LA RENCONTRE

Quand la haine rencontre l’incohérence il y a fort à craindre qu’ils engendrent le délire, c’est à peu près ce qu’il s’est produit lors de la rencontre, ô combien anecdotique, de Dieudonné M’Bala M’Bala et Elisabeth Levy.

« Quelle chance !!!» s’écria le guignol, pouvoir se montrer sous un angle favorable qui plus est avec la caution d’une journaliste juive, « quelle chance !!! » répondit en écho l’hystérique à l’idée qu’une lumière aussi éphémère que blafarde puisse se poser une nano seconde sur sa feuille de chou.

Le lecteur, pauvre lecteur, quand à lui eut droit à un salmigondis, mêlant orgueil et lâcheté, exubérance d’une bataille d’égo surdimensionnés à la recherche d’u atome de notoriété, et si celui-ci choisi l’infamie et la haine, l’autre en écho répondit par la compromission et l’indulgence.

On peut encore se demander ce que cette tardive entrevue apporta à l’un comme à l’autre, le semeur de détritus pensait-il vraiment justifier l’injustifiable, faire pardonner l’impardonnable, revenir dans le concert de l’humanité, lui qui prit tant de soin à s’en exclure par ses diarrhées verbales et sa fixation pathologique sur le peuple juif.

Son esprit est-il si primaire qu’il s’imagina être compris par la « frange utile » de la société, et que peut être sur certains aspect de son puant discours emporter une adhésion aussi partielle soit elle ?

Préparait-il une amorce de défense, tant dans ses propos que dans son attitude, face à la nécessaire réaction de la justice qui s’abat sur lui et dont la pression fait peser plus qu’une vague menace sur un avenir sombre ?

Et elle, elle au patronyme si emblématique, qu’espérait elle de cette mascarade, croyait-elle vraiment donner de la consistance à une publication se démarquant surtout par les excès de ses positions ?

Pensait-elle avoir tant d’influence qu’elle réussirait à réhabiliter dans l’opinion publique, celui que celle-ci a rejeté au rang de paria et de gourou de secte apocalyptique ?

Envisageait-elle une vaine réclame qui sortirait son fanzine d’un anonymat imposé par sa médiocrité et par la violence de ses thèses ?

Elle qui se vanta aussitôt de « transgresser l’interdit » avait-elle la moindre idée d’un propos démesuré et totalement déplacé, la plus minime de ses réflexions ne lui aurait-elle pas permis de prendre conscience que si Dieudonné n’est pas sollicité par les médias ce n’est pas parce qu’il fait l’objet d’un hypothétique boycott, mais bien parce que l’antisémitisme qu’il entend remettre à l’honneur est éculé et qu’il n’a rien de bien nouveau à dire quand on se place dans la ligne de la milice, de Laval, ou de l’antisémitisme iranien ?

La rencontre de la haine et de l’hystérie n’avait-elle d’autre objet finalement que un médiocre mercantilisme seyant si bien aux deux protagonistes…

Serge SALFATI