Barbara Lefebvre : cette banlieue que les candidats à la présidentielle ne visitent jamais
FIGAROVOX/TRIBUNE- A deux jours de l’élection du nouveau président de la République, Barbara Lefebvre revient sur les différents déplacements des candidats en banlieue au cours de la campagne.
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Barbara Lefebvre est enseignante. Elle est co-auteur des Territoires perdus de la République (2002, réédition Pluriel 2017) et co-auteur de Une France soumise (Albin Michel, 2017).
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Moment immanquable dans une campagne électorale, celui où un candidat vient s’égayer en banlieue. En amont, les communicants ont réfléchi. Il a fallu choisir le lieu avec soin selon le message à adresser au peuple ( ou aux médias? ). Le candidat peut vouloir prendre des risques, ou pas du tout. Le candidat peut être pris par surprise, mal accueilli bien que tout ait été minutieusement préparé. Le politicien ne peut pas toujours compter sur la fiabilité servile du populo de banlieue, qui, comme tous les populos, est parfois imprévisible. Bien sûr la mise en scène médiatico-politique repose sur la production plus ou moins maitrisée d’images et sur quelques courtes phrases qui marqueront le moment. Pour ce qui est du déplacement «en banlieue», la mémoire collective se souvient de Chirac malmené au Val Fourré en 2002, de la gifle assénée par Bayrou lors de cette même campagne de 2002 à un gamin qui lui faisait les poches à Strasbourg, de Sarkozy et son karcher une nuit d’octobre 2005 à Argenteuil, de Marine Le Pen chahutée à Aulnay-Sous-Bois pendant la campagne de 2007, de Hollande quittant la Courneuve en 2016 sous les «Casse- toi Hollande». Bref, la banlieue est une zone à risque pour les gros candidats qui s’y aventurent rarement, ne s’y font jamais élire.
Les équipes d’Emmanuel Macron ont choisi pour sa visite surprise de jeudi dernier, la ville de Sarcelles. Sarcelles est un des cas emblématiques du basculement de certains territoires de la République. Le maire est un gars sympa et original, proche de DSK, il a son franc-parler. François Pupponi connait sa ville et «ses communautés»: il a acté sa fragmentation tout en regrettant sincèrement l’ancien temps. Celui où il faisait bon vivre à Sarcelles, les décennies 1960-1980. Parenthèse de vingt ans où le modèle républicain de mixité sociale avait un sens, où les gens fréquentaient les mêmes lieux publics, les mêmes écoles, juifs, chrétiens, musulmans, Français de toujours et Français de fraîche date, où les femmes de culture musulmane n’étaient pas toutes voilées à la saoudienne. Cinquante ans plus tard, et plusieurs vagues migratoires passant par là, la ville ne ressemble plus qu’à un puzzle impossible à assembler, où cohabitent, sans rien partager, des Sarcellois qui se définissent désormais par leur communauté religieuse ou ethnique. En 2017, chacun son quartier, chacun ses commerces, chacun ses écoles: les chrétiens Chaldéens d’un côté, les musulmans de l’autre selon les origines nationales, les juifs resserrés dans un pré-carré pour échapper à la violence, se repliant souvent dans la pratique religieuse.
Il faut s’arrêter un instant sur la «Sarcelles juive» tant elle est symptomatique du malaise français. Cette part incontournable de Sarcelles qui ne faisait pas partie de la visite d’Emmanuel Macron. Dans les années 1970, on l’appelait «la petite Jérusalem». Elle abritait alors la plus importante communauté juive de France, essentiellement en provenance du Maghreb après que les Juifs de Tunisie, d’Algérie et du Maroc furent chassés ou aimablement poussés à l’exil, quand bien même des milliers d’entre eux y étaient plus enracinés historiquement que les descendants des conquérants arabes. L’actuelle dizaine de milliers de juifs sarcellois n’a plus grand-chose à voir avec la communauté des années 1970. Elle s’est repliée sur la pratique religieuse, dans un entre-soi sécurisant, une façon de ne plus assister à la fin d’un monde, celui d’une France laïque où la citoyenneté comptait davantage que votre appartenance réelle ou supposée à une religion ou une ethnie. Cette France là, depuis vingt ans, la majorité des Français juifs ont compris qu’elle était moribonde, ils l’ont vécu dans leur chair avec le déferlement de violence antisémite et son cortège de crimes. Comment analyser cette émigration inédite en temps de paix? Sarcelles elle-même a vu l’année dernière presque 500 familles émigrer en Israël, sans compter ce qu’on appelle «l’alya interne», c’est-à-dire le départ vers le 17è arrondissement de Paris! Les Sarcellois juifs sont victimes de l’antisémitisme islamique, de la violence et de la criminalité antijuive qui s’est malheureusement développée en France depuis plus de vingt ans. Souvenons-nous des attaques antijuives de l’été 2014 à Sarcelles sous le prétexte de l’antisionisme. Le déchainement de haine antisémite avait laissé tout le monde sans voix. Les policiers sur place comme le maire en sont encore meurtris.
Enfin, en pleine campagne électorale, aucun candidat n’aura pourtant eu un mot pour la famille de Sