Gallant a ordonné une puissance de feu maximale pour éliminer Mohammed Deif
Les responsables de la défense expriment un optimisme prudent : le chef militaire du Hamas et le commandant de la brigade Khan Younis, Salameh, ont été éliminés ; l’opération, approuvée sur la base de renseignements précis, a été menée avec des bombes lourdes, dont des bombes anti-bunker ; le Hamas enquête sur une « brèche interne majeure »
Par Yoav Zitun
Les responsables de la défense ont exprimé un optimisme prudent quant au fait que Mohammed Deif, le commandant suprême de l’aile militaire du Hamas, ait été éliminé lors d’une frappe aérienne sur la zone d’Al-Mawasi à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza.
Ils pensent que le Hamas va tenter de cacher la vérité sur le sort de Deif et que de nouvelles frappes israéliennes dans la région sont à venir.
La chaîne saoudienne Al Hadath a rapporté que le Hamas enquêtait sur une « grave brèche interne » qui a précédé l’attaque. Selon le rapport, Deif et d’autres hauts responsables du Hamas ont déménagé à plusieurs reprises ces dernières semaines pour échapper à la surveillance israélienne.
Les Palestiniens affirment que plus de 70 personnes ont été tuées dans cette frappe. Un responsable israélien a toutefois déclaré à l’Associated Press que la frappe était précise, estimant que de nombreuses victimes étaient des terroristes.
Le Wall Street Journal a noté que parmi les morts figuraient les gardes du corps de Deif et Salameh.
Le camp de déplacés d’Al-Mawasi, où Deif était censé se cacher, ne comportait que quelques tunnels souterrains, ce qui rendait la zone côtière, qui abrite des milliers de personnes déplacées depuis le début de la guerre, non militaire.
Le Hamas a profité de cette situation pour mettre en place un complexe sécurisé pour les terroristes, qui a été attaqué samedi matin avec divers missiles et munitions provenant d’avions de chasse et de drones de l’armée de l’air, en plus grande quantité que les tentatives d’assassinat précédentes contre de hauts responsables du Hamas.
Cinq bombes lourdes ont été larguées, dont une bombe anti-bunker, pour assurer l’élimination des deux cibles : Deif et Rafa’a Salameh, le commandant de la brigade Khan Younis et son bras droit.
Les renseignements précis fournis par les forces de surveillance et les hommes ont permis de confirmer que Deif se trouvait sur le site ciblé, au milieu des cabanes, des hangars et des palmiers. L’armée israélienne a diffusé des images montrant le site avant et après la frappe.
Les responsables de la défense estiment que l’issue de la frappe sera probablement connue dans les prochaines 24 heures, en raison de la localisation de l’opération en surface, contrairement aux précédentes tentatives d’assassinat contre des personnalités du Hamas qui se cachaient sous terre.
Marwan Issa , ancien adjoint de Deif et troisième responsable du Hamas dans la bande de Gaza, a été tué lors d’une frappe israélienne contre un tunnel souterrain dans lequel il se cachait dans le camp de réfugiés de Nuseirat, dans le centre de Gaza. L’armée israélienne a officiellement confirmé son assassinat plus de deux semaines après l’attaque .
L’opération a été approuvée dans la nuit de samedi à dimanche par le ministre de la Défense Yoav Gallant, qui a convoqué le chef d’état-major de Tsahal, le lieutenant-général Herzi Halevi et le directeur du Shin Bet Ronen Bar après minuit pour des évaluations de la situation spéciale suite aux derniers renseignements selon lesquels Deif avait émergé des tunnels, offrant une rare opportunité de l’éliminer.
Ces informations sur les lieux où se trouvent Deif et Salameh proviennent d’une unité spéciale conjointe des services de renseignement militaire et du Shin Bet, qui se concentre sur la collecte de renseignements sur les hauts responsables du Hamas et sur les lieux où se trouvent les otages dans la bande de Gaza.
L’excès de confiance de Deif
Les responsables de la défense ont déclaré qu’ils pensaient que Deif faisait preuve d’une confiance en soi excessive. Contrairement au chef du Hamas à Gaza, Yahya Sinwar, qui se concentrait principalement sur sa propre survie, Deif a joué un rôle opérationnel actif dans la poursuite des combats.
Jérusalem estime que l’attaque va interrompre les négociations sur la libération des otages dans l’immédiat . Cependant, les responsables de la défense estiment que même si cela retarde le processus, l’assassinat va stratégiquement favoriser le processus en augmentant la pression sur le Hamas. Une délégation qatarie devait poursuivre les négociations au Caire samedi, mais on ne sait pas encore si les négociations vont se poursuivre.
Avec la disparition probable de Deif et Salameh, il ne reste plus que quatre hauts dirigeants du Hamas dans la bande de Gaza : Yahya Sinwar et son frère Mohammed, le commandant de la brigade de la ville de Gaza Izz al-Din al-Haddad et le commandant de la brigade de Rafah Mohammed Shabana, qui a survécu à deux tentatives d’assassinat précédentes.