Insultée et menacée, l’accusatrice de Tariq Ramadan porte plainte
Henda Ayari, première à porter plainte contre l’islamologue pour viol, a été placée sous protection de la police, selon son avocat.
« Tu t’es fait bourré et tu oses parler de viol. Il faut les abbatres les femmes comme toi… il faudrait te jeter au milieux des daeshois qu’il te casse en mille qu’ils t’écartèlent. » Ces menaces de mort, fautes d’orthographes comprises, reçues sur son compte Facebook, Henda Ayari, 40 ans, les a transmises à la police, comme plusieurs autres dizaines de messages de violence et d’insulte véhiculées par le biais des réseaux sociaux. La présidente de l’association Libératrices, une des deux victimes de viol présumées de Tariq Ramadan, a porté plainte contre X pour « menace et insulte », le 16 novembre dernier, auprès de la brigade criminelle de Rouen.
Première à accuser publiquement de viol le conférencier dans un contexte de libération de la parole sur les violences sexuelles, l’ancienne salafiste devenue militante féministe affirme être depuis victime d’un lynchage quotidien sur les réseaux sociaux — notamment Twitter et Facebook. « Suite à ma démarche, j’ai reçu une avalanche d’insultes et de menaces, nous confie la plaignante. J’ai l’impression d’être deux fois victime. Je ne m’attendais pas à autant de violence, d’acharnement. C’est déjà dur de dénoncer un viol, mais c’est encore plus dur de se faire traîner dans la boue derrière sur les réseaux sociaux. »
Tariq Ramadan conteste les faits
Henda Ayari affirme avoir été violée dans un hôtel parisien au printemps 2012. L’islamologue fait l’objet depuis le 24 octobre dernier d’une enquête préliminaire pour « viol, agression sexuelle, violence et menace de mort » ouverte par le parquet de Paris. Depuis, une deuxième plainte, déposée fin octobre par une autre femme, a été jointe à cette enquête. Le théologien conteste les faits qui lui sont reprochés et a porté plainte, via ses avocats pour « subornation de témoin ».
Dans sa plainte contre X pour injures et menaces, Henda Ayari déplore d’être traitée quotidiennement de « putain ». « Les insultes et menaces évoquent que je serais payée par les juifs, les sionistes, que l’homme qui me battait [son ex-compagnon] devrait être respecté… Ils disent que je fais du fric en surfant sur l’islamophobie, également sur le sang des Palestiniens », résume la quadragénaire. Et de préciser : « Certains disent que je devrais aller me suicider, en précisant que M. Ramadan est innocent. »
La plaignante accuse Tariq Ramadan d’avoir en quelque sorte enclenché la machine à calomnies. « Il relaie des fausses informations à mon encontre sur les réseaux sociaux afin de motiver ses adeptes à m’attaquer sur les plans politiques… chaque jour, je me fais insulter de sale juive », déclare la plaignante aux policiers. A la lecture des messages d’internautes qu’elle fournit, Tariq Ramadan serait seulement en train de subir les foudres des réseaux pro-israéliens français et étrangers. « Une ex-salafiste mythomane qui se reconvertit en beurette à chicha évaluée à 5 % d’intérêt israélien, salafiste talmudique en mission pour le Conseil représentatif des institutions juives (Crif) », indique ainsi un message posté.
Protégée par la police
Aujourd’hui, Henda Ayari fait l’objet, à Rouen où elle vit, de protection policière, selon son avocat Me Haddad. « Notre plainte est le résultat de plusieurs semaines de menaces de mort, explique-t-il. Il faut que ce sentiment d’impunité s’arrête. On ne joue plus. Toute personne qui menacera sur la Toile ma cliente risquera trois ans d’emprisonnement. »
Récemment, Nadia Daam, une journaliste d’Europe 1, avait connu le même sort sur les réseaux sociaux après avoir dénoncé dans une de ses chroniques le sabotage d’un numéro de téléphone destiné à aider les femmes victimes de harcèlement par des activistes issus d’un forum. Sa réponse avait été aussi de porter plainte.
Source :
happywheels