Goldnadel : «Le RN a rompu avec l’antisémitisme, tant mieux !»

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FIGAROVOX/CHRONIQUE – Notre chroniqueur regrette les critiques du Crif, après la visite de Jordan Bardella et Marion Maréchal à Israël, qui a accusé le RN d’instrumentaliser la lutte contre l’antisémitisme. Il faut plutôt, selon lui, se réjouir qu’Israël et les Juifs aient un ennemi de moins.
Il s’agit de l’un des combats les plus essentiels de ma vie : montrer que l’antisémitisme a changé de trottoir. Qu’il est passé de droite à gauche. Il y a encore quelques mois, je me serais donné peut-être encore la peine de développer ; depuis le 7 octobre, j’enfoncerais des portes béantes et multiplierais des banalités. C’est donc après une énième polémique surréaliste sur une affiche immonde de La France Insoumise et l’agression du rabbin d’Orléans par un adolescent se tenant pour palestinien que Jordan Bardella et Marion Maréchal se sont envolés vers Israël pour participer à un colloque sur l’antisémitisme. Les réflexions qui vont suivre se veulent très personnelles.
Je tiens tout d’abord à émettre une observation sans doute inutile, voire déplacée : je n’ai pas de liens privilégiés avec le Rassemblement national, mais je constate avec satisfaction son évolution et même sa rupture avec un passé antisémite qui ne passait pas, depuis que Marine Le Pen a succédé à son défunt père. En réalité, j’observe que ce sont l’ensemble des dirigeants de droite qui ont une attitude irréprochable depuis le 7 octobre à l’égard tant du terrorisme du Hamas que d’un parti antisémite haineux. Qu’ils se nomment Bellamy, Bardella, Ciotti, Zemmour ou Retailleau. Manuel Valls me pardonnera de l’ajouter à cette courte liste. Dès lors , on pouvait espérer qu’enfin on sortirait du cercle vicieux de l’irrationnel et que l’extrême gauche détiendrait désormais sans plus aucun partage le titre tant mérité d’antisémite patenté. Ce qui l’isolerait encore davantage dans le cadre d’un cordon sanitaire d’urgence vitale.
Or, il s’est passé deux événements qui m’auront profondément navré. Le premier se sera déroulé lors de la visite de Jordan Bardella et Marion Maréchal à Yad Vashem. La députée européenne a tenu à rendre hommage à Rolande Birgy, titulaire de la médaille des Justes pour avoir sauvé des enfants juifs au péril de sa vie. Il s’est trouvé en France des gens pour flétrir sa mémoire sous le double et infâme prétexte qu’après la guerre, elle fut militante au Front national et, en tant que chrétienne, opposante pacifique à l’IVG. Pour un peu, ce serait Simone Veil qu’elle insulterait ! Terrible époque de sottise et d’intolérance où il ne serait plus permis d’avoir en conscience sa propre opinion sur l’avortement. L’auteur de ces lignes qui lui est favorable ne le considère pas moins comme un drame.
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À ce stade de réflexions très personnelles, j’aurais une tendre pensée pour Madeleine Lacroix qui sauva à Vire le petit Jacques Goldnadel des flammes de l’enfer sur terre, tandis que sa mère Régine, sœur de mon défunt père, partait pour Auschwitz à jamais. Pour ce sauvetage tant périlleux, elle reçut elle aussi la médaille des Justes de Yad Vashem à l’âge de 100 ans. Hélas à titre posthume, car elle mourut deux jours avant… Je bénis ici son souvenir, en me fichant éperdument de savoir sa couleur politique ou sa position sur l’avortement. La vie est plus complexe que ne se l’imaginent nos simples d’esprit. Je bénis pour le même prix la mémoire de Jan Karski, aristocrate polonais et un temps antisémite qui, apprenant ce qui se déroulait dans les camps, partit séance gênante pour tenter de convaincre en compagnie des dirigeants du Congrès juif mondial les responsables américains de la réalité des atrocités hitlériennes. Et encore Colette Privat, député communiste de Rouen, qui fit tout pour combattre l’antisémitisme tristement classique dans les écoles normandes des années soixante.

Mais un autre événement est survenu, à mes yeux pourtant habitués à la pensée conformiste et courtisane, encore plus contrariant. Les pieds de Jordan Bardella et Marion Maréchal n’avaient pas encore foulé le tarmac de Roissy que le Crif faisait savoir que les dirigeants du RN ne seraient toujours pas les bienvenus à son dîner annuel qui représente son événement emblématique principal sinon unique. Autrement dit, un président qui a refusé de défiler contre l’antisémitisme par peur des banlieues islamisées sera l’invité d’honneur, tandis qu’une présidente qui a défilé au pire moment contre ses crimes et défend à présent les Juifs français menacés et l’État juif en danger sera interdite de cité. Incurable cécité.
J’écris ces dernières lignes d’une main ferme mais le cœur peiné en tant que Juif Français et avec une certaine solennité, ès qualités de président d’honneur de l’association France-Israël, qui n’est pas une association communautaire mais nationale. Elle fut créée par des personnalités aussi diverses que Gaston Doumergue et Maurice Ravel. Elle s’appelait autrefois France-Palestine. Difficile de mieux montrer comment certains combats, notamment sémantiques, ont été perdus sans combattre. Avec des conséquences catastrophiques. C’est avec ce souci en tête que lorsque j’ai eu l’honneur de succéder au regretté Amiral Darmon, j’ai créé cette devise : «Quand je défends la France, je défends Israël. Et quand je défends Israël, je défends la France». Se joue en effet sous nos yeux un combat existentiel pour les deux pays et les deux peuples. Au-delà de l’idéologie des partis et des médias d’extrême gauche, le peuple français a très bien compris au lendemain du 7 octobre qu’il était dans le même bateau que le peuple juif dans son État-nation occidental détesté.

Il y a deux décennies, j’ai fait reproche fraternel à ceux qui prétendent représenter les Juifs français de favoriser une immigration massive et invasive, en n’étant pas suffisamment pugnace contre une extrême gauche qui contestait délibérément le droit du peuple français à avoir lui aussi des frontières sûres et défendues. On sait aujourd’hui combien cette cécité a été tragique et dolosive, d’abord, mais pas seulement, pour la population juive. J’espère qu’il n’est pas trop tard. Mais il est tard.
Source
Le Figaro

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2 Commentaires

  1. ZeeV dit :

    Mais la gauche n’est pas d’accord… Parce qu’elle estime que c’est elle qui décide qui est « facho » ou ne l’est pas…

  2. David92 dit :

    N’avons nous pas assez d’ennemis pour rejeter ceux qui nous défendent depuis des années ?
    Parmi le RN il y a sûrement des antisémites et parmi nous n’y a t il pas des antisionistes ?

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