Charlie Hebdo et Hyper Cacher : ce que les enquêteurs cherchent toujours à comprendre
Les 7 et 8 janvier 2015, 17 personnes trouvaient la mort dans des attentats à Paris, à Charlie Hebdo, dans l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes et à Montrouge. Deux ans après, où en est l’enquête?
Les faits
Le 7 janvier 2015, les frères Saïd et Chérif Kouachi, deux islamistes radicaux connus des services de renseignement, tuent 12 personnes dans les locaux de Charlie Hebdo, à Paris. Après deux jours de cavale, ils sont abattus à Dammartin-en-Goële. Le 8 janvier, Amédy Coulibaly, délinquant multirécidiviste, tue une policière municipale à Montrouge, en banlieue parisienne. Le 9 janvier, il prend en otages les clients et le personnel d’une épicerie juive de Paris, l’Hyper Cacher. Il tue quatre personnes et meurt lors de l’assaut donné par les policiers.
Les zones d’ombre sur le parcours d’Amédy Coulibaly
Des zones d’ombre demeurent sur le parcours d’Amédy Coulibaly. On ignore par exemple pourquoi il a tiré sur la policière, Clarissa Jean-Philippe. Visait-il une école juive situé à proximité? Il est également soupçonné d’avoir blessé un joggeur le 7 janvier à Fontenay-aux-Roses et d’être à l’origine de l’explosion d’une voiture le 8 janvier à Villejuif, explosion qui n’a pas fait de victimes. Cherchait-il à « tester » son arsenal? Les enquêteurs n’ont pas de certitudes.
Quels étaient les liens précis entre les frères Kouachi et Amédy Coulibaly?
Leur passé les lie à la filière dite des Buttes-Chaumont, qui a envoyé des combattants en Irak dans les années 2000 avant d’être démantelée. Amédy Coulibaly a rencontré Chérif Kouachy en détention, à Fleury-Mérogis, en 2005. Ils sont restés en contact à leur sortie de prison, fréquentant notamment des figures de la mouvance radicale, dont Djamel Beghal, qui a purgé une peine de dix ans pour un projet d’attentat en 2001 contre l’ambassade des Etats-Unis à Paris. Il est depuis assigné à résidence à Murat, dans le Cantal, lieu où se sont rendus Amédy Coulibary et Chérif Kouachi.
Des centaines d’appel, passés en 2014, ont été recensés entre les téléphones de leurs épouses respectives. Les deux hommes se sont par ailleurs retrouvés la nuit précédant l’attaque dans les locaux de Charlie Hebdo. Et Chérif Kouachi a envoyé un texto à Amédy Coulibaly juste avant de passer à l’acte. Mais les enquêteurs n’ont pas pu récupérer le contenu précis de leurs conversations. On ignore ainsi le degré de leur coordination.
Quel a été le chemin des armes utilisées pendant les attentats?
Les enquêteurs pensent que les armes des frères Kouachi ont été fournies par Amédy Coulibaly, mais ils n’ont pas pu le prouver. Les tueurs de Charlie Hebdo disposaient d’un véritable arsenal de guerre : six pistolets Tokarev, un revolver datant des années 30 et des fusils d’assaut provenant de Slovaquie, de Russie et d’ex-Yougoslavie.
Une partie de ces armes a transité par la société de la compagne d’un proche des milieux d’extrême droite, Claude Hermant, détenu dans une affaire de trafic d’armes. L’homme, qui se présente comme un indic’ des douanes et des gendarmes, assure avoir fourni ces armes à un autre trafiquant présumé. A ce stade de l’enquête, les deux hommes ne sont pas poursuivis.
Un autre réseau en Belgique intéresse les enquêteurs. Ils soupçonnent Amédy Coulibary d’y avoir troqué sa voiture, une Mini Cooper, contre des armes. Mais la piste s’arrête là. Pour l’heure, sept hommes dans l’entourage du tueur de l’Hyper Cacher ont été mis en examen, et six d’entre eux sont en prison. Ils sont tous suspectés, à des degrés divers, d’avoir apporté une aide logistique à Amédy Coulibary. Tous nient avoir eu connaissance du projet d’attentat.
Les enquêteurs ne connaissent toujours pas l’identité du donneur d’ordre
L’attaque contre Charlie Hebdo a été revendiquée par Nasser Ben Ali al-Anassi, porte-parole d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), tué depuis par un drone américain au Yémen. Les frères Kouachi eux-mêmes se sont réclamés de cette organisation. Amédy Coulibaly, lui, a évoqué le groupe Etat islamique dans sa vidéo de revendication de l’attaque de l’Hyper Cacher.
Lire aussi : Le tueur de l’Hyper Cacher était bien en lien avec l’Etat islamique
Le lien avec la Syrie a été établi par les enquêteurs, mais a priori aucun des trois terroristes ne s’y est rendu. Les Kouachi ont effacé toute trace informatique, mais plusieurs messages envoyés à Coulibaly depuis la zone irako-syrienne (« si possible trouver et travailler avec zigotos bien »…) dessinent le profil d’un donneur d’ordre, toujours pas identifié.
On ignore ainsi qui a mis en ligne la vidéo posthume de revendication de Coulibaly. S’agit-il de ce donneur d’ordre dans la zone irako-syrienne ou s’agit-il de quelqu’un d’autre. Sollicité, le FBI a établi que la vidéo avait bel été bien été diffusée depuis la Syrie, à partir d’une adresse IP déjà utilisée par l’Etat islamique pour revendiquer la prise d’otages de deux Japonais, exécutés en janvier 2015. Mais les Américains n’en savent pas plus.
Plusieurs noms connus des services de renseignement sont revenus dans l’enquête. Il s’agit par exemple de Boubaker el-Hakim, de la filière des Buttes-Chaumont. Il s’agit d’un des mentors des Kouachi. Il a été tué en novembre dernier par une frappe américaine en Syrie. Les enquêteurs savent aussi que Peter Cherif, lui aussi un ancien des Buttes-Chaumont, devenu un cadre d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique, a entretenu des échanges réguliers avec les deux frères, au moins jusqu’en 2013. Quant à Salim Benghalem, geôlier de l’Etat islamique, il a croisé Amédy Coulibaly en 2010 à l’occasion du procès de l’évasion d’un auteur des attentats de 1995. C’est lui aussi qui a accompagné Chérif Kouachi au Yémen, lors de son voyage en 2011. Il est soupçonné d’être l’un des cerveaux des attentats du 13 novembre à Paris.
Marianne Enault (avec AFP) – leJDD.fr
mercredi 04 janvier 2017
source :
happywheels
Selon NOVOPRESS Les frères kouachi ont participé à un « concert » de RAP à la télé (Antenne 2 ?)
Et Koulibaly a été reçu à l’Elysée du temps de Sarkozy…
c est vrai