Georges Bensoussan : lâché par les juifs de cour, innocenté par la justice
par Sarah Cattan
Même un euro symbolique eût été un désastre. Mais la justice en France a fait le job. Elle a confirmé le jugement en première instance: Georges Bensoussan est relaxé.
Pour les raisons maintes fois dites, ce procès fera date. Il fera d’autant plus date lorsque tous sauront ce que par euphémisme nous nommerons « le Georges Bensoussan me rappelle les notables israélites français lors de l’Affaire Dreyfus.
Le différend de Georges Bensoussan avec Jacques Fredj,
l’actuel directeur du Mémorial de la Shoah et ses supérieurs, m’a ramenée aux comportements des notables israélites français lors de l’Affaire Dreyfus.
Dans ses Souvenirs sur l’Affaire, Léon Blum écrivait que les Juifs de l’âge de Dreyfus s’exaspéraient à l’idée qu’un préjugé hostile vint borner leurs carrières irréprochables. Que dans l’ensemble, les attitudes des Juifs de France allèrent du silence des uns à la prudence des autres, en passant par l’engagement passionné de quelques très rares[1]. Le Consistoire central fera montre d’une action très timide et le grand rabbin de France de l’époque[2] limita sa prise de position, sous couvert du devoir de réserve, laissant le seul rédacteur en chef[3] du journal juif l’Univers israélite défendre la cause d’Alfred Dreyfus. Une prudente expectative de la communauté juive donc.
Das Ende, un article de Moïse Ginsburger[4], publié le 12 juillet 1906 lorsqu’Alfred Dreyfus fut réintégré dans l’armée, dit précisément que si l’affaire alla jusqu’à ce point d’importance, c’était que depuis des siècles les Juifs étaient habitués à ce que la faute d’un d’entre eux engageât la responsabilité de leur collectivité. Que donc si Dreyfus était un traître, alors tous les Juifs étaient aussi des traîtres[5]. Que la faute d’un Juif retombait sur toute la collectivité juive.
Je te parle bien, Lecteur, de l’Affaire Dreyfus dont le Times de Londres écrivit que ce fut le plus grand et le plus épouvantable outrage fait à la justice de notre temps. Ajoutant que tout le monde civilisé tremblait de terreur et de honte. Que la France avait maintenant à répondre devant l’histoire[6].
L’Affaire Georges Bensoussan est-elle comparable à L’Affaire Dreyfus
L’Affaire Georges Bensoussan est-elle comparable à L’Affaire Dreyfus. Outre le questionnement que posa l’improbable attelage de ceux qui rejoignirent le CCIF pour faire asseoir l’historien respecté sur le banc-même qui jugea un Dieudonné ou un Soral, outre le fait que le Parquet interjeta appel de la relaxe qui fut prononcée, outre que lors du procès en appel l’avocat de la LDH n’hésita pas à qualifier de pré-génocidaires les propos reprochés à l’historien, ne voilà-il pas que le Mémorial de la Shoah lâche officiellement celui qui y travaille depuis plus de 25 ans : Juste un contrat non reconduit, nous diront les membres de la direction de cette Institution. Acculés à reconnaître qu’à Georges Bensoussan, ils retirèrent peu à peu ses fonctions de formateur auprès de policiers, magistrats et professeurs, qu’ils ne répondirent pas favorablement au vœu de l’intéressé de poursuivre dans l’exercice de ses fonctions après la mise en retraite automatique de l’Education nationale dont il dépend, lui intimant en quelque sorte de se taire, reprochant enfin à cet islamophobe de ternir l’image du Mémorial : il ne devait pas, nous fut-il dit, engager le Mémorial en s’exprimant comme il le faisait. En oubliant qu’Alain Finkielkraut l’avait invité au micro de France Culture pour la nouvelle édition des Territoires perdus de la République. Et que c’est à ce titre seul qu’il s’y exprima.
Pas de simples désaccords
Certes, il n’est pas d’Institution sans désaccords. Souvenons-nous de ceux nés de la visite d’Emmanuel Macron au Mémorial de la Shoah le 30 avril 2017, visite dénoncée de concert par Alain Finkielkraut, William Goldnadel et Barbara Lefebvre qui refusèrent qu’on fît de l’extermination des Juifs un argument de campagne et de la Shoah un thème électoral et pointèrent l’indécence du lamento sans larme des politiciens[7] escortés de tout le gratin communautaire qui se pressait servilement autour d’un candidat à la présidentielle à sept jours du scrutin, propos auxquels François Heilbronn répondit en évoquant cette petite musique aigre qui circulait de Causeur au Figaro.
De tels points de désaccords pouvaient ici faire l’objet de débats fondés.
