GAP/LARAGNE MONTEGLINSix mois avec sursis pour des injures antisémites

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Ambiance pourrie, contexte difficile, climat détérioré. Voici la description faite de la résidence Les Hauts Escluzeaux, à Laragne-Montéglin. Théâtre d’une banale dispute de voisinage le 3 juin, qui s’est terminée devant le tribunal correctionnel de Gap, hier.
Une dispute éclate entre deux voisines, elles ne s’entendent plus depuis que leurs filles se sont disputées à l’école. Les gendarmes interviennent, Simon Porte, compagnon de l’une et le prévenu, ex-compagnon de l’autre, aussi.
« Votre compagne vous appelle. Une autre personne qui vous connaît le lui déconseille, lui disant que “ça va mal tourner” et ça a mal tourné », s’adresse la présidente au prévenu.
Dans le box, le prévenu, un homme âgé de 45 ans, reste impassible. Il comparaît pour menaces de mort réitérées à caractère religieux. L’homme vit à Sisteron, et est séparé de sa compagne avec qui il a eu trois enfants. Il a à son actif six condamnations pour faits de violence.
Quand il lui est reproché d’avoir proféré une première fois, ce 3 juin “Sale juif, je vais te crever” à l’attention de Simon Porte, il répond : « J’étais tellement en colère, je ne me souviens plus ». Même réponse, quand la présidente le cite : “Je baise les Israélites, je ne serai en paix que quand lui, sa femme et ses gosses seront enterrés. […] On n’est plus au temps de la guerre et ils [les juifs] n’ont plus l’impunité”.
Des paroles proférées les 12 et 14 juin, dans l’enceinte de la gendarmerie de Laragne.
Les citations s’enchaînent « J’ai dû le dire », répond-il. « J’étais en colère, et quand je suis en colère je dis n’importe quoi. […] J’étais menacé, mes enfants étaient menacés, madame ». Un argument qu’il ne cessera de répéter jusqu’à ce que la présidente le presse.
Un voisin dans sa déposition a cité l’homme : « “Je vais aller à Marseille chercher les kalach et je vais tous vous niquer” que répondez-vous ? » « Ce ne sont que des paroles, ça ne vaut rien, j’étais énervé madame. » « Aujourd’hui ce qu’on vous reproche ce sont des paroles, vous comprenez ? », lâche la présidente. L’homme, timidement concède.
Le prévenu avait reçu des menaces
Il tente de se justifier par ses accès de colère, mais aussi par des menaces écrites qu’il avait reçues, coincées aux volets de son appartement, près d’un an plus tôt.
Le 22 août 2014, son ex-compagne, la même qui l’a appelé à la rescousse, et lui portent plainte à la gendarmerie de Laragne. Ils ont découvert un carton avec l’inscription “À mort les musulmans radicaux, dégage connard, j’irai violer ta fille”.
Tous deux entendus à l’époque, n’évoquent à aucun moment, dans la liste des suspects, le couple de confession juive avec qui ils étaient alors amis.
Pourtant, au tribunal, ce sont ces menaces que le prévenu met en avant, expliquant qu’elles émaneraient de Simon Porte et de sa compagne.
L’affaire a été classée, malgré les nombreuses investigations, soulignées par Inès Delay, substitut du procureur.
« À tort ou à raison, celui-ci [se tournant vers le box] a pensé que celui-là [se tournant vers la salle où est assis Simon Porte] avait écrit les menaces », plaide Me Philip représentant le prévenu.
Finalement, le prévenu a été déclaré coupable de l’ensemble des faits qui lui étaient reprochés et écopé de six mois avec sursis et mise à l’épreuve pendant 18 mois. 18 mois durant lesquels il lui est interdit d’être en contact avec les victimes, de porter une arme et de paraître dans la commune de Laragne-Montéglin, le tout avec une obligation de soins.
Le prévenu devra verser 800 euros de dommages et intérêt et 800 euros de frais divers à la Licra (ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme) qui s’était constituée partie civile.
Le procès au civil ? Pour les victimes – Simon Porte, sa compagne et la fille de cette dernière -, il est renvoyé au 24 septembre.
source :

http://www.ledauphine.com/hautes-alpes/2015/06/16/six-mois-avec-sursis-pour-des-injures-antisemites

De gauche à droite : Me Clément, représentant la Licra, Gérard Bornand président de la communauté juive de Gap et Simon Porte, une des victimes.

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