Eviction de Rokhaya Diallo : Céline Pina répond au New York Times

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FIGAROVOX/TRIBUNE – Dans un éditorial, le New York Times voit dans l’éviction de la militante associative Rokhaya Diallo du Conseil national du numérique la preuve que la France refuse d’affronter la question du racisme. Céline Pina réfute les arguments du célèbre journal américain.
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Ancienne élue locale, Céline Pina est essayiste et militante. Elle avait dénoncé en 2015 le «salon de la femme musulmane» de Pontoise et a récemment publié Silence Coupable (éditions Kero, 2016). Avec Fatiha Boutjalhat, elle est la fondatrice de Viv(r)e la République, mouvement citoyen laïque et républicain «appelant à lutter contre tous les totalitarismes et pour la promotion de l’indispensable universalité de nos valeurs républicaines».
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«La France ne réussit pas à affronter le racisme»: la sortie de route du New York Times
D’un éditorial du New York Times, on devrait s’attendre à ce qu’il traite d’évènements suffisamment importants pour influer sur le devenir du monde et non qu’il prenne position dans des joutes anecdotiques. Or en signant un éditorial engageant toute la rédaction à propos de l’éviction de Rokhaya Diallo du Conseil national du numérique, le journal abîme l’image d’un journalisme outre-Atlantique, fruit d’une méthodologie rigoureuse, d’un travail d’expertise et d’enquête sérieux où, les journalistes seraient de vrais professionnels et ne se prendraient pas pour des Saint-Just de cocktails mondains. Pour le coup, en faisant du refus de la nomination de cette militante associative une affaire de racisme, le quotidien américain commet une erreur de fait. En se saisissant de ce prétexte pour faire le procès de la France raciste, il commet de surcroît une faute morale. Si Rokhaya Diallo n’a pas été jugée digne d’intégrer cette instance administrative, ce n’est parce qu’elle est noire, mais bien à cause de son propre racisme, de son sexisme et de sa proximité avec la mouvance islamiste.
La France a été un asile pour de nombreux artistes noirs, car ils y étaient considérés comme égaux aux blancs.
A moins que l’objectif ne soit d’attaquer la France au nom de l’injonction multiculturaliste que veulent imposer les principaux influenceurs anglo-saxons de par le monde, on ne comprend pas ce soudain intérêt pour une personne aussi peu connue du grand public. D’ailleurs, au vu de l’image qu’il en donne, le New York Times ne connaît pas non plus la personne qu’il défend. Le quotidien américain préfère ici façonner une icône selon ses désirs, plutôt que de se pencher sur ses prises de position racialistes et racistes dans le débat public en France.
On peut le comprendre: il doit être déculpabilisant, lorsqu’on vit dans un pays qui a pratiqué la ségrégation jusque très tard dans son histoire et dont les crimes racistes sont toujours légion aujourd’hui, de pouvoir se poser en donneur de leçons. Sans aller chercher très loin dans le passé, rappelons que la France a été un asile pour de nombreux artistes noirs, car ils y étaient, à leur grand étonnement, considérés comme égaux aux blancs. L’immense trompettiste américain Miles Davis y a vécu en 1949 une histoire d’amour avec l’égérie – blanche – de Saint-Germain-des-Prés Juliette Gréco, sans que personne en France ne s’en émeuve. Quelques années plus tard, un grand hôtel de Las Vegas faisait changer l’eau de sa piscine après que la grande chanteuse – noire – Lena Horne s’y fut baignée. Quant à Chester Himes, c’est à Paris qu’il connut le succès quand l’Amérique où il était né l’ignorait.
Rokhaya Diallo ou le règne de l’autopromotion et du renversement des valeurs
Ceci étant dit, examinons maintenant l’expertise portée par Mme Diallo dans le domaine du numérique. Le moins que l’on puisse dire c’est que le Conseil national du numérique ne perdait pas en sa personne une compétence irréfutable en la matière dont l’absence aurait décrédibilisé ses travaux.
Car Rokhaya Diallo, c’est avant tout le règne de l’autopromotion et du détournement du sens: elle se qualifie elle-même de militante féministe et antiraciste. Elle est exactement l’inverse.
