
France : le CRIF réclame le retrait d’une bande dessinée haineuse sur Gaza
Dans un courrier adressé à une librairie, daté du 1er mars et diffusé sur les réseaux sociaux, l’association communautaire du CRIF réclame le retrait de la bande dessinée « Gaza, est-ce que vous nous voyez vraiment ? » de l’auteur Mazen Kerbaj, publié chez Actes Sud. La maison d’édition affirme n’avoir jamais eu affaire à un tel procédé et dénonce une pratique « extrêmement discutable ». Explications.
Un courrier du CRIF, partagé sur X, exige à une librairie de retirer de ses rayons la bande dessinée « Gaza, est-ce que vous nous voyez vraiment ? » de Mazen Kerbaj, parue le 12 février dernier. Selon l’association communautaire, l’ouvrage « appelle à la négation d’Israël et alimente une rhétorique de haine ». La maison d’édition Actes Sud critique une démarche qui « interroge les limites du débat démocratique et de la liberté d’expression ».
Une atteinte à la liberté d’expression
« On n’a jamais vu une association ordonner directement à des librairies le retrait d’un ouvrage, en dehors de toute décision de justice », s’étonne Actes Sud. Interrogé par le média ActuaLitté, le service juridique de l’édition précise qu’une « telle démarche s’apparente à un appel au boycott, visant à rendre un livre invisible ».
Dans sa missive, le CRIF indique que « la liberté d’expression est un droit fondamental », mais estime qu’elle « n’autorise ni la falsification des faits ni l’incitation à la haine ». L’association juive accuse la BD de « falsifier la réalité pour en faire une arme de propagande », en s’appuyant sur plusieurs extraits, dont :
« L’antisionisme est un devoir », « La Palestine est la boussole morale du monde », « L’armée (Tsahal) la plus moral (Ndlr : le mot moral est barré) dépravée du monde. », « D’abord, ils nous ont dit de ne pas scander : « du fleuve à la mer, la Palestine sera libre », parce que c’est antisémite. Maintenant, ils nous demandent d’arrêter de dire « Palestine libre » parce que c’est antisémite. Je me demande quel sera le prochain mot interdit : « Palestine » ou « libre » ? »
Dans un courrier daté du 5 mars, Actes Sud répond en soulignant que l’interprétation du CRIF repose sur une « appréciation subjective » et que les extraits cités sont « sortis de ler contexte ». L’éditeur affirme qu’il « maintiendra sans réserve son soutien à l’ensemble des ouvrages inscrits à son catalogue ».