
« Engagement total dans la lutte contre l’antisémitisme », a déclaré le leader du Rassemblement national au « Jerusalem Post » –
« Je crois que les liens entre nos pays sont extrêmement forts, notre relation est unique et j’espère qu’elle continuera à l’être », a souligné Bardella.
La conférence internationale de lutte contre l’antisémitisme qui se tiendra cette semaine à Jérusalem à l’invitation du ministère de la Diaspora a déjà fait la une des journaux avant même de commencer.
La décision du ministre des Affaires de la Diaspora, Amichai Chikli, d’inclure dans la liste des invités et des intervenants de la conférence des représentants de partis souverainistes de droite d’Europe, comme le Rassemblement national français, le Vox espagnol, le Parti pour la liberté néerlandais ou les Démocrates suédois – tous membres du groupe Patriotes pour l’Europe – a provoqué une tempête de protestations, principalement de la part de certains dirigeants de communautés et d’institutions juives en Europe.
Parmi les opposants à la liste de Chikli figurent le président du Congrès juif européen, le Dr Ariel Muzicant, ainsi que des responsables politiques et militants de centre-gauche en Europe, en Israël et aux États-Unis. L’invitation à la conférence du président de la Republika Srpska, Milorad Dudik – contre lequel le gouvernement fédéral de Bosnie-Herzégovine a émis un mandat d’arrêt il y a quelques jours – a renforcé les critiques qui présentent l’événement comme une conférence à visée exclusivement politique.
L’invité le plus critiqué est Jordan Bardella , 29 ans , leader du Rassemblement national, le parti créé en 2018 par Marine Le Pen pour succéder au Front national, fondé par son père, Jean-Marie Le Pen.
En raison du caractère d’extrême droite, nationaliste et antisémite du Front national sous la direction de Jean-Marie, les communautés juives israéliennes et françaises boycottèrent Marine et le Rassemblement national, bien que Marine se soit très clairement éloignée des opinions de son père.
Cependant, le fort soutien à Israël exprimé par les dirigeants du Rassemblement national après le massacre du 7 octobre et pendant la guerre entre Israël et le Hamas a encouragé le gouvernement israélien à reconsidérer sa position de boycott.
Chikli a été le premier haut responsable israélien à rencontrer Marine Le Pen en juillet dernier. Il a provoqué la colère du président français Emmanuel Macron en déclarant que si Le Pen était élue présidente, elle serait « excellente pour Israël ».
Le mois dernier, Chikli a rencontré pour la première fois Jordan Bardella lors de la conférence du CPAC à Washington. Quelques jours plus tard, le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Sa’ar, a annoncé la décision d’Israël d’établir des liens officiels avec le parti du Rassemblement national, ainsi qu’avec le groupe espagnol VOX et les Démocrates suédois.
Bardella représente le nouveau visage du Rassemblement national. Issu d’une famille immigrée, il a très vite été promu à la tête du parti, qui lutte contre l’immigration de masse en France.
La mère de Bardella est née en Italie et son père est d’origine italienne et franco-algérienne. Il est né et a grandi à Drancy, non loin de Paris, une petite ville historiquement connue pour avoir abrité un camp d’internement et de transit géré par les Allemands et les Français pendant la Seconde Guerre mondiale, où de nombreux Juifs parisiens ont été déportés vers les camps de la mort en Pologne.
Bardella rejoint le Front national à 16 ans et devient président de l’aile jeunesse du Rassemblement national à 22 ans. Un an plus tard, il mène la liste du parti aux élections au Parlement européen et remporte la victoire.
La même année, il est nommé vice-président du Rassemblement national et trois ans plus tard, en 2022, après le départ de Marine Le Pen de la direction du parti, Bardella est élu pour la remplacer.
Première invitation du leader du Rassemblement national en Israël
Dans une interview exclusive accordée au Jerusalem Post , Jordan Bardella qualifie sa visite en Israël d’historique. « C’est ma première visite en Israël à titre privé, et c’est la première fois qu’un dirigeant du Rassemblement national est officiellement invité en Israël », déclare le chef du principal parti d’opposition français et principal parti parlementaire, après les dernières élections de l’été 2024.
« En ce sens, c’est un événement historique qui montre la place importante du Rassemblement national dans l’arène politique française et internationale.
Notre vocation est de nous adresser à toutes les nations qui combattent le terrorisme islamiste, qui constitue la plus grande menace existentielle pour notre démocratie. Le message que je souhaite transmettre lors de ma visite en Israël est que la France se tient aux côtés d’Israël dans cette guerre contre le terrorisme islamiste.
« Je crois que les liens entre nos pays sont extrêmement forts, notre relation est unique et j’espère qu’elle continuera à l’être », souligne Bardella.
