EN PLUS D’ETRE DES ASSASSINS, LES TUEURS DU BATACLAN SONT AUSSI DES ANTISEMITES
Extrait de l’interview de Gilles Kepel dans le Figaro du Novembre 2015.
Quels autres enseignements peut-on tirer du communiqué de l’État islamique?
Il est intéressant à plus d’un titre, dans sa version française comme arabe. Le français, avec ses fautes de syntaxe et d’orthographe, est une rhétorique pseudo-islamique à la sauce des banlieues populaires françaises. Il commence par une sourate du Coran assez rarement utilisée, qui fait référence à l’expulsion des juifs de Médine par Mahomet. Il insiste sur le fait que des «idolâtres» ont été visés – c’est-à-dire ceux qui associent d’autres dieux à Dieu – et des dépravés. Dans la version arabe, il qualifie les attaques de «razzias bénies», vocabulaire déjà employé pour le 11 Septembre. Enfin, il y a cette curieuse anticipation: «deux cents croisés», un chiffre qui sera sans doute malheureusement assez proche du bilan final, compte tenu du nombre de victimes aujourd’hui entre la vie et la mort.
«La revendication insiste sur le fait que les «martyrs» se sont fait exploser eux-mêmes, quand ils l’ont choisi, et après avoir épuisé leurs chargeurs. Il s’agit de montrer que les terroristes gardent la maîtrise complète de leur action.»
Lire l’article d’ Alban Dignat
source :
http://www.herodote.net/11_fevrier_624-evenement-6240211.php
11 février 624
Mahomet rompt avec les juifs de Médine
Aux alentours du 11 février 624, le prophète Mahomet rompt avec les tribus juives de Médine en choisissant de prier non plus vers Jérusalem mais vers La Mecque. Cette rupture va déboucher sur un combat à mort (*).
Mahomet et les juifs
Sensible à la théologie juive, le Prophète s’en inspire au commencement dans ses recommandations sur le jeûne et les interdits alimentaires relatifs au porc. Il adopte lecalendrier lunaire des juifs, avec des mois réglés sur les cycles de la Lune.
Il fixe le jeûne pendant le mois de Ramadan, qui coïncide avec le début de la révélation coranique mais aussi avec la fête juive de l’expiation. Et il prescrit à ses fidèles de se tourner vers Jérusalem pour la prière.
Il n’empêche que trois des quatre communautés juives de Médine persistent dans leur refus de se convertir à la nouvelle foi. Ces juifs reprochent en particulier à Mahomet de détourner le sens des textes bibliques et osent même se moquer de lui ( *).
En février 624, une révélation divine enjoint à Mahomet et à ses disciples de modifier la prière rituelle : elle se fera désormais en se tournant non plus vers Jérusalem mais vers la pierre noire de la Kaaba, le sanctuaire des idolâtres de La Mecque.
Au printemps 624, à l’approche d’une caravane particulièrement riche en provenance de Syrie, Mahomet décide de l’attaquer. Mais ses plans sont déjoués par un espion.
Les Mecquois du clan des riches Koraishites dépêchent une armée au secours de leur caravane. C’est la bataille du puits de Badr, qui voit la victoire des musulmans malgré leur infériorité numérique. À son retour triomphal de la bataille de Badr, Mahomet ordonne l’exécution de deux prisonniers mecquois qui s’étaient montrés particulièrement virulents à l’égard du Prophète et de ses disciples.
Mahomet remarque par ailleurs que les juifs de Médine se sont tenus à l’écart de la bataille. Son dépit à leur égard n’en devient que plus grand. C’est ainsi que de nouvelles révélations divines l’amènent à remodeler le calendrier. Elles précisent en particulier que le jeûne musulman se pratiquera pendant le mois de ramadan, celui durant lequel se déroula la bataille de Badr. Les interdits alimentaires exprimés dans les révélations faites au Prophète restent quand à eux assez semblables à ceux des juifs.
Le fossé se creuse entre les juifs de Médine et la communauté des croyants. Trahisons, violences et médisances alimentent la zizanie, malgré le code de bonne conduite établi lors de l’arrivée de Mahomet.
Peu après la bataille de Badr, un incident met le feu aux poudres. Une ou plusieurs musulmanes sont molestées au marché par des juifs de la tribu des Banu-Kainuka. Échauffourée, meurtres de part et d’autre. Le chef de la tribu mise en cause refuse de payer l’amende réglementaire aux parents des victimes musulmanes. La tribu est assiégée par le Prophète et ses disciples et, au bout de deux semaines, contrainte de leur livrer ses immenses biens et d’émigrer.
