Dijon : une rue au nom qui dérange ?

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La ville de Corbeil-Essonnes change le nom d’une de ses rues. À Dijon, en 2009, la rue Adolphe-Willette, candidat antisémite aux législatives de 1889, a failli disparaître.
L’événement a suscité nombre de réactions : un bout de l’avenue Jean-Jaurès, située à Corbeil-Essonnes (91), va être rebaptisé avenue Serge-Dassault. La municipalité souhaite « rendre un hommage et exprimer sa reconnaissance aux précédents maires qui […] ont marqué d’une empreinte indélébile notre histoire ». Cela nous rappelle qu’en 2009, à Dijon, une rue a bien failli subir le même sort. Mais ce n’était pas pour effacer le nom d’un célèbre socialiste. Bien au contraire. Il s’agissait de remplacer la plaque de la rue Adolphe-Willette, située dans le quartier Chevreul-Parc. Ici, des jolis pavillons des années 1950 hébergent de jeunes actifs et des seniors dijonnais. Tous connaissent l’histoire de la figure de leur rue. « Willette était un fameux illustrateur et caricaturiste français du XIXe siècle. Je crois que son nom est surtout connu au cœur des Buttes-Chaumont de Paris », livre Christophe, riverain du quartier. Exact. L’artiste ayant décoré de nombreux cabarets comme Le Moulin rouge, La Cigale ou encore Le Chat noir. Mais, l’homme est aussi connu pour s’être présenté ouvertement comme étant « le seul candidat antisémite aux élections législatives de la deuxième circonscription de Paris en 1889 ». Sur sa profession de foi, on peut lire : « Le judaïsme, voilà l’ennemi. En me présentant, je vous donne l’occasion de protester contre la tyrannie juive ». Même si cette année-là, les Républicains obtiennent la majorité des sièges à l’Assemblée nationale, quelle drôle d’idée d’avoir baptisé une rue dijonnaise ainsi.

Un passif qui a poussé un historien dijonnais à militer pour un changement de nom. La proposition a été adoptée en séance le 9 novembre 2009. Ainsi, la rue Adolphe-Willette devait devenir la rue du 1er -Régiment-de-Bourgogne. « Mais 98 % des riverains ne le souhaitaient pas vu les tracasseries administratives que cela aurait imposées. Cela coûte du temps et de l’argent ! », se rappelle Colette Popard, adjointe au logement et à la politique de la Ville et déléguée au quartier Chevreul-Parc. Au final, le maire de l’époque François Rebsamen se résoudra à ne pas appliquer la décision du conseil municipal. « Nous avons compris que les riverains préféraient accepter le nom de leur rue et ne pas avoir à changer tous leurs papiers. On n’a pas débaptisé cette rue pour soutenir le nom d’Adolphe-Willette mais pour simplifier la vie des habitants », ajoute l’élue. Elle confie toutefois être encore « gênée » par l’existence de cette voie sur les plans dijonnais.
À Paris, le conseil municipal du 18e arrondissement avait voté, en 2004, la décision de débaptiser un square du même nom. « Oui, mais personne n’habitait sur cette place, c’était donc plus facile », conclut notre interlocutrice. Ironie du sort, ce square a été renommé du nom de la communarde Louise Michel, dont Willette a soutenu le combat.

extrait de sa fiche Wikipedia
Adolphe Léon Willette, né à Châlons-sur-Marne le 30 juillet 1857 et mort à Paris le 4 février 1926 (à 68 ans), est unpeintre, illustrateur, affichiste, lithographe et caricaturiste français.

En 1927, le nouveau square inauguré au pied du Sacré-Cœur est baptisé en son honneur « square Willette ». Il porte ce nom jusqu’en 2004. Le 28 février 2004, à la suite d’une délibération du Conseil de Paris souhaitant sanctionner son engagement antisémite, ce square est rebaptisé du nom de la communarde montmartroise Louise Michel.