Son féminisme ne défend que le droit de porter le voile et lutte contre la loi de 2004 interdisant les signes ostentatoires religieux à l’école. Son intervention la plus marquante en la matière se résume à ceci: «Je ne vois pas en quoi le fait de marquer la féminité par un voile est plus sexiste que de le marquer par des talons aiguilles ou minijupe». Pour l’aider, rappelons que l’on ne connaît pas de femmes défigurées à l’acide ou assassinées pour avoir refusé de porter des talons-aiguilles. On ne connaît pas davantage de brigade du vice s’assurant que les jupes des filles sont assez courtes et munies de ciseaux pour les découper au cas où l’indécence ne serait pas assez manifeste. Rappelons également qu’un vêtement, cela se porte un jour, se change le lendemain, cela varie avec la saison, la mode, la météo ou l’humeur… Mais essayez donc de faire de même avec le voile dans un pays musulman fondamentaliste, ou dans certains quartiers en France, d’ailleurs. Et vous verrez très concrètement la différence entre un vêtement et un signe religieux. Mais de cela le New York Times n’a cure.
Mme Diallo s’autoproclame féministe, le New York Times la couronne ainsi. Peu importe si elle défend l’imposition d’un signe religieux dont la signification est claire: la femme est un être impur, son corps, ses cheveux sont une provocation et elle est d’un statut inférieur à l’homme. Que cette personne fasse la promotion d’un signe qui marque la place subalterne de la femme et son refus de lui accorder l’égalité en droit est son choix. Qu’elle fasse passer un tel engagement pour du féminisme est en revanche une imposture.
Le prétendu « féminisme islamique » est en réalité une arme forgée par les islamistes dans le cadre de leur volonté de conquête culturelle.
Imposture dont la grande intellectuelle féministe algérienne Wassyla Tamzali dévoile d’ailleurs les dessous. Le prétendu «féminisme islamique», dont Rokhaya Diallo se veut une représentante, est en réalité une arme forgée par les islamistes dans le cadre de leur volonté de conquête culturelle, laquelle passe par la contestation systématique de l’universalisme et la promotion du relativisme culturel dans tous les domaines. Ainsi l’«islamo-féminisme» vise à délégitimer l’action des féministes universalistes qui considèrent le féminisme comme un enjeu et un combat dont les conquêtes doivent bénéficier à toutes les femmes. Or le prétendu «féminisme islamique», loin de contribuer à l’émancipation des femmes, participe à la propagation de l’idéologie islamiste et du patriarcat qui lui est consubstantiel. Conquérir des droits universels ne l’intéresse pas. Cette mouvance, très présente au sein des institutions internationales, est un des plus efficaces cheval de Troie des islamistes. Mais de cela, le New York Times n’a cure, son urgence est autre: envoyer rôtir dans l’enfer du racisme tous ceux qui s’opposent à sa logique multiculturaliste!
Le New York Times semble l’ignorer : en France métropolitaine, à la différence des Etats-Unis, la ségrégation n’a jamais existé.
Examinons à présent ce statut de militante antiraciste que s’octroie la personne défendue par le quotidien américain. Si le racisme c’est de lire tous les rapports humains et sociaux en fonction de la couleur de la peau et de n’examiner les liens entre les hommes que sous l’angle de la domination, alors Rokhaya Diallo n’a qu’une vision raciste de la société. Elle ne peut s’élever au-delà de cette grille de lecture extrêmement réductrice, mais surtout qui ne fonctionne pas en France. Le New York Times semble l’ignorer: nous n’avons pas en la matière le passé violent et inégalitaire des États-Unis et en métropole, la ségrégation n’a jamais existé, le racisme d’État non plus, sauf sous Vichy. C’est ainsi qu’à trop vouloir plaquer les réalités de son pays sur une autre culture, le New York Times fait preuve d’une légèreté dommageable. En revanche ce que le journal américain ne voit pas, c’est que la personne qu’elle vante ne cesse de manifester sa haine de la France, qu’elle accuse de favoriser le «racisme d’Etat», y compris dans les institutions internationales. Elle y a pourtant trouvé sa place et une reconnaissance que sa production littéraire ou audiovisuelle ne suffit pas à justifier. Tant mieux pour elle après tout, mais il n’en reste pas moins que l’intéressée illustre ainsi par son propre exemple, la fausseté de ce qu’elle fait métier de dénoncer.
Surtout, les mots ont un sens. Trois régimes politiques se sont définis comme ouvertement racistes au XXe siècle: le sud des États-Unis, l’Afrique du Sud sous l’apartheid et l’Allemagne nazie. L’expression «racisme d’État», quand elle est employée, renvoie à ces formes d’organisation politique criminelles. C’est aussi parfaitement intentionnel que totalement abject.