Nous escomptions le soutien sans faille du Mémorial à celui qui, le premier, avait dit la vérité
Tout de même. L’Affaire Georges Bensoussan. Est-il seulement permis de penser un instant qu’elle mît le Mémorial de la Shoah en question. Et qui pouvait douter du soutien de l’Institution à son Responsable éditorial ?
Rappelons que se jugèrent au tribunal[8], en première instance puis en appel suite à la relaxe de Georges Bensoussan les propos de l’historien sur France Culture[9] lorsqu’il évoqua cet autre peuple au sein de la nation française, et cet antisémitisme atavique tu comme un secret, citant à l’appui de ses propos (mais non verbatim) le sociologue français (d’origine algérienne) Smaïn Laacher qui, en substance comme les audiences l’ont depuis démontré, disait la même chose mais en usant d’une autre métaphore. Ni essentialiste. Ni biologique. Culturelle et seulement culturelle.
Depuis, que de musulmans ont confirmé ces propos… De Boualem Sansal à Kamel Daoud et Fethi Benslama, en passant par Riad Sattouf ou un Mohamed Sifaoui confronté par la présidente du tribunal lors du premier procès à l’un de ses propres textes, mais encore à l’admirable Zineb El Rhazoui[10] et à la sociologue proche du Parti des Indigènes de la République, Nacira Guénif qui, elle, nous expliqua lors du procès[11] que les mots Ihoudi Hashak (qu’on pourrait traduire de l’arabe par « Juif, excusez-moi d’employer ce mot »…) était une expression populaire et anodine, et en rien la marque d’une matrice culturelle antijuive.
Rien n’y fit. On reprocha à l’historien d’avoir usé d’un classique de la rhétorique raciste, d’avoir emprunté à un Drumont et de stigmatiser. Bref on l’affubla de la pire opprobre qui fût en ces jours : islamophobie.
Or, Georges Bensoussan avait été parmi les premiers à avoir nommé les choses et le Manifeste contre le nouvel antisémitisme[12] n’était-il pas né, aussi, de l’autopsie que mena l’historien qui avait dirigé en 2002 les Territoires perdus de la République ?
Ainsi, approuver le Manifeste comme le fit François Heilbronn avec une liste de signataires et en même temps désavouer celui qui en était le précurseur avait quelque chose de questionnant.
Quoi. Pousser silencieusement Georges Bensoussan à la porte en arguant du fait, juridiquement exact, qu’il ne s’agit que d’une non-reconduction de son contrat. Lui retirer la plupart des formations qu’il faisait en France mais l’autoriser à en faire en Lituanie, au Portugal et au Sénégal en prétextant des problèmes de budget, comment faut-il donc le comprendre ? Une querelle de classe où des Juifs de cour, chevaliers preux se battant depuis trois semaines contre l’antisémitisme arabo-musulman mettraient de côté le gêneur que serait Bensoussan engagé, lui, dans ce combat depuis seize années ?
Quoi. Lui demander dès octobre 2015 qu’il réservât désormais sa parole au seul sujet de la Shoah.
Quoi. Signer donc le dit Manifeste et cautionner en même temps sa discrète mise à l’écart en escomptant sur ce silence dont tant s’accommodent et que Georges Bensoussan demanda à rompre. Révolté qu’il était que l’Institution en question eût pu lui proposer pour édulcorer la violence de son éviction une fête de départ et la médaille du travail…
Quoi. Que s’est-il ici passé ? Georges Bensoussan se retrouve-t-il écarté par des élites juives parisiennes comparables à celles de la fin du XIXe siècle et que décrivit si bien l’historien Cyril Grange[13], lorsqu’il évoque une véritable micro-société où priment le poids des secteurs financiers et celui du négoce.
Quoi. Le sépharade est-il écarté par l’establishment ashkénaze de cette mémoire ? Lui dont l’un des membres de cette direction m’expliqua qu’il avait signé Les Territoires perdus du pseudonyme d’Emmanuel Brenner, séfarade complexé (sic) qu’il était.
Quoi. Tout cela n’évoque-t-il pas en vous le paternalisme du XIXème siècle ? Tout cela n’interroge-t-il pas sur des accointances avec le pouvoir en place ? Détestables lorsqu’elles vous amènent à trahir et à choisir l’arbitraire. L’injuste. L’injure à force de lâcheté. La lâcheté face à un supposé anarchiste qui aurait fait trop de bruit en disant les choses telles qu’elles sont. Cette lâcheté qui emprunte à ces vieux mécanismes des israélites français qui auront trahi pour des raisons de classe depuis l’Affaire Dreyfus jusqu’aux missives adressées au maréchal Pétain en 1940. Voire jusqu’à l’UGIF de 1941.
