Des pulsions antisémites chez Reuters

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par Alain Legaret

Cela fait près de 15 ans, depuis la seconde intifada, lorsque j’étais assez naïf pour croire que les erreurs des médias étaient involontaires, que je me mobilise pour expliquer.

Cela fait près de 15 ans qu’en France et en Europe, on assiste à cette situation absurde où les citoyens se retrouvent à devoir informer des médias devenus dramatiquement délirants. Cela fait plus de 15 ans que la presse, subventionnée par les différents pouvoirs successifs, mène une campagne contre les juifs et leur Etat.

Evidemment, depuis le grand massacre du siècle dernier, les élites politico-médiatiques se gardent bien de prendre pour cible les juifs européens. On parque leurs enfants dans des réserves qu’on appelle pudiquement « écoles juives », avec car de police et vidéo-surveillance pour protéger les derniers spécimens qui n’ont pas encore émigré vers des cieux plus cléments.

Mais pour ne pas frustrer les aficionados de la chasse aux juifs, on leur a permis d’exercer leur hobby sur les juifs d’Israël. On a appelé ça antisionisme et le tour est joué. On peut repartir, non pas comme en 14, mais comme en 40.

« Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde » disait Albert Camus. Les années ont passé et le mal s’est installé. Après chaque article évoquant, je devrais plutôt dire souillant, Israël, il suffit de parcourir les commentaires postés par des lecteurs emplis de haine et d’une ignorance entretenue volontairement, oui j’insiste, volontairement, pour voir que la bête immonde ressurgit en Europe. Et cet antisémitisme, issu des élites et submergeant désormais les peuples, est tellement omniprésent qu’on ne le voit même plus. Il est partout et invisible à la fois, comme l’air qui nous entoure et que nous respirons.

Après de longues années de cécité volontaire de la part des gouvernements de tout bord, Manuel Valls, alors Ministre de l’intérieur, déclara enfin le 19 mars dernier au Trocadéro, « Cette critique de l’Etat d’Israël basée sur l’antisionisme, c’est l’antisémitisme d’aujourd’hui ». Cette prise de conscience salutaire quoique tardive restera sans effet si elle n’est pas accompagnée d’actions fortes sur le terrain. Car après les élections européennes de la semaine dernière qui ont hissé le Front National au rang de premier parti de France, l’Europe se retrouve face à un triste constat, oscillante entre un fascisme de gauche et un fascisme de droite. Il est donc urgent d’appeler les choses par leur nom, si on veut encore avoir une chance, infime, de pouvoir sauver l’Europe d’elle-même.

Après ce long préambule expliquant pourquoi désormais, c’est le mot antisémite qui convient, venons-en aux faits. Je croyais sincèrement ouvrir cette rubrique en parlant de l’AFP, France Télévisions, RFI ou encore Le Monde, mais c’est aujourd’hui l’agence Reuters qui a passé la ligne rouge qui sépare l’Israël-bashing habituel de l’antisémitisme patent. Evidemment, il ne s’agit pas ici de rapporter des propos vulgaires comme ceux utilisés par de simples internautes, mais plutôt de dénoncer un antisémitisme subtil, subliminal, lent car il a tout son temps, et terriblement efficace, qui ancre dans les esprits qu’Israël est le diable, et les juifs qui le soutiennent sont donc ses démons.

Le vendredi 30 mai 2014, l’Agence publie dans la rubrique Sport une dépêche intitulée « Une victoire internationale pour les footballeurs palestiniens » relatant un match de football qui s’est tenu aux Maldives entre les équipes palestinienne et philippine. Rien de bien spécial jusque là. Mais c’est sans compter sur l’existence des pulsions déviantes de son auteur. Tel le pédophile ne pouvant vivre sans les enfants, l’antisémite ne peut vivre sans les juifs ou leur Etat.

