinienne » promue par la bestialité du terrorisme pour nous ravir la terre d’Israël et nous mettre en danger existentiel est devenue pratiquement une cause française. Arafat le père du terrorisme arabe est devenu une figure d’héro en France. Le Président Giscard d’Estaing ouvre le premier bureau de l’OLP en Europe en 1974. Mitterand accueille Arafat en grande pompe à Paris en 1986. Chirac fera de la surenchère et flirtera d’encore plus près avec Arafat.
Les jeunes militants juifs dans les rues de Paris scandent « plus de sang juif pour du pétrole arabe » et font le coup de poing avec l’extrême gauche et l’extrême droite. Après chaque attentat qui ensanglante Israël, les seuls soutiens sont les Juifs et quelques personnalités nobles de la politique et des arts, mais rares, qui s’efforcent à sauver l’honneur de la France. Les Arabes et les musulmans de France n’ont pourtant alors aucun poids politique.
A chaque fois sans exception, la réaction française toute tendance politique confondue est d’affirmer « le désespoir et l’oppression contre les Arabes dits « palestiniens » sont à l’origine de ces attentats et les expliquent ».
En septembre 2000 à Rosh Hashana (toujours aux fêtes juives, ils lancent leurs agressions de traitres), Arafat lance son offensive terroriste dite Intifada d’Oslo, des dizaines de personnes chez nous sont atrocement déchiquetées. On nous tire dessus. Parfois on nous empêche de rentrer chez nous la nuit et on dort dans la voiture. Et eux en France, tout ce qu’ils voient, c’est l’intox de l’Affaire A dura et ils nous clouent au pilori comme « tueurs d’enfants ». Le Premier ministre Lionel Jospin, même lui considéré comme plus équilibré sur la question israélienne, ira jusqu’à manifester en solidarité avec le « peuple palestinien » et sera aperçu à côté d’une banderole où était écrit « Mort aux Juifs » sans qu’il ne réagisse.
Le Premier ministre israélien Ehoud Barak arrive à Paris au mois d’octobre 2000 alors que tous les jours, il y a des attentats. Ehoud Barak se fait jeter comme un malpropre par le Président Chirac alors qu’Israël vient d’entrer dans la vague de terrorisme la plus meurtrière de son histoire. Ce dernier, Chirac d’Arabie, le seul chef d’Etat en visite dans un pays étranger qui a fait un esclandre sans nom en direct à la télé lors de sa visite officielle en Israël en 1997 alors qu’il faisait des ronds de jambes à tous les dictateurs et tortionnaires arabes comme Saddam Hussein.
Ces derniers jours, regardez comment les récents attentats ici ont été perçus en France et en Europe : « les Israéliens flinguent dans les rues des palos » alors que le pays est en proie au terrorisme des couteaux.
Je n’ai jamais vu ne serait-ce qu’un drapeau d’Israël hissé par une quelconque mairie en France ou par le Gouvernement français en signe de solidarité avec les victimes israéliennes des attentats. Au contraire, toute leur solidarité, à part quelques rares exceptions, va aux palos, nos ennemis jurés. Des planificateurs d’attentats comme Marouan Berghouti sont promulgués citoyens d’honneur (d’horreur) de plusieurs communes en France. Et j’en passe des meilleures avec les ministres des Affaires étrangères des fourbes comme Hubert Védrine, Roland Dumas, Dominique de Villepin et toute la nomenclature du Quai d’Orsay depuis De Gaulle qui se sont employés à compromettre le statut d’Israël dans les instances internationales, la veulerie et les coups bas, et toujours après les attentats et les guerres pour isoler encore plus l’Etat d’Israël et plaire aux Arabes.
Par contre, quand un attentat s’abat sur la France, ici, la mairie de Jérusalem met des drapeaux français partout alors que la France ne reconnait pas Jérusalem comme capitale d’Israël et même pas comme ville israélienne, ce qui est absurde à des niveaux jamais atteints.
Même des gens des implantations de Samarie honnis par la France ont distribué des petits drapeaux français en signe de solidarité hier à Tel Aviv.
Je suis sorti de Jérusalem hier et sur la principale autoroute qui joint Jérusalem à Tel Aviv, et tous les dix mètres des drapeaux français en berne et la même chose à Tel Aviv.
Et maintenant, ne peut-on comprendre que certains parmi nous ont du ressentiment par rapport à cette asymétrie flagrante? Le Premier ministre Netanyahou se déclare solidaire de la France sans réserve, et de même, toute la classe politique israélienne, sauf les députés arabes de la Knesset.

La France a exprimé de l’hostilité systématique et s’est identifiée à nos ennemis quand des attentats ou des guerres nous frappaient alors qu’Israël s’identifie sans réserve avec la France en circonstance semblable. Ne peut-on comprendre que certains parmi nous soient gênés par cette non-réciprocité et puissent réagir par dépit ?
Ce sentiment n’empêche pas de par ailleurs à ressentir de la peine pour les familles des victimes des attentats de Paris qu’on voit à la télé qui auraient pu être nos voisins ou anciens copains d’école quand nous vivions en France, mais de là à s’identifier à la France totalement, à hisser des drapeaux bleu-blanc-rouge partout alors que la France a trahi maintes fois Israël et qu’elle nous traine dans la boue toujours en faveur des Arabes et des dits « palestiniens » quand on se fait assassiner ici.
Meïr Ben-Hayoun