« Dans la période politique actuelle, nous – le Rassemblement national – sommes considérés comme un mouvement politique qui prépare déjà l’après-Macron et qui a le potentiel de se retrouver dans les prochains mois à la tête de la France. »
Bardella poursuit : « C’est un honneur d’être officiellement invité par le gouvernement de l’État d’Israël à m’exprimer lors de cet événement important consacré à un sujet qui est très significatif pour les sociétés européennes, encore plus après le 7 octobre. »
Bardella décrit sa visite en Israël et à Jérusalem comme « mon et notre engagement total dans la lutte contre l’antisémitisme ».
Il ajoute que le message qu’il « porte et diffuse depuis plusieurs années en France, de manière plus significative depuis le 7 octobre, est que l’antisémitisme est un poison qu’il ne faut traiter avec aucune complaisance, ni en France ni dans aucune autre partie du monde. »
Depuis le 7 octobre, Bardella partage que la France est confrontée à une résurgence de « l’antisémitisme ambiant ».
« C’est un fait. Cette résurgence vient de deux phénomènes que je combats : l’intégrisme islamiste et son meilleur allié aujourd’hui, la gauche radicale française.
D’un côté, l’islamisme porte en lui la haine des Juifs. Cette haine est l’une de ses raisons d’être. De l’autre, la gauche radicale a remplacé le drapeau national tricolore par le drapeau palestinien.
Boycott de la conférence internationale
Q : Comme vous le savez, plusieurs personnalités invitées à participer à cette conférence internationale ont décidé de la boycotter en réaction à votre participation et à celle d’autres responsables politiques européens considérés comme issus de partis d’extrême droite. Quelle est votre réaction ?
R : Je n’aime pas le sectarisme. Je pense que la lutte contre l’antisémitisme n’est pas seulement une cause importante pour la France. C’est une cause qui dépasse les frontières.
C’est un fléau et un poison qui influence toutes les sociétés, y compris celles de la plupart des démocraties occidentales.
Les critiques que vous évoquez viennent principalement des milieux de gauche, dont certaines personnalités françaises, qui n’ont pas hésité à se compromettre en s’alliant au leader de la gauche radicale française, Jean-Luc Mélenchon, lors des dernières élections européennes et législatives que nous avons eues en France.
Je n’ai pas changé mes positions ; elles sont toujours les mêmes, et je ne les changerai pas. Je ne me laisserai pas sermonner par ceux qui tolèrent les agissements et les déclarations des mouvements politiques de gauche, dont certains membres – en France et en Europe – ont qualifié le Hamas de mouvement de résistance tout en accusant Israël de génocide.
J’entends m’exprimer lors de cette conférence avec sincérité et conviction. Je tiens à souligner que, pour de nombreux citoyens juifs français, nous sommes aujourd’hui perçus non seulement comme une alternative politique crédible, mais aussi comme un rempart contre ceux qui menacent la sécurité et la liberté des Juifs en France et en Europe.
Rassemblement national contre Front national
Q : La communauté juive de France lutte depuis longtemps contre le Front national, dont le Rassemblement national est issu, notamment sous la direction de feu Jean-Marie Le Pen. Nombreux sont ceux qui confondent encore les deux partis. En quoi le Rassemblement national est-il différent du Front national ?
R : Le Rassemblement national n’est plus le Front national. Certaines déclarations, faites par le passé et qui appartiennent au passé, ont suscité des émotions légitimes.
Marine Le Pen s’est toujours désolidarisée de ces déclarations. Lorsqu’elle est devenue cheffe du parti en 2011, elle a souligné que l’occupation allemande et la Shoah symbolisaient pour la France et pour l’Europe entière le comble de la barbarie.
Personne ne peut sérieusement nous reprocher de ne pas avoir tourné la page de notre parti. Je comprends désormais que la confiance ne se décrète pas. Elle se construit par les actes. Nous avons derrière nous des décennies de lutte contre l’islamisme.
Je crois que notre parti est le seul en France à avoir alerté tous nos citoyens sur les risques croissants liés à l’immigration et à l’islamisme et sur l’existence dans notre société d’éléments qui remettent en cause nos valeurs.
Je constate que de plus en plus de Juifs français nous font confiance, convaincus de notre sincérité. Certaines personnalités, comme le chasseur de nazis Serge Klarsfeld, ont admis ces derniers mois que face à la montée de la menace islamiste et à l’antisémitisme de gauche, le Rassemblement national est aujourd’hui perçu comme un parti sérieux, défendant les valeurs républicaines de la France.
