Deux sulfureuses propalestiniennes attendues en Suisse romande
Les Françaises Houria Bouteldja et Rima Hassan, la papesse des décoloniaux et la députée européenne LFI, toutes deux hostiles à Israël, participeront à des débats à Genève, Fribourg et Lausanne en janvier et février. Retour sur leurs propos controversés.
«On ne peut pas être Israélien innocemment», écrivait Houria Bouteldja dans un billet de blog publié sur Mediapart. C’était en décembre 2020. Son propos s’inscrivait dans une déferlante de haine dirigée contre Miss Provence, April Benayoun, qui participait au concours Miss France et qui avait indiqué dans sa présentation à la télévision être de père israélien. L’article d’Houria Bouteldja avait été dépublié tant il pouvait donner le sentiment de justifier les attaques antisémites visant la concurrente provençale.
Subventions publiques
Le 8 février, cette figure de l’idéologie décoloniale, fondatrice du Parti des indigènes de la République, en 2005, en France, sera à Lausanne comme conférencière invitée par le collectif Sud Global. La conférence se tiendra dans les locaux de Pôle Sud, une association affiliée à l’Union syndicale vaudoise, en partie subventionnée par la Fondation pour l’animation socioculturelle lausannoise (FASL), elle-même financée à près de 100% par la Ville de Lausanne.
Maxime Benatouil, membre de l’Union française juive pour la paix et de TSEDEK, deux mouvements juifs décoloniaux, opposés à Israël sous sa forme d’Etat juif, c’est-à-dire sioniste, interviendra comme conférencier également. Thème du débat: «Contre l’antisémitisme et ses instrumentalisations», titre d’un livre rédigé par un collectif d’auteurs, où l’on retrouve la figure de référence des études de genre et du gauchisme culturel américain, Judith Butler, qui avait qualifié les massacres du Hamas du 7 octobre 2023 d’«acte de résistance armée».
De leur côté, les Indigènes de la République d’Houria Bouteldja avaient salué, non sans lyrisme, sur X, l’action du Hamas, comme l’avait relevé à l’époque Le Figaro:
«Que la Résistance palestinienne qui mène son action avec détermination et confiance dans des conditions héroïques reçoive en ces heures terribles toute notre fraternité militante. La Palestine vaincra, et sa Victoire sera la nôtre.»
Les Indigènes de la République
La venue annoncée d’Houria Bouteldja n’a pour l’instant pas suscité de commentaires des partis politiques vaudois. Joint par watson, le chef de la Direction de la sécurité à la Ville de Lausanne, le PLR Pierre-Antoine Hildbrand, dit n’avoir pas reçu à cette heure de demande d’autorisation des organisateurs de la conférence du 8 février.
Contacté par watson, un membre de Pôle Sud souhaitant garder l’anonymat indique qu’une précédente conférence, organisée en décembre dans les locaux de son association, portait, déjà, sur «la lutte contre l’antisémitisme». Son intitulé – «Luttes juives antisionistes, regards croisés» – dénotaient cependant, là aussi, une opposition radicale à Israël. Il s’agissait de dénoncer «l’instrumentalisation de l’antisémitisme (…) pour légitimer la colonisation sioniste».
Rappelons qu’aux yeux de la Suisse et des Etats occidentaux en général, le refus de reconnaître le droit à l’autodétermination du peuple juif est l’expression d’un antisémitisme. La reconnaissance de ce droit ne vaut pas approbation de la colonisation des territoires occupés palestiniens par Israël.
Houria Bouteldja, ce sont souvent des propos blessants. Dans son essai Les Blancs, les Juifs et nous: vers une politique de l’amour révolutionnaire, paru en 2016, elle exerçait un chantage insidieux sur les juifs. Ils devaient renoncer à Israël pour vivre en sécurité, leur destin étant celui d’un peuple dispersé – à la merci des pogroms? Elle excusait les homophobes en banlieue, y condamnait les velléités de coming-out des homosexuels, au motif que la virilité est un carburant essentiel de la lutte décoloniale. Elle comprenait qu’une femme noire violée par un Noir ne porte pas plainte pour protéger la communauté noire. L’antiraciste – et propalestinien – Thomas Guénolé l’avait confrontée à ses citations dans l’émission Ce soir ou jamais.👇
C’est une autre sulfureuse, la députée européenne de la France insoumise Rima Hassan, égérie des défilés de soutien à la Palestine, qui est attendue à Fribourg le 22 février pour un débat organisé à Fri-Son par le collectif Ciné Résistance, avant cela le 25 janvier à Genève pour une discussion dans le cadre du festival Black-Movie – Fri-Son comme Black Movie bénéficient de subventions publiques.
L’eurodéputée est sous le coup de plusieurs plaintes en France pour «apologie du terrorisme», le Hamas étant un groupe reconnu comme terroriste par l’Union européenne. Début janvier, l’association Observatoire juif de France a déposé une plainte contre elle après qu’elle a estimé que les Franco-Palestiniens devraient avoir le droit de participer à la «résistance armée palestinienne», comme en réponse aux soldats franco-israéliens engagés à Gaza, pense-t-elle.
En août dernier, Rima Hassan avait embarrassé la gauche en déclarant sur X qu’«en dehors de la pensée hégémonique occidentale, personne ne considère le 7 octobre comme un acte de terrorisme». Ces derniers mois, elle est apparue, comme d’autres élus et responsables de La France insoumise, aux côtés du militant islamiste Elias d’Imzalène, condamné, en décembre, à cinq mois de prison avec sursis pour «appel à l’Intifada».
Dans les colonnes de La Liberté, le député UDC au Grand Conseil fribourgeois Stéphane Peiry plaide pour l’interdiction du débat auquel Rima Hassan doit participer le 22 février à Fri-Son.
Le professeur invité de l’Université de Lausanne Joseph Daher, l’un des encadrants de la mobilisation étudiante propalestinienne au printemps dernier sur le campus lausannois, sera de la partie.
Stéphane Peiry rappelle que, face à la pression exercée par des militants propalestiniens, le conseiller fédéral Ignazio Cassis, jugé trop proche d’Israël, avait annulé sa venue à l’Université de Fribourg. Il devait participer à une discussion avec son homologue slovaque sur un sujet sans rapport avec le guerre à Gaza.
A part le conseiller national UDC fribourgeois Nicolas Kolly, qui s’est étonné sur X que le 7 octobre soit implicitement assimilé à un «acte de résistance» dans la présentation du débat prévu à Fri-Son, aucun autre élu cantonal n’a fait part de réserves face à cette manifestation.
Stéphane Peiry confie à watson.
«J’ai reçu des messages de soutien d’élus d’autres partis, mais ils ne sont pas publics»
Est-ce parce que le bilan des bombardements d’Israël sur la bande de Gaza s’annonce terrible, peut-être plus de 50 000 morts alors qu’une trêve serait imminente, que la classe politique préfère ne rien dire des invitations lancées à Houria Bouteldja et Rima Hassan, partant, à un panel de conférenciers dont certains ne cachent pas leur hostilité à l’existence d’Israël? Est-ce parce que le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou est poursuivi pour crimes contre l’humanité qu’il faut se taire face à des déclarations renvoyant les juifs à leur ancienne condition de peuple sans terre?
SOURCE
https://www.watson.ch/fr