Ce fonctionnement par glissements sémantiques et amalgames douteux est illustré dans une tribune parue le 21 juin 2010 dans le journal Libération pour soutenir cinq personnes accusées de tentatives de meurtre sur des policiers lors d’émeutes. Voilà ce qu’écrivaient alors Mme Diallo et ses amis: «A Villiers-le-Bel, les 25 et 26 novembre 2007, un renversement s’est produit: ces gamins que la police s’amuse de mois en mois à shooter ont à leur tour pris leurs aises avec ceux qui les ciblent. Ces quartiers submergés par une occupation devenue militaire ont, un temps, submergé les forces d’occupation. Les roueurs ont été roués. L’espace de deux soirées, la peur a changé de camp.» Assimiler la France à une dictature, les policiers à des forces d’occupation et une émeute urbaine à une libération, c’est pour le coup manquer de mesure et de discernement.
Une vision des rapports sociaux réduite à la question raciale
Consciente de la fragilité de ces accusations à l’encontre de la France si on se réfère à l’histoire, Rokhaya Diallo et ses amis du Parti des Indigènes de la République, du collectif Mwasi, des camps d’été décoloniaux interdits aux blancs ont ensuite opéré un glissement sémantique de la notion de «racisme d’État». L’expression, désormais, pour ses partisans, ne désigne plus une construction institutionnelle, juridique et politique mais un ressenti personnel. Selon eux, en France, l’égalité face à la loi ne serait que de façade, et n’aurait d’autre objet que de masquer les inégalités de conditions ; inégalités qui ne seraient attribuables qu’à l’origine ethnique ou la couleur de la peau. L’importance de la redistribution pour compenser les inégalités, les sommes colossales dépensées en matière d’aides sociales et médicales sont passées sous silence; la gratuité de l’école et le financement de nombre de services publics ne sont pas même évoqués, alors qu’aucun autre pays au monde (surtout pas les États-Unis) ne consent tant d’efforts pour les plus démunis. Toute la solidarité nationale qui existe en France est caricaturée en un faux acquis qui ne sert qu’à masquer les privilèges des Blancs au préjudice des Noirs, alors que toute la logique redistributive est, en réalité, un filet de sécurité tissé par tous et pour tous, sans discrimination. Sa logique est sociale et non raciale.
Ce type de militant soi-disant antiraciste réinstaure un système de lecture de la société où la couleur de peau l’emporte sur tout.
C’est ainsi que ce type de militant soi-disant antiraciste instaure un système de lecture de la société où la couleur de peau l’emporte sur tout. Le problème devient encore plus grave quand on se rend compte que ces théories s’appuient sur des organisations ou des partis au racisme décomplexé, qui veulent assigner à résidence les personnes dans une identité en fonction de leur couleur de peau. Pour eux, le Blanc est ainsi structurellement un raciste dominateur, le Noir et l’Arabe sont des victimes, le métis est une abomination, la marque du dominant sur le dominé. Le Parti des Indigènes de la République, dont Mme Diallo est un des soutiens, est emblématique de cette radicalisation. En 2015, son égérie, Houria Bouteldja expliquait ainsi que «l’idéologie selon laquelle les couples mixtes, la rencontre entre deux cultures, c’est beau, c’est pourri». Préférer la ségrégation et l’apartheid, c’est tellement plus sympa quand on se pique d’antiracisme… Et bien cela ne dérange pas Mme Diallo. Rappelons également que si, en matière de soi-disant islamophobie, Mme Diallo est très réactive, l’antisémitisme, en revanche ne l’intéresse pas. Quand Mme Bouteldja se fait fièrement photographier avec une pancarte: «Les sionistes au goulag», appel non déguisé à mettre les juifs dans un camp de concentration, cela ne la trouble pas. Du coup on a un peu de mal à comprendre en quoi cette militante est antiraciste, sauf si les mots n’ont plus de sens et ne servent qu’à légitimer l’aspiration à la pureté raciale la plus abjecte sous couvert de «reconnaissance» identitaire. Pas sûr que cela soit un progrès collectif…
L’évolution des «Y’a bon award’s», dont elle fut une des créatrices, qui passèrent rapidement de la sanction de paroles racistes à la délégitimation de la parole laïque, témoigne également de ces dérives. Le procédé est simple: on y stigmatise d’authentiques extrémistes, qui ne sont pas les véritables cibles des organisateurs, mais qui servent ensuite à avilir par rapprochement les personnalités qui défendent des idéaux universels et qui sont «nominées» également.
Revenons aussi sur son attitude après l’incendie criminel de Charlie Hebdo. Dans une pétition sidérante de violence, qui s’intitule «Contre Charlie et pour la liberté d’expression», elle et ses amis proches des islamistes refusent de s’apitoyer sur les journalistes menacés (insinuant que cet incendie va leur permettre de sauver leur poste et leur journal grâce aux assurances), nient la réalité des violences qui pèsent sur eux et les accusent d’être antimusulmans. Ce qui revient à leur accrocher clairement une cible dans le dos. Quand le 7 janvier 2015 toute la rédaction sera massacrée, elle n’aura pas un mot d’excuse ou de regret.
