Clément et Mahiedine, un hasardeux tandem de djihadistes
Interpellés en 2017 à Marseille, ils projetaient un attentat. Le PNAT demande leur renvoi aux assises.
Leur interpellation à Marseille, le 18 avril 2017, à six jours du premier tour de la présidentielle et à la veille d’un meeting phocéen de Marine Le Pen, avait replacé le péril djihadiste au cœur de la campagne. Dans un réquisitoire daté du 7 mai dernier, le parquet national antiterroriste (PNAT) demande le renvoi aux assises, pour «association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste», de Clément Baur, 27 ans, et de Mahiedine Merabet, 33 ans. Les juges d’instruction doivent prendre leur décision d’ici à début juin.
Dix complices présumés des deux islamistes, parmi lesquels des Kosovars et un réfugié tchétchène, sont également visés par le réquisitoire pour soutien logistique (notamment en fournissant des armes et munitions). Il est vrai qu’un arsenal avait été retrouvé par les enquêteurs de la DGSI: un pistolet-mitrailleur, trois armes de poing et des munitions. Mais aussi 3,5 kg de TATP (explosif artisanal), dont une partie prête à l’emploi, et une grenade artisanale. On retrouvait également un montage numérique reprenant la une du Monde où figurait François Fillon, candidat des Républicains en pointe sur la question de l’islam radical, avec des munitions disposées de manière à écrire: «La loi du talion.»
Dans un contexte préélectoral, et à l’heure où les écarts des sondages avaient tendance à se resserrer, les interpellations de Marseille avaient défrayé la chronique et alimenté la polémique. Le 19 avril, Marine Le Pen assénait: «Nous sommes au risque 100% parce que l’on ne prend pas les mesures que l’on devrait prendre.» Le même jour, Emmanuel Macron rétorquait: «Je veux vous dire à quel point j’attache de l’importance à la lutte contre le terrorisme. La mission d’un chef de l’État, c’est d’assurer votre sécurité.»
Expert en dissimulation
Quatre ans après ce tumulte politico-médiatique, le réquisitoire permet de revenir sur cette étonnante histoire, sur ses ratés et ses zones d’ombres. Avec deux protagonistes principaux aux profils très différents. Né le 10 juillet 1987 à Croix (Nord), Mahiedine Merabet a un parcours classique de délinquant multirécidiviste ayant basculé dans l’islam radical. Enfant de la classe moyenne, Clément Baur, né le 16 juillet 1993 à Ermont (Val-d’Oise), s’est, lui, converti à l’islam en 2007 – il avait alors 14 ans – en lien avec des Tchétchènes de la région de Nice. Puis il a épousé les thèses djihadistes. Un basculement peut-être survenu lors d’un séjour en Belgique dans les années 2010.
Déclaré disparu en 2014-2015 par sa mère, qui remue ciel et terre sans que les autorités françaises n’y prêtent une grande attention, il a été en contact de 2015 à 2017 avec au moins deux terroristes en Allemagne, pays où il a même été interpellé sous une fausse identité, avant d’être relâché. À la même époque, cet expert en dissimulation avait aussi purgé une peine de quelques mois en France pour usage de faux documents, rencontrant à cette occasion Merabet et bernant les autorités en donnant encore une fausse identité. Il avait échappé à une nouvelle interpellation en 2016, toujours grâce à des faux documents, alors que l’antiterrorisme s’intéressait à Merabet… Restent les zones d’ombre du dossier, soulignées par Me Charlotte Cesari, du barreau de Marseille, qui défend Clément Baur avec Me Jérôme Susini: «Nous ne nions pas son adhésion aux thèses de l’État islamique. Mais après des années d’enquête, les questions sans réponse sont nombreuses. On n’a toujours aucune certitude sur des cibles potentielles. Ou sur les conditions de sa radicalisation, l’État français ayant au passage négligé le cri d’alarme de sa mère, qui aurait pu tout changer. Aucune certitude non plus sur un éventuel passage en Syrie.»
L’homme revendique bien son adhésion à l’État islamique comme en attestent ses propos en détention. Piégé par la sonorisation de ses parloirs quelques mois après son interpellation, Clément Baur aurait ainsi évoqué la Syrie en précisant: «J’ai vu les gens partir à la mort avec le sourire». Il traite son juge «d’apostat», exprime son émotion pour «les frères sacrifiés» au Stade de France, sa compassion pour Salah Abdeslam et lâche, en évoquant les «croisés», qu’«on est en guerre contre eux comme ils sont en guerre contre nous». Il dit aussi «préférer le jugement devant Allah» plutôt que la justice des hommes.
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