Ainsi, dans cette dépêche traitant de sport, on a droit à un bout de phrase hors contexte. Je cite : « C’est la première fois que l’équipe palestinienne remporte une compétition internationale depuis la création de la Fédération palestinienne de football en 1928, vingt ans avant la naissance de l’Etat d’Israël ».

Pourquoi donc venir mêler Israël à cet événement sportif qui ne le concerne pas ? Que vient faire ce « vingt ans avant la naissance de l’Etat d’Israël » au milieu de cette dépêche ? Quelle est donc la motivation du journaliste ?

Pour le comprendre, il faut savoir que depuis des décennies, un long travail de spoliation du patrimoine juif est en cours au Moyen-Orient, qui passe comme tout fascisme par la rhétorique. C’est ainsi que la plusieurs fois millénaire « Judée Samarie » est aujourd’hui appelée « Cisjordanie » ou « territoire palestinien occupé », que le « Mont du Temple » est devenu « Esplanade des Mosquées », que la tombe de la matriarche juive Rachel est considérée elle-aussi comme une mosquée, que le juif Jésus est désormais présenté avec le keffieh arabe, etc.… Je vais m’arrêter là puisque décrire le plus grand hold-up de tous les temps en quelques lignes serait comme vouloir expliquer la montée du nazisme en une demi-page. Il faut savoir que même le Mur des Lamentations est sur la liste des cibles en vue d’une appropriation arabe puisqu’une tentative initiée par un ministre palestinien a déjà eu lieu, qui a finalement avortée. Mais comptons sur l’efficacité de l’association islamistes-antisémites pour que le projet revienne sur le tapis tôt ou tard.

On comprend donc que la phrase hors contexte introduite par Reuters dans sa dépêche n’est pas si anodine que ça. En effet, elle vient ajouter sa pierre à l’édifice du révisionnisme en cours au Moyen-Orient en induisant un message politique très subtil : la Fédération palestinienne de football est antérieure à la naissance de l’Etat d’Israël, donc c’est bien la preuve que le peuple palestinien existe depuis cette date et donc, c’est encore bien la preuve qu’Israël est venu plus tard, pour se substituer à eux et les voler.

C’est très habile. Et les populations du monde sont abreuvées de ce genre de messages raffinés depuis des décennies. C’est de la lobotomisation. Il suffit de voir ce que pense du conflit le citoyen moyen pour constater que c’est aussi terriblement efficace. Malheureusement, sans une volonté réelle des pouvoirs publics, on ne peut rien contre de genre de propagande sournoise qui inonde les esprits. Exactement comme en 40.

Mais ce qui est encore plus pervers ici, c’est que non seulement le journaliste se livre à une attaque gratuite dans un texte où elle n’a pas lieu d’être, mais que cette attaque est basée sur une inversion des faits, faisant passer pour arabe une réalisation juive. Elle participe elle aussi à la spoliation du patrimoine juif évoquée plus haut.

Car en 1928, la fameuse Fédération Palestinienne de Football à laquelle le journaliste de Reuters fait référence était composée de juifs, que son hymne était l’Hatikva, hymne qui est celui de l’état d’Israël aujourd’hui, que l’appellation « palestinienne » évoque ici la société juive locale, tout comme le journal Palestine Post était un journal sioniste, qui s’est appelé Jérusalem Post après la naissance de l’Etat d’Israël.

Une Fédération de Palestine de football, arabe cette fois, fut créée plus tard, dans les années 60, soit bien après la naissance de l’Etat d’Israël.

Cette volonté de Reuters d’aller chercher Israël pour le dénigrer est tout simplement insupportable, dangereuse, et destructrice. C’est de l’ANTISEMITISME PUR. C’est exactement le même antisémitisme que celui de Joseph Goebbels, mais sans les moyens. En attendant qu’ils l’aient. Et cela passe par une mise en condition des peuples, par une diabolisation des juifs et de leur Etat pour mettre la morale de leur côté. Pour justifier le crime qui vient. Ces medias ne font plus leur travail. Ils sont à la solde de la nouvelle peste. Ils détruisent les esprits et les consciences. Ils détruisent l’humanité.