Refuser à ce type de personnage de se voir légitimer par une institution est la preuve qu’Emmanuel Macron n’est pas dupe.
On le voit, le fait de refuser à ce type de personnage, non d’exposer et de diffuser ses billevesées (la liberté d’expression n’exclut pas la bêtise et la haine), mais de se voir légitimer par une institution est preuve qu’Emmanuel Macron n’est pas dupe du discours dangereux de ces militants séparatistes et profondément racistes. Dans cette histoire nos gouvernants ont pris leurs responsabilités et cela doit être porté à leur crédit.
D’autant que ces militants diffusent la haine de la France, du blanc, du juif auprès de jeunes qu’ils empêchent ainsi de trouver leur place dans la société. Biberonnés au discours victimaires et persuadés que les coupables de tout ce qui ne va pas dans leur vie sont les blancs, ils anticipent l’échec et renoncent à tout effort avant même d’avoir essayé. Le pire c’est que les personnes comme Mme Diallo construisent leur ascension sociale en envoyant ces jeunes dans le mur. Elle-même ne se gênant pas pour accepter toutes les émissions audiovisuelles possibles alors que cracher dans la soupe est son fonds de commerce. Rokhaya Diallo n’est pas victime du racisme d’Etat, elle n’est victime que de son propre racisme et de ses mauvais choix.
Mais impossible pour le New York Times de faire cette analyse car le quotidien américain a épousé la lecture idéologique des politiques américains de l’après 11 Septembre qui voient dans le communautarisme ethnique ou religieux un moindre mal donc un rempart contre le terrorisme et un moyen de s’opposer aux dictatures. Que ce soit aux frais de l’ambassade américaine à Paris ou de fondations privées du type «Open society» de l’homme d’affaires Georges Soros, certains jeunes dirigeants français ou militants issus des minorités, repérés comme futurs leaders économiques et politiques dans notre pays, se voient offrir voyages et formations outre-Atlantique. Ce lobbying a pour but de promouvoir, en France, un multiculturalisme politique qui repose sur la rigidification des clôtures communautaires, sous couvert d’authenticité et de respect des traditions. Le tout reposant sur une lecture raciale décomplexée.
Les politiques américains voient dans le communautarisme ethnique ou religieux un rempart contre le terrorisme et un moyen de s’opposer aux dictatures.
Rokhaya Diallo a bénéficié de ce type de programme et quand on voit le concentré de haine pour son pays et ses compatriotes qu’elle en arrive à revendiquer, on se demande au nom de quoi un quotidien américain se scandalise que l’intéressée se voit montrer la porte de sortie d’une institution de la République. C’est plutôt une réaction saine pour qui a à cœur la souveraineté d’un pays et le respect de son histoire et de ses mœurs.
Enfin, si le New York Times, si prompt à délivrer des brevets de bonne conduite appliquait à tout le monde son respect de la souveraineté en matière de cultures nationales, cela augmenterait sa crédibilité. Quand il délivre des brevets de respectabilité à des idéologies inégalitaires et obscurantistes comme l’islamisme, quand il défend le droit de refuser l’égalité aux femmes au nom du respect de la culture d’origine, ou le refus des valeurs universelles au nom des principes religieux, on aimerait qu’il fasse preuve du même respect pour les sociétés démocratiques et intégratrices comme la nôtre.
En France, on n’appartient pas à son clan, à sa race, à sa couleur de peau. Et nos droits ne sont pas liés à nos appartenances sexuelles, raciales ou religieuses. Nous avons choisi de vivre notre citoyenneté comme une élévation, un dépassement de nos particularismes au nom de la construction d’un monde commun et non comme l’arène de nos obsessions individuelles et personnelles. Tout comme vous êtes capables de soutenir et de défendre l’oppression des femmes au nom de la religion dans d’autres cultures, souffrez, chère rédaction du New York Times, que nous refusions l’injonction que veulent nous faire certains militants de ne voir dans les rapports sociaux qu’une guerre des races dont ils construisent eux-mêmes la violence et l’absence d’issue.
Source :
http://premium.lefigaro.fr/vox/societe/2018/01/02/31003-20180102ARTFIG00191-eviction-de-rokhaya-diallo-celine-pina-repond-au-new-york-times.php

happywheels

1 Comment

  1. daniel. Danielle dit :

    Les medias de gauche sans être même communistes sont une internationale , qui se soutiennent à travers le monde et font des ravages ….
    Bravo Mme Pina !
    Dommage qu il n y ait pas plus de gens comme vous….

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