Quoi. La vanité sociale peut-elle aller jusque-là ?
Quoi. Tout ça pour ne pas fâcher la communauté musulmane ? Elle qu’on injurie de facto en la pensant incapable d’honnêteté intellectuelle et de remise en question.
Quoi. Oublier que si l’on faisait taire Georges Bensoussan, plus personne ne pourrait parler librement. Le procès de Georges Bensoussan est hautement symbolique. Le lâcher en catimini, presque honteusement comme le montre le silence dont on veut entourer ce départ, pave le chemin de la défaite finale des Juifs de France. Le déshonneur en plus.
Réfléchissant à tout ça, après avoir longuement écouté Georges Bensoussan, j’ai entendu ceux qui lui avaient exprimé publiquement leur soutien : Ça les dérange. Le Mémorial, c’est une structure pyramidale, et ce qui pour eux est problématique est de courir le risque d’être identifié avec quelqu’un qui apparaît comme islamophobe, ce qui risquerait de compliquer leur travail : là est leur argumentation essentielle », me dit ce haut responsable de la communauté juive, rappelant que « jamais l’institution n’eut aucun geste pour soutenir l’historien ». Rapprochant « cette réticence à le soutenir de l’absurdité totale qui fit que la Licra de Jakubowicz se rangea aux côtés du CCIF, grave faute s’il en était », insistant sur « la force de Georges Bensoussan, celle d’avoir toujours dit les choses en les nommant, sans jamais s’encombrer de circonlocutions, ce que justement on ne pardonnait pas à celui qui dénonça, s’appuyant sur des documents d’archives, le mythe de l’idylle entre Juifs et musulmans d’Afrique du Nord ». Louant le travail immense de « cet observateur de la situation actuelle qui refusa de céder au politiquement correct. Le seul rôle du Mémorial c’est de dire les choses. C’est ce que Bensoussan a fait », conclut-il.
Et puis aussi les lâcheurs.
L’un des trois dirigeants du Mémorial me répondit combien on y aimait (sic) Georges Bensoussan et combien était remarquable le travail qu’il avait abattu.
Pour justifier sa non-reconduction, en termes plus clairs sa mise à l’écart, il prétexta des difficultés financières. Mais aussi son évolution. On me rappela que la règle au Mémorial était de ne jamais s’exprimer au nom du Mémorial : « On demande une neutralité politique totale » me déclara sans gêne celui qui vient de signer la tribune du Parisien (22 avril 2018), rédigée par Philippe Val, l’un des trois témoins de Georges Bensoussan au procès en appel (29 mars 2018). Comprenne qui pourra.
On m’expliqua encore que L’Affaire fut l’occasion du premier différend entre l’Institution et l’Historien (ce qui est faux) auquel il fut dit qu’il avait déconné mais que, grands seigneurs toutefois, on ne l’avait pas renvoyé.
On me parla de chantage. De piège. De manipulation exercée par cet « historien très convaincant ». Motivé qu’il serait par des raisons bassement matérielles. J’entendis même que Georges Bensoussan aurait tout fait pour avoir ce procès : « Ça lui a fait un statut ». Lui qui, oublieux de son combat respectable, serait rentré dans « une sorte de quête narcissique. Ne tombez pas dans un piège », me fut-il donc intimement … conseillé.
En somme. Une affaire dans l’affaire? Mais si déshonorante pour ceux-là. Si éloquente.
Fussent-elles de seulement quelques-uns, il est de ces compromissions qui vous tâchent à jamais.
Georges Bensoussan peut sortir la tête haute du Mémorial
[1] Joseph Reinach, Mathieu Dreyfus ou Bernard Lazare qui publie le 6 novembre 1896 à Bruxelles Une erreur judiciaire, la vérité sur l’affaire Dreyfus.
[2] Zadoc Kahn.
[3] Isaïe Levaillant.
[4] Article paru le 19 juillet 1906. Die Strassburger Israelitische Wochenschrift.
[5] Ist Dreyfus ein Verrter, so sind aile Juden Verrâter.
[6] Citations extraites de la presse du Reichsland[6].
[7] Barbara Lefebvre, Causeur.
[8] Le procès se déroula le 25 janvier devant la 17e chambre du tribunal de grande instance de Paris. Et la relaxe fut rendue le 7 mars.
[9] 10 octobre 2015. Emission Répliques. Animée sur France Culture par Alain Finkielkraut.
[10] Cachez cet antisémitisme musulman que je ne saurais voir. L’Obs. 29 avril 2018.
[11] 25 janvier 2017.
[12] Le parisien. 21 avril 2018.