Nous continuons de démontrer par nos actes, nos convictions et notre sincérité notre solidarité avec tous les citoyens français, quelle que soit leur religion. Je tiens à souligner l’accueil extrêmement chaleureux et amical que nous avons reçu de la part des Juifs français lors de notre participation à la marche contre l’antisémitisme organisée en France le 12 novembre 2023, quelques semaines après les atroces attentats du 7 octobre.
Cela a montré que notre sincérité nous a valu la crédibilité pour porter cette cause et mener ce combat en France et en Europe.
Lutte contre les islamistes
Q : Voyez-vous des parallèles entre la lutte contre l’islamisme que vous menez en France et la guerre existentielle qu’Israël mène contre les islamistes au Moyen-Orient ?
R : Oui, c’est le même combat. Le 7 octobre, Israël a connu le même jour son 11 septembre et son Bataclan (attentat terroriste islamiste contre une salle de concert parisienne, perpétré en novembre 2015).
Depuis 15 ans, la France est confrontée à des attentats terroristes d’une ampleur sans précédent, dont certains ont intentionnellement visé nos concitoyens juifs – comme l’attentat contre l’école Ozar Hatorah à Toulouse en 2012 ou l’attentat contre le supermarché Hypercacher à Paris en janvier 2015.
Toutes les nations occidentales et de nombreuses démocraties à travers le monde sont aujourd’hui confrontées à un islamisme qui non seulement veut vivre à l’écart de la société ou créer des factions au sein de la nôtre, mais souhaite conquérir notre société tout entière. Il veut également nous imposer tous ses interdits et sa vision extrêmement obscurantiste de la vie et des relations entre hommes et femmes.
« Garantie de la liberté de religion »
Q : L’une des principales critiques de la communauté juive française à l’encontre du Rassemblement national est liée à la crainte que la vision républicaine et laïque du parti ne conduise à abolir le droit des juifs à exercer librement leurs traditions religieuses. Existe-t-il un tel risque ?
R : Non. Ce risque n’existe pas. Je considère qu’aujourd’hui, nous sommes le dernier mouvement politique à défendre l’identité française et les valeurs républicaines, trahies par une grande partie des gouvernements de gauche et une partie des gouvernements de droite.
L’esprit, les lois et les principes de laïcité qui sont si chers à la France servent de garantie à la liberté de religion de toutes les religions, y compris, bien sûr, du judaïsme.
J’ajouterai que le Rassemblement national offre une garantie supplémentaire à la sécurité des juifs français par le fait qu’il sert de bouclier contre l’insécurité et la violence extrême, qui gangrène de plus en plus la société française.
Points de vue contradictoires sur le rôle de la France dans l’Holocauste
Q : Un autre point qui préoccupe la communauté juive concerne les divergences de vues quant à la responsabilité de la France dans la Shoah. Si tous les présidents, comme Jacques Chirac, ont reconnu leur responsabilité au nom de l’État français, d’autres voix de droite insistent encore sur la nécessité de faire la distinction entre le régime collaborateur de Vichy et l’État français. Quelle est votre position sur cette question ?
R : Les faits ne font aucun doute. Le régime en place après la défaite, le régime de Vichy – d’abord dans ce qu’on appelait la « zone libre » et, à partir de 1942, sous l’occupation allemande totale – a collaboré avec l’occupant allemand.
Je dirais même que le régime de Vichy a activement participé à ce qui s’est passé. Ses actions et ses décisions constituent une tache très sombre dans l’histoire de France et dans notre histoire commune.
Je pense aussi que l’honneur et la dignité de la France ne résidaient pas à Vichy, qui incarnait la trahison. À mon avis, l’honneur et la dignité de la France étaient à Londres, avec le général de Gaulle et ses forces libres, et avec la Résistance, qui s’est battue pour sauver notre honneur, notre dignité, nos valeurs et nos idéaux.
« Politique arabe »
Q : La France a été un fervent soutien d’Israël dans les années 50 et 60. Elle a largement contribué à la création et à la consolidation de l’État d’Israël. Puis, après la guerre des Six Jours, la France s’est tournée vers une tradition politique appelée « politique arabe », au détriment de ses bonnes relations avec Israël. Aujourd’hui, pensez-vous que cette « politique arabe » a porté préjudice aux intérêts de la France ?
R : Je ne m’opposerais pas à ces deux politiques, et je pense que la tradition de la « politique arabe » est toujours vivante aujourd’hui dans les relations historiques entre la France et le Liban ou dans les liens croissants avec l’Egypte, qui est un partenaire essentiel pour la France sur la scène régionale.
La France est une puissance méditerranéenne. Je crois profondément qu’elle doit entretenir des relations avec tous les pays de la zone méditerranéenne. En tant que géographe, je dirais que la géographie et l’histoire nous l’imposent.
