« Il n’y a aucune indulgence à avoir pour toute forme de racisme », Gilles Clavreul sur France Bleu Provence
Gilles Clavreul, le délégué interministériel de la DILCRA (délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme), était dans les locaux de France Bleu Provence ce matin pour parler de l’explosion des actes antisémites et racistes en 2015.
2 032 actes de racisme enregistrés en France l’an dernier, année marquée par les attentats islamistes des mois de janvier et novembre. Le gouvernement tire la sonnette d’alarme et lutte contre ce racisme ordinaire.
Gilles Clavreul est délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme (DILCRA) et a une mission, lutter contre ce bilan accablant, des chiffres même plutôt faibles par rapport à la réalité d’après lui : « On parle de 2 032 actes de racisme pour l’année dernière dans toute la France, c’est à la fois énorme, et puis en même temps, par rapport à la réalité de ce que ressentent les Français, les Provençaux, c’est pas si énorme que ça, ça ne représente pas fidèlement une réalité qui est, hélas, plus répandue et plus massive (…) Il faut aider à mieux porter plainte et mieux poursuivre car le racisme, c’est un délit, et il faut qu’il soit sanctionné comme tel. »
Les chiffres de la DILCRA (délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et antisémitisme) pointent une augmentation de 22 % de ces violences liées aux origines ou à la couleur de peau en 2015. Pour Gilles Clavreul, « Tout est grave, il n’y pas de complaisance à avoir et il n’y a pas d’indulgence à avoir pour telle ou telle forme de racisme, selon qu’elle vient de telle ou telle catégorie de population ou bien qu’elle vient d’une personnalité, ou de l’homme ou de la femme de la rue. »
Contrôle au faciès
Est-ce que le contrôle au faciès, c’est du racisme ? Pour Gilles Clavreul, y répondre est impossible puisqu’il faudrait analyser au cas par cas les dossiers des plaignants. Des victimes de ces contrôles arbitraires qui ne seraient plus seules selon lui, car « Il y a désormais la possibilité pour tout citoyen de saisir directement l’Inspection générale de la police nationale (la Police des polices). Contrairement à une légende que certains entretiennent, on n’est pas du tout clément avec les policiers qui abusent de leur autorité (…) Il faut avoir le courage de porter plainte et de faire les signalements, sinon, on parle en l’air ».
Condamner les discours de haine
806 actes antisémites ont été recensés tandis que les actes anti musulmans ont triplé après les attentats du mois de janvier, notamment contre la rédaction de Charlie Hebdo, une augmentation de 223 % pour 429 actes recensés.
Et ces actes, seraient-ils influencés par les discours des politiques d’extrême-droite, comme le débat autour du porc à la cantine, pour Gilles Clavreul ? « Je sais pas si c’est du racisme, mais c’est un coup politique dans ce que le mot politique à de moins noble (…) Pourquoi créer un problème là où il n’y en avait pas? Lorsqu’un élu agit d’une façon qui apparaît, de façon évidente, comme une stigmatisation voire comme un esprit de vengeance, il sert qui et quoi ? Il satisfait telle ou telle clientèle électorale, mais il dégrade sa fonction quand il fait ça, ce ne sont pas des comportements acceptables. »
Combattre le racisme au quotidien
Des actes de violence, il y en a notamment à Marseille, où, au mois de janvier dernier, un enseignant juif a même été blessé lors d’une agression à la machette. Juste avant de répondre aux auditeurs, Gilles Clavreul met un point d’honneur à ce que le racisme ne soit pas banalisé : « C’est la fermeté et l’impunité zéro, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de petit racisme, il n’y a pas de racisme ordinaire et il n’y a pas d’acceptation à avoir, de tolérance à avoir vis-à-vis deces « petites insultes » du quotidien car elles font en réalité terriblement mal ».
Et justement, ces insultes, ces comportements racistes du quotidien, Hassan, un auditeur d’origine maghrébinequi souffre souvent de racisme, en est témoin. Mais cette fois-ci, ce n’est pas contre lui que l’agression est dirigée, mais contre une femme « Française de souche » comme il dit. Le week-end dernier, Hassan fait un plein de courses au supermarché avec sa femme et son fils. Là, une dame, qui a l’air, toujours selon Hassan, d’être une « Française de souche », se fait dépasser dans la file, à la caisse, par une autre femme, d’origine maghrébine. Elle lui fait alors remarquer ce manque de courtoisie, avant d’être verbalement agressée par cette femme impolie, insultée sur le fait d’être « blanche ». Elle décide alors de prendre à partie une autre femme, de couleur noire, qui a assisté à la scène, pour rétablir la vérité. Mais au lieu de la défendre, cette dernière soutient la femme violente. Hassan dénonce ce communautarisme violent, ce à quoi répond Gilles Clavreul. « On a une France, et ce pour beaucoup de raisons (…) inquiète. Et par rapport à ça, nous avons des courants idéologiques identitaires qui jouent sur les peurs, les amalgames et les stéréotypes et qui attisent les préjugés et les comportements tels que ceux que vous avez décrits. (…) C’est vrai de l’extrême-droite identitaire, c’est vrai aussi de courants islamistes qui sont tout aussi des identitaires (…) Ils encouragent des comportements de rejets, des comportements de revanche. »
source :
https://www.francebleu.fr/infos/societe/le-delegue-anti-racisme-du-gouvernement-dilcra-sur-france-bleu-provence-1456854533