Goldnadel: «Le péril d’extrême droite ou la grande diversion de l’extrême gauche»

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Je viens montrer une nouvelle fois dans cette chronique ce que je ne cesse de soutenir inlassablement : en France, le premier danger politique qui menace la démocratie, les libertés publiques et individuelles, la prospérité, la souveraineté territoriale, la justice impartiale, la lutte contre l’islamisme et l’antisémitisme, habite à l’extrême gauche. Cette conviction fermement rappelée, arrive une précaution nécessaire et même indispensable afin d’éviter de voir ma pensée caricaturée. Bien entendu, il existe toujours une extrême droite – hors de la représentation parlementaire actuelle – qui ne se caractérise ni par son amour de la démocratie ni par son philosémitisme exacerbé, mais celle-ci, discréditée, présente un caractère résiduel depuis la Libération. Rien à voir donc, ni de près ni de loin, avec les bataillons de l’extrême gauche dans la rue en termes quantitatifs, ou avec sa puissance médiatique, judiciaire et universitaire en termes qualitatifs.

Il se trouve que la période actuelle se caractérise par une contestation particulièrement puissante et décomplexée de l’extrême gauche encore en majesté. Ce sont tout autant la bataille des idées que la déploration des réalités, plus puissantes encore que l’idéologie gauchisante, qui expliquent cette sévère et récente constatation. Les conséquences sécuritaires et identitaires de l’immigration massive et de l’islamisme antisémite qu’elle soutient, les exactions urbaines des Antifas des écolos-violents à Saintes Soline ; les folies intolérantes du «wokisme» ; les comportements extravagants de parlementaires peu respectueux, expliquent qu’une extrême gauche de plus en plus contestée peut commencer à sentir autour de son cou l’étreinte d’un cordon sanitaire qu’hier encore elle était habile à manier.
Et c’est précisément dans la même période, par un hasard cosmique, que l’on voudrait tenter de nous faire croire que la France serait menacée de manière imminente par une extrême droite périlleuse. Je ne sais, je l’avoue, faire l’exacte part entre le délicieux fantasme gauchiste du retour du fascisme et la diversion délibérée autant que cynique pour se faire oublier. Encore que les deux ne soient en rien incompatibles. Une chose est certaine, dans la période actuelle de déclin moral et intellectuel de l’extrême gauche, on aura assisté à des tentatives judiciaires et médiatiques pour nous faire croire qu’il existe une dangereuse ultra-droite déterminée et capable de faire tomber la République.
La pensée dominante est-elle de gauche ou de droite? «Le problème qui se pose est celui de la
Ainsi, le procès des «Barjols» qui s’est déroulé en février dernier a montré que contrairement à ce que l’on avait réussi à faire croire, il ne s’agissait pour la plupart que de personnes aussi velléitaires que ridicules. Neuf sur treize ont d’ailleurs été totalement relaxés. Bras cassés est l’expression triviale que je ne peux me retenir de consacrer. Dans un domaine différent mais voisin, que je suis bien placé pour connaître comme avocat, les généraux à la retraite qui avaient publié une tribune pour alerter des périls réels qui menaçaient la France et présentés comme «factieux» auront finalement été sanctionnés par un rappel à l’ordre platonique pour simple manquement à l’obligation de réserve. Cette condamnation est à des années-lumière du putsch qu’ils avaient été accusés d’avoir incité par une certaine presse progressiste.
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Plus près de nous, j’ai consacré une chronique à ce numéro fantasque autant que révélateur de Libération qui prétendait que des pogromes anti-maghrébins menés par l’ultra-droite s’étaient déroulés dans plusieurs villes de France, au lendemain du match de football France-Maroc. Mais dans la dernière période, la diversion fantastique aura battu son plein de manière accélérée. On le voit notamment avec l’affaire de la démission du maire de Saint-Brévin les Pins. Le malheureux édile local aura été contraint de raccrocher son écharpe tricolore après que des inconnus aient incendié son domicile. La piste de l’ultra-droite est, quoiqu’incertaine, légitimement privilégiée au regard des menaces reçues et des manifestations qui se sont succédées à la suite de l’installation d’un centre de migrants jouxtant l’école communale.