Un peu plus tard, le 21 mars 625, lors de la fameuse bataille d’Ohod entre Mecquois et Médinois, la deuxième tribu juive, celle des Banu-Nadhir, se voit reprocher de soutenir les habitants de La Mecque. Elle est chassée vers le nord après un long siège et une violente bataille contre les musulmans.
Tandis que les musulmans poursuivent la guerre contre les Koraishites de La Mecque, Mahomet s’irrite de plus en plus du manque de soutien des juifs de Médine à son égard. La crise arrive à son terme en 627, après la «bataille du fossé» qui met une dernière fois aux prises Mecquois et musulmans de Médine.
Sorti vainqueur du siège, Mahomet décide d’en finir avec les juifs de la troisième et dernière tribu de Médine, les Banu-Kuraiza, qu’il accuse (ce qui est vrai) d’avoir soutenu les assaillants. Sur son ordre, les musulmans décapitent 600 à 700 hommes et les ensevelissent dans une grande fosse de la place du marché de Médine. Ils se partagent les biens de la tribu, ainsi que les femmes et les enfants.
Alban Dignat
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l’article de Gilles KEPEL en totalité
E FIGARO. – Un nouveau cap a été franchi avec les attentats de vendredi, qui ont importé en France le terrorisme de masse: sur ce point, les experts semblent d’accord. En quoi ces attentats marquent-ils un changement dans les méthodes et les objectifs de l’État islamique?
Gilles KEPEL. – Une étape a indéniablement été franchie même si, globalement, l’État islamique cherche toujours à terroriser la population, à la fracturer et à créer les conditions d’une guerre civile qui aboutirait, selon ses vœux, à la destruction de l’Europe, de l’Occident, et à la victoire djihadiste. Cela étant, les récents attentats diffèrent de ceux de janvier qui avaient ciblé des groupes déterminés: les «islamophobes» pour la rédaction de Charlie Hebdo,un «apostat» en la personne du malheureux policier Ahmed Merabet et les clients juifs de l’Hyper Cacher. Résultat «positif» aux yeux de Daech: malgré la manifestation unitaire et nationale du 11 janvier, un clivage était apparu, se manifestant par des «Je ne suis pas Charlie». Ce refus de s’identifier aux victimes et de se reconnaître dans l’unité nationale a permis à l’État islamique, selon lui, de marquer un point et de continuer à essayer de rassembler ses coreligionnaires musulmans derrière sa bannière, de transformer en «soldats du djihad» des jeunes Français mécontents de leur sort et sans perspectives d’avenir.
«Vendredi, ils ont touché une population indéterminée, jeune, dans un quartier de Paris « mixte », où se trouvent à la fois des « bobos » et des enfants de l’immigration postcoloniale»
Mais cette tentative d’enfoncer un coin dans la cohésion nationale et de séduire une partie de la jeunesse candidate à l’aventure djihadiste n’existe-t-elle pas toujours?
Cette volonté existe toujours, bien sûr, mais les attentats aveugles peuvent aboutir à un autre résultat. Vendredi, ils ont touché une population indéterminée, jeune, dans un quartier de Paris «mixte», où se trouvent à la fois des «bobos» et des enfants de l’immigration postcoloniale. Pour ces derniers, ceux-là mêmes que l’État islamique, dans ses fantasmes, pense pouvoir entraîner derrière lui. Or, autant les tueries de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher avaient provoqué des approbations, des milliers de «like» sur Facebook, autant, depuis vendredi, les réseaux sociaux semblent calmes sur ce point. À l’exception de quelques groupes salafistes qui, sur Internet, se réjouissent que des lieux de «débauche» aient été «punis».
Qui sont ces groupes?
Des petits groupes informels, dans les banlieues. Mais rien à voir avec l’ampleur des «Je ne suis pas Charlie» ou des «Bravo Merah!» à l’époque des attentats de Toulouse.
N’est-ce pas un peu tôt pour mesurer l’impact sur des populations susceptibles de sympathie pour l’État islamique? Les minutes de silence dans les écoles n’ont pas encore eu lieu… Nous ne sommes qu’à 48 heures des événements…
Sans doute mais il n’empêche qu’il sera très difficile pour Daech de créer des solidarités alors que ses attaques ont visé une population indifférenciée. Il est intéressant de noter que, dans son communiqué de revendication, il se réjouit de la mort d’«au moins deux cents croisés». Or, toutes les victimes ne sont pas chrétiennes.