Il est cependant certain que cette « politique arabe » a été mise à mal par des décisions absurdes, la plus récente étant la précipitation avec laquelle notre ministre des Affaires étrangères est allé rencontrer les nouveaux maîtres de la Syrie, Al-Julani [Ahmed al-Sharaa], et ses hommes, héritiers d’al-Qaïda et de Daesh.
Notre seule stratégie au Proche et au Moyen-Orient est celle de la paix et de la stabilité. Je suis attaché à cette philosophie par fidélité à la doctrine française traditionnelle. Il a été et reste difficile d’atteindre cette paix et cette stabilité.
Ce sont des objectifs très ambitieux. Mais ils ne sont pas impossibles à atteindre. Je souhaite ardemment que la France renoue avec sa vocation historique de puissance libre, indépendante, non alignée et équilibriste, capable de dialoguer avec toutes les puissances de la zone méditerranéenne, tout en reconnaissant que la menace existentielle qui pèse aujourd’hui sur les Français est le fondamentalisme islamiste.
En conséquence, nous devrions développer des partenariats privilégiés avec tous les pays qui combattent l’idéologie islamiste, y compris Israël, bien sûr.
Le soutien de la France à la cause palestinienne
Q : Le soutien automatique apporté depuis des décennies par la France à la cause palestinienne a-t-il contribué à faire avancer un éventuel processus de paix au Moyen-Orient ou a-t-il bloqué un tel processus ?
R : Il y avait en France un mouvement intellectuel et politique, qui était très influencé par le marxisme et qui appliquait systématiquement une lecture très simpliste de la situation, qui consistait à considérer les Palestiniens comme des victimes et les Israéliens comme les coupables.
C’est cette façon de penser qui a contaminé l’esprit d’une grande partie de l’intelligentsia française durant la seconde moitié du XXe siècle et qui continue d’alimenter le débat sur ce sujet.
J’estime que ce raisonnement ne correspond pas à la réalité. Comme vous le savez, la position historique française est en faveur d’une solution équilibrée : celle de deux États.
Je pense que l’objectif d’un État palestinien doit rester, mais aujourd’hui cet objectif est devenu totalement impossible en raison de la simple existence du Hamas, dont l’ADN et la raison d’être sont la destruction de l’État d’Israël.
Je l’ai dit publiquement en France, et je le répète : reconnaître aujourd’hui un Etat palestinien reviendrait à légitimer le Hamas et, en réalité, à reconnaître un Etat terroriste.
Q : Quelles devraient alors être les conditions pour la création d’un État palestinien dans le futur ?
R : Tout d’abord, il faut réduire le Hamas à l’impuissance. C’est absolument nécessaire et essentiel. J’ai entendu il y a quelques jours l’envoyé spécial américain, Steve Witkoff, déclarer que le Hamas dans la bande de Gaza devait être démilitarisé.
En France, on dit que la politique et la diplomatie sont l’art de rendre possible ce qui est nécessaire. À l’heure actuelle, la paix semble une option très lointaine. Cela ne signifie pas qu’il faille faire comme si c’était impossible.
Cependant, deux conditions préalables sont requises : la première est la démilitarisation du Hamas, et la seconde est la libération immédiate des otages. Il faut répéter sans cesse que rien ne sera possible sans le respect de ces deux exigences fondamentales.
Le plan de relocalisation de Gaza de Trump
Q : Que pensez-vous de l’initiative du président Donald Trump d’évacuer une partie de la population de Gaza vers d’autres pays ?
R : Le président Trump aurait le mérite de proposer un plan de sortie de crise dans la perspective d’un développement économique de la bande de Gaza. Cependant, à l’heure actuelle, cela me paraît assez utopique.
Je pense qu’il est difficile d’accepter l’idée de déplacer des centaines de milliers de personnes hors de Gaza. L’objectif à long terme devrait être la paix et la reconstruction de ce territoire sur des bases saines.
Q : Si le parti du Rassemblement national était au pouvoir, reconnaîtrait-il Jérusalem comme capitale d’Israël ?
R : Jérusalem est trois fois sainte. Seule une solution globale au conflit permettra de discuter du statut de Jérusalem. Ce statut devrait être négocié dans le cadre d’un accord global.
Je dirais donc qu’à l’heure actuelle, nous n’avons pas l’intention de soutenir une telle reconnaissance, le statut de Jérusalem n’étant pas encore définitif. En attendant les négociations finales, et il est évident qu’il faut œuvrer pour qu’elles aient lieu, nous avons l’intention de maintenir l’ambassade de France en Israël à Tel-Aviv.
Source
https://www.jpost.com/
Il serait bon que l’on signale,
qu un malheureux antisémite s’est fait casser la figure par un juif qui se défendait. Et là on verrait l’antimutisme diminuer
Soutien à bardella…