Mais ici encore la focalisation sur ce fait condamnable aura illustré l’instrumentalisation, l’amalgame et la diversion. L’instrumentalisation est un concept et vocable cher à l’extrême gauche. Ainsi, l’assassinat de la petite Lola par une étrangère sous OQTF et la constatation évidente que la vie de la petite fille aurait été épargnée si la loi avait été respectée, avait été tenu pour une exploitation indécente d’un fait divers par une large partie de la gauche politique et médiatique. Tandis qu’un incendie heureusement sans victime par des inconnus peut être exploité politiquement ad nauseam sans être taxé d’instrumentalisation. D’autre part, il y a un amalgame entre incendiaires criminels et manifestants pacifiques ou partis politiques protestants légalement contre l’instauration d’une immigration massive et forcée dans les campagnes. Diversion enfin, pour faire oublier tous ces élus qui récemment autant qu’impunément ont vu leurs domiciles et leurs locaux électoraux saccagés ou encore coupés de leur électricité par des militants politiques ou syndicaux qui ne venaient pas de l’extrême droite.
Il n’aura pas été constaté la même indignation ciblée. Le savoir-faire médiatique impressionnant de la gauche extrême aura fait merveille jusqu’à donner au gouvernement de mauvais conseils. Une récente et petite manifestation de l’ultra-droite mettant en scène une poignée de militants casqués fascisants, ni sympathiques ni avenants, aura donné lieu à un psychodrame antifasciste dont la gauche extrême garde le mystère. Le préfet, curieusement impressionné, a cru devoir dans la foulée interdire la traditionnelle manifestation de l’Action française en hommage à la Pucelle d’Orléans. Fort logiquement, le tribunal administratif y a vu une atteinte à la liberté de manifester. Si à chaque manifestation de l’extrême gauche, la haute prévisibilité d’y trouver des Antifas violents donnait lieu à une interdiction préalable, il n’y aurait plus de manifestations d’extrême-gauche en France avant longtemps.

Ainsi et enfin, le 7 mai, le ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye était interviewé sur France 3. Celui-ci est sur la sellette. Sa proposition de réforme a accouché d’une souris. Ses velléités d’appliquer au secteur privé les recettes diversitaires du public, qui ont entraîné un désastre éducatif, l’ont placé sur la défensive. Sans parler d’un style qui ne se caractérise pas par un charisme excessif ou de ses idées communautaristes qui tranchent cruellement avec l’universalisme républicain de son prédécesseur. Dans le cadre de cette interview, le journaliste lui montre la couverture de Valeurs actuelles qui le présente dans le cadre du numéro qui lui est consacré comme le «ministre de la déconstruction». Suivent des articles documentés, argumentés, sans aucune aménité, mais sans haine agressive.
Et plutôt que de répondre sur le fond, le ministre a préféré emprunter l’injurieuse diversion. Contrairement au président de la République, il ne parle pas à «l’extrême droite». Bien plus grave et judiciairement répréhensible, le ministre associe l’hebdomadaire de droite à l’infâme «Gringoire» ayant fini sa triste carrière sous Vichy et fait son lit dans la collaboration. Pap Ndiaye ignore que le journal qui devint Valeurs actuelles avait, comme le rappelle dans son éditorial de cette semaine François d’Orcival, été fondé par Paul Lévy avant guerre, s’interrompît sous l’Occupation et réapparut en 1947. C’est également ignorer que ce fut le très philosémite Raymond Bourgine qui poursuivit l’entreprise avec les mêmes valeurs en lui donnant son nom actuel.
Le ministre n’aurait évidemment pas réservé le même sort à l’Humanité qui, elle, en Juin 1940, publia un numéro avec l’agrément de la «Kommandantur», en souhaitant la bienvenue aux troupes d’occupation. Ces militants du PCF, soutenant le pacte germano- soviétique entre Staline et Hitler, moquaient «Juif Moch» et «Juif Mandel» dans cette même édition. Quand j’évoque une grande diversion…
Source
https://www.lefigaro.fr/vox/societe/goldnadel-le-peril-d-extreme-droite-ou-la-grande-diversion-de-l-extreme-gauche-20230515

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