[13] Conférence donnée à la Sorbonne dans le cadre du cycle de conférences Paris, de la Restauration à la Grande Guerre. 13 décembre 2016. Auteur de : Une élite parisienne : Les familles de la grande bourgeoisie juive (1870-1939), CNRS Editions.
Sarah Cattan
Source :
relire l’article LES COCUS COMPTEZ VOUS ! du 30 Mai 2017
http://www.liguedefensejuive.com/les-cocus-compter-vous-2017-05-30.html
Sarah Halimi est morte le 4 Avril 2017.
Le 30 Avril 2017 Macron visite le Mémorial de la Shoah en pleine campagne électorale pour les présidentielles. Il ne dit pas un seul mot pour condamner le crime de Sarah Halimi par un musulman fanatique pour ne pas perdre une partie de son électorat.
Une seule femme politique le fera : Marine Le Pen.
Pourriez vous nous communiquer les salaires des dirigeants du Memorial de la Shoah de Paris ? Merci
Jacques fredj le durecteur
10 000 euros mensuels net
C’est un salaire énorme… Et ceci grâce aux souffrances indicibles des Juifs de France assassinés durant l’Occupation ; je suis choquée !
Total soutien à Monsieur Bensoussan.
1 français chrétien sioniste.
c’est une honte !! il n’avait pas sa place là bas
ah bon, pourquoi ?
Les juifs de cours j’adore l’expression ^^
« On demande une neutralité politique totale » il y en qui ferait mieux de la fermer.
Celui qui se bat c’est celui a qui il reste de l’honneur ou qui n’a plus rien à perdre. Ces juifs de cours ont encore beaucoup trop à perdre pour défendre l’honneur et l’intégrité physique des Français de confession juive.
À ce jour je me suis désabonné du mémorial de la Shoah, pour ne pas avoir soutenu Monsieur BENSSOUSSAN et l’avoir trahi . Je ne pardonne pas.
« la Licra se rangea aux côtés du CCIF »
put1, carrément ?!!
Ou est mon commentaire ? DANS L’HISTOIRE DE LA DIASPORA, LES JUIFS DE COUR ONT SOUVENT UN RÔLE DE DEFENSEUR DE LEUR COMMUNAUTË, SOUVENT AU DËTRIMENT DE LEURS INTËRÊTS, ALORS QUE CEUX D’AUJOURD’HUI SE COMPORTENT TOUT SIMPLEMENT COMME DES JUIFS, NON DE COUR, MAIS DE BASSE COUR.
on ne dit pas qu il vit sur les cendres de notre peuple ! Vous êtes maboules . !!!!! Je deglingue celui qui dit ça ! Un feuj reste soudé avec son peuple ,sans faille ( le salaire de Mr fredj est fixé par l état ) . Et en même temps je remercie Mr bensoussan que je connais . Je nique la licra
Pas de doute de ma part sur ma joie de victoire de Georges bensoussan .mais vraiment on s en tape du salaire de fredj . L important est le rôle de mémoire et de lutte contre le négationnisme et les témoignages archives . Donc je peux pas rentrer dans cette politique . Dsl
L’histoire de BENSOUSSAN, c’est l’histoire de tous les sepharafes qui sont des bons éléments mais qui sont ouvertement et l’air de rein,dénigrés par les ashkenazes communautaires qui se vivent comme une élite et qui se passent les postes entre eux.
Le problème c’est que les sepharades refusent de se confronter à cette réalité, même si chacun en fait les frais, un peut comme certains blacks que spike lee montre lui même dans ses films.
Ils ne comprennent pas qu’au délà de leur incapacité à se montrer solidaires et combatiifs ils participent à ce ventre mou communautaire qui donne toutes les chances aux mariages mixtes et aux assimilations.
C’est dommage, tragique, le peuple juif ne peux exister que si ces membres sont courageux et intègres.
Non Haimm PB 67, on ne se tape pas surtout du salaire de fredj, que croyez vous? d’où vient cet argent? qui a décidé du montant de son salaire? Est ce qu’il travaille à bon escient ? Vous êtes loin de la transparence qui doit exister dans le monde associatif? Vous êtes aussi corrompu.
Soit dit en passant, son épouse travaille au casip, également bon poste.
Il y en a beaucoup de « couples communautaires », c’est juste inacceptable!
Donc, quant on est un « couple qui vit sur la communauté », on devrait être plus exemplaire encore, plus intègre;
Bensoussan a menè son combat pour les juifs mais pas pour ce semblant de communauté.
Bravo et merci pr votre courage magnifique de votre combat pr la verite Mr Bensoussan;
Les juifs de cours n ont pas de coU..