Cette «logique» ne serait-elle pas contradictoire: vouloir tuer le plus possible mais s’aliéner de possibles soutiens?
Le premier objectif reste effectivement de faire le maximum de victimes et de frapper les imaginations. Mais en agissant ainsi, l’État islamique a peut-être commis une erreur stratégique.
Quels autres enseignements peut-on tirer du communiqué de l’État islamique?
Il est intéressant à plus d’un titre, dans sa version française comme arabe. Le français, avec ses fautes de syntaxe et d’orthographe, est une rhétorique pseudo-islamique à la sauce des banlieues populaires françaises. Il commence par une sourate du Coran assez rarement utilisée, qui fait référence à l’expulsion des juifs de Médine par Mahomet. Il insiste sur le fait que des «idolâtres» ont été visés – c’est-à-dire ceux qui associent d’autres dieux à Dieu – et des dépravés. Dans la version arabe, il qualifie les attaques de «razzias bénies», vocabulaire déjà employé pour le 11 Septembre. Enfin, il y a cette curieuse anticipation: «deux cents croisés», un chiffre qui sera sans doute malheureusement assez proche du bilan final, compte tenu du nombre de victimes aujourd’hui entre la vie et la mort.
«La revendication insiste sur le fait que les «martyrs» se sont fait exploser eux-mêmes, quand ils l’ont choisi, et après avoir épuisé leurs chargeurs. Il s’agit de montrer que les terroristes gardent la maîtrise complète de leur action.»
Que peut-on déduire des lieux et de la date choisis pour les attentats?
L’idée est de montrer que Daech frappe quand il veut et où il veut. En l’occurrence, à quelques centaines de mètres de l’attaque contre Charlie Hebdoet de l’exécution d’Ahmed Merabet. Une façon de dire: «On peut recommencer où bon nous semble.» Quant à la date, elle est difficile à interpréter: le vendredi 13 n’a aucune signification dans l’islam mais le vendredi soir est le début du shabbat… Le Stade de France était aussi une cible «de choix»: 80000 personnes réunies pour un match de foot, le chef de l’État présent… Si les kamikazes avaient réussi à se faire exploser dans la foule, cela aurait provoqué un carnage. La revendication insiste sur le fait que les «martyrs» se sont fait exploser eux-mêmes, quand ils l’ont choisi, et après avoir épuisé leurs chargeurs. Il s’agit de montrer que les terroristes gardent la maîtrise complète de leur action.
Comment expliquer ce relatif «échec» de l’opération au Stade de France?
Les terroristes ont pu arriver trop tard alors que la foule était déjà entrée dans le stade. Ils ont pu, aussi, ne pas savoir se débrouiller avec leurs explosifs. Sur ce point, on remarque un certain amateurisme qui rappelle le côté Pieds Nickelés, quoique tragique, de Sid Ahmed Glam, qui s’est tiré une balle dans le pied, au sens propre, et qui est suspecté d’avoir préparé l’attaque d’églises à Villejuif, de Yassin Salhi qui a décapité son employeur en Isère ou d’Ayoub El Khazzani qui avait tiré dans le Thalys…
Cela signifie-t-il que les terroristes n’étaient pas tous très entraînés?
L’enquête – au travers des interpellations, des écoutes des communications passées entre les protagonistes – le dira. Il est probable que la coordination soit venue de Syrie avec, peut-être, des «encadrants» chargés de piloter l’action de recrues françaises. Ce qui est sûr, c’est qu’on est en présence d’un «djihad troisième génération», qui n’a plus le «professionnalisme» de l’époque Ben Laden. Désormais, on donne une feuille de route aux terroristes qui fonctionnent en essaim.
Qui est susceptible de leur avoir donné l’ordre d’entrer en action?
On peut penser que c’est la branche francophone de l’État islamique qui est derrière les attentats. Depuis des mois, ce groupe agrège des Français, des Belges, des Suisses, des Maghrébins et des ressortissants de la zone du Sahel, quelques milliers d’individus au total. Ce groupe est-il en mesure d’avoir son propre agenda? C’est possible. Parce que ces francophones sont assez mal considérés, réputés mauvais soldats, ils ont pu vouloir rehausser leur prestige en lançant une opération spectaculaire et en montrant qu’ils sont prêts à commettre un massacre dans leur propre pays où ils ont rejeté toute idée d’intégration. Se «faire mousser» en quelque sorte auprès de leurs patrons syro-irakiens…
«Il est difficile de raisonner en pensant que ces actes répondent tous à une logique parfaitement rationnelle. Daech compte davantage de tacticiens que de stratèges»
Ne peut-on aussi penser qu’après avoir connu des revers sur le terrain, notamment en Irak récemment, l’État islamique voulait faire diversion?