Voilà ce que nous dit Alexandre Jardin* à ce sujet : « Il n’est pas nécessaire d’être un monstre pour participer au pire….Si on désire brûler une synagogue, il suffit de rameuter une poignée de canailles sans foi ni loi, mais pour pratiquer un antisémitisme d’état, il est impératif de mobiliser des gens très bien. Car pour faire ça à grande échelle il va falloir mobiliser beaucoup de morale….C’est toujours la morale qui précède le crime d’Etat….dès que les gens très bien dans une société rejoignent les fous, c’est là que ça devient la fin du monde ».

L’Europe du 21ème siècle voit le retour du monstre. Parce qu’il faut être sacrément vicieux pour caser une attaque contre Israël dans un article de sport qui n’a rien à voir avec l’Etat juif, une attaque qui de plus, se base sur une manipulation de l’histoire, faisant passer pour arabe une réalisation juive.

Il faut que les Européens comprennent que s’ils sont devenus antisémites, ce n’est pas parce qu’Israël est mauvais, mais parce qu’ils sont pris pour des idiots par des médias qui ont une idée fixe : nuire aux juifs et à leur pays. Ils sont manipulés, et pas seulement au sujet d’Israël. Ce n’est pas un problème juif. Ce n’est pas un problème israélo-palestinien. C’est un problème européen.

On a crié « mort aux juifs » dans la rue, on connait la suite.

On a tué un juif à Bagneux, on connait la suite.

On a tué des juifs à Toulouse, on connait la suite.

On a tué des juifs à Bruxelles. Ca suffit. Je ne veux plus connaitre la suite.

Est-il besoin de préciser que même si les juifs paient toujours un lourd tribut dès qu’un totalitarisme se lève, c’est de l’avenir de l’Europe qu’il s’agit ?

Ce n’est pas acceptable qu’en 2014, une agence de presse diffuse dans la plus grande liberté son contenu antisémite. J’en appelle aux pouvoirs publics et aux élus. Ils doivent prendre position : se lever et dénoncer, ou continuer à se taire et être complice des crimes de Bagneux, Toulouse et Bruxelles, mais aussi de milliers d’insultes, intimidations et bousculades quotidiennes contre les juifs dans les rues de l’Europe de 2014.

Les juifs ne peuvent plus se contenter des honneurs à titre posthume quand la propagande infâme se répand ouvertement sous nos yeux.

Alors, en attendant la mobilisation des dirigeants européens avant le pire, il est de notre devoir de dénoncer cet antisémitisme des journalistes, ceux de Reuters ouvrant le bal. S’ils ne pensent pas être antisémites, je les invite à une introspection pour comprendre pourquoi j’ai pu les percevoir ainsi, et réfléchir sur la part de responsabilité qu’ils pourraient avoir dans l’atmosphère nauséabonde qui conduit de nouveau aux meurtres de juifs jusqu’a coeur de l’Europe.

Ils peuvent aussi choisir de m’envoyer leurs avocats. Ils doivent bien en avoir. Après tout, Klaus Barbie en avait aussi.

notes:
*Alexandre Jardin, « Des Gens Très Bien » chez Grasset

lire l’article d’Alain LEGARET en cliquant sur le lien ci-après

http://alainlegaret.blogspot.fr/2014/06/des-pulsions-antisemites-chez-reuters.html

happywheels

2 Commentaires

  1. Peuimporte dit :

    Reuters……. qui a gardé le nom de son fondateur Juif !!

  2. Yan dit :

    Des traitres ayant la haine de soi ca existe et ils sont plus nombreux qu’on ne se l’imagine, surtout en Israel…Je me demande comment le Mossad ne s’est pas encore occupe de leurs cas avec toute la finesse qui le caracterise!!… Trop de liberte tue la liberte…

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