BDS : les masques tombent
Quand l’antisionisme vire à l’antisémitisme
Le mouvement BDS ne cache pas son antisionisme. Mieux que ça, il le revendique. Omar Barghouti, co-fondateur du collectif de boycott anti-Israël, ne cesse de le répéter. Le fait qu’il soit diplômé de l’Université de Tel Aviv ne semble pas le gêner dans son entreprise de délégitimation d’Israël. Une preuve supplémentaire du prétendu apartheid fantasmé par BDS.
Omar Barghouti veut la fin d’Israël en tant qu’Etat Juif. Pour cela, il préconise un Etat binational, ce qui aurait pour effet de légitimer le retour des descendants des réfugiés palestiniens de 1948. C’est d’ailleurs un point essentiel, mais rarement évoqué, de la charte du collectif.
La suite, on la connaît. Faire augmenter la démographie arabe jusqu’à ce que les juifs soient en minorité et que le simple vote d’une loi permette de faire disparaître Israël légalement. M. Barghouti n’a rien inventé. Arafat avait cru bon d’imposer cette condition qu’il savait inacceptable (même pour le travailliste Ehoud Barak) et avait refusé de signer les accords de Camp David II en 2000 privant les palestiniens de conditions inespérées et, à terme, d’un Etat.
Dans une telle hypothèse, croire que les juifs continueraient à bénéficier des mêmes droits que le reste de la population est une chimère. Tous les jours en effet, les palestiniens de Gaza comme de Cisjordanie sont soumis à une violente propagande anti-juive et rien ne laisse présager la possibilité d’une cohabitation pacifique.
L’antisémitisme virulent et constant des prêches et des discours officiels (mise en ligne du faux antisémite « Protocoles des Sages de Sion » sur un site affilié au Service gouvernemental palestinien de l’Information), les livres scolaires palestiniens – financés à coup de millions d’euros par l’Union Européenne – qui enseignent depuis des années à haïr les juifs, qui les affublent de tous les maux, les programmes télévisés pour la jeunesse, notamment sur Al-Aqsa TV, dans lesquels de jeunes enfants ânonnent que les juifs sont les descendants des singes et des porcs et qu’ils souhaiteraient mourir en martyrs en tuant le plus de juifs possible, tout cela illustre la volonté des dirigeants palestiniens, qu’ils soient islamistes ou à tendance nationaliste, de ne jamais accepter les juifs à leur côté.
Les juifs devront alors fuir comme ils ont dû fuir les pays arabes après la création de l’Etat d’Israël non sans avoir auparavant été privés de leurs biens, de leurs commerces, de leur argent. 800.000 juifs chassés d’Irak, de Syrie, d’Egypte, du Yémen, d’Algérie, du Liban, du Maroc dont personne ne se soucie du retour ni de l’indemnisation.
Les juifs devront fuir, mais pour aller où ? En Europe où l’on crie à nouveau « mort aux juifs » dans les rues ? En Russie où l’on prétend que la guerre en Ukraine est un complot juif ? En Afrique où l’islamisation à l’œuvre dans de nombreux pays laisse libre cours à une propagande antisémite ?
Récemment, sur les quais de Seine, des partisans de BDS déclaraient que les juifs devaient quitter la Palestine pour retourner « chez eux », c’est-à-dire nulle part précisément. Le Juif errant, voilà le seul juif supportable pour le BDS.
C’est aussi en cela que l’antisionisme confine à l’antisémitisme. Mais BDS ne s’arrête pas là.
Lors des dernières manifestations du BDS en Afrique du Sud, certains manifestants criaient « mort aux juifs » en brandissant des drapeaux palestiniens et du Hezbollah. À l’Université Libre de Bruxelles en mars 2015, des étudiants juifs étaient pris à partie, sans raison particulière, par des militants du BDS. En juin 2015, l’ancien député communiste Jean-Claude Lefort, Président honoraire de l’Association France-Palestine Solidarité et soutien indéfectible de BDS, appelait au boycott de produits cachers fabriqués en France.
Mais surtout, la semaine dernière, sous la pression du BDS local, le festival de reggae espagnol Rototom Sunsplash de Benicassim a décommandé un chanteur juif américain, Matisyahu, après avoir exigé qu’il fasse une déclaration en faveur d’un État Palestinien et qu’il se « positionne » au sujet du sionisme. Pourquoi lui ? Parce qu’il est juif. Aucun autre artiste n’a eu à subir ce diktat. Le festival a reconnu qu’il avait agi ainsi en raison d’une « campagne de pression, coercition et menaces » de la part de BDS qui l’avait « empêché de raisonner clairement ».
BDS demande-t-il à Jamel Debbouze, parce qu’il est musulman, de condamner publiquement la chasse aux chrétiens en Syrie, la mise en esclavage des yazidis en Irak, les meurtres de coptes en Egypte, le massacre des animistes au Sud-Soudan avant de monter sur scène ? Non.
Il n’y a que les juifs, et non plus les israéliens – ce qui était déjà inepte -, que BDS boycotte ainsi.
BDS est un mouvement antisémite. Structurellement. Il ne s’agit pas seulement de certains militants plus radicaux que d’autres qui abreuvent les réseaux sociaux de propos orduriers. Non, c’est bien plus que cela. Sous couvert de soutien au peuple palestinien, les actions mises en œuvre par les directions locales ou nationales de BDS tendent à légitimer le rejet et la haine.
Les discours clivants et les vidéos outrancières se succèdent. Les pouvoirs publics, par manque de courage ou par calculs électoraux, l’un n’étant pas exclusif de l’autre, s’empressent de ne rien faire. Petit à petit, le poison se diffuse. Petit à petit, les réflexes antisémites s’installent. Les trop peu nombreuses réactions suite à l’indigne opération « Gaza Plage » montre à quel point la société civile est devenue perméable à ce genre de discours et s’en accommode.
C’est un pas de plus vers le délitement de la cohésion nationale. Un de ceux qui nourrissent les extrêmes.
source:
http://www.causeur.fr/bds-matisyahu-israel-antisemitisme-34303.html