Daech a toujours le réflexe de David contre Goliath, bien qu’il n’aime pas trop les références bibliques… Mais la piste d’une opération d’abord montée par la branche dite francophone me paraît crédible.
Dans sa revendication, l’État islamique évoque «le début de la tempête». Peut-on mesurer le risque d’une «réplique» des attentats? Manuel Valls a employé ce terme.
C’est toujours le dilemme des terroristes: poursuivre dans la voie de la violence aveugle ou faire une «pause». Après le 11 Septembre, il y avait eu Madrid, Londres, Nairobi… Paris peut susciter des vocations. Mais, encore une fois, tout dépend de qui en a été le commanditaire. Il est difficile de raisonner en pensant que ces actes répondent tous à une logique parfaitement rationnelle. Daech compte davantage de tacticiens que de stratèges.
François Hollande comme Manuel Valls ont-ils raison de dire que «la France est en guerre»?
Avec parfois des accents martiaux, assez «bushiens»… Ce qui est vrai est que cette guerre que nous regardions de loin s’est transportée de façon fragmentaire sur le sol français. Nous avons connu vendredi des actions de guerre sur notre sol. Mais dire qu’on est «en guerre» contre l’État islamique fait de lui un État véritable, ce qu’il recherche évidemment. C’est méconnaître la nature du djihad contemporain et la profondeur historique des événements actuels.
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Gilles Kepel
Spécialiste de l’islam et du monde arabe contemporain, Gilles Kepel, qui enseigne à Sciences Po, a également beaucoup travaillé, depuis trente ans, sur les banlieues françaises. Il analyse les attentats de Paris et du Stade de France sous ce double prisme. En janvier prochain, il publieraTerreur dans l’Hexagone, Genèse du djihad français,aux Éditions Gallimard.
encore un analyste a la con qui sort sa science pour publier un livre et surtout déblaterrer des évidences, ras le bol.
Ce que ce monsieur nous dit, tout le monde le sais, encore faudrait-il trouver une solution pour que tout cela se termine une bonne fois pour toute
Tout à fait d’accord, nous avons la meme approche. Kepel est nul…mais c’est un » spécialisssssste » , comme le Pascal Boniface…
On les érige en modeles de penseurs, spécialistes d’un domaine, ou bien ils s’approprient eux memes ces qualités.
Juste pour faire passer leur idéologie, et leur propagande et la faire homologuer par les journaleux incultes, ignares, antijuifs, antisémites, islamophiles, propalestiniens.
Bof ! Kepel enfonce des portes ouvertes et son commentaire n’apporte strictement rien.
Je note toujours cette rhétorique qui revient dans la bouche de ceux qui n’ont toujours pas compris : , » Transformer en «soldats du djihad» des jeunes Français mécontents de leur sort et sans perspectives d’avenir. »
Voilà cette phrase qui revient : « sans perspectives d’avenir ! « . Gilles Kepel n’a pas changé. Et ses anciennes analyses sur le M-O. En sont la preuve.
On le dit » spécialiste » mais un spécialiste à la pensée unique….on attendait …le » padamalgame »
ET OUI…MAINTENANT ILS ARRIVENT EN 747 ILS SONT PARTOUT !.
CHERS AMIS JE SUIS LE PREMIER À DIRE »NE MANGEZ PAS DU FIGATELLU » SAUCISSE CORSE CRUE…IL FAUT LA FAIRE CUIRE C’EST MEILLEUR ET SURTOUT NON NÉFASTE POUR LA SANTÉ !
ALORS JUIFS ET ARABES …IL FUT UN TEMPS OU LE COCHON ÉTAIT INTERDIT POUR RAISON DE RUPTURE DE STOCK DE FRIGO….ON EST TOUT DE MÊME EN 2015….APRÈS JÉSUS CHRIST »MON COPAIN JUIF ! » …MANQUERAIT -IL ENCORE DE FRIGO EN CES LIEUX SAINTS ET AUTRES LIEUX MOINS SAINS !.
Mise à jour : arrestation en Egypte des 2 employés de l’aéroport qui ont placé la bombe dans l’avion russe
17 novembre 2015
Les services de sécurité égyptiens affirment qu’il ont arrêté deux travailleurs de l’aéroport de Charm el-Cheikh qui ont pris part au placement de la bombe dans l’avion russe qui s’est écrasé dans le Sinaï le mois dernier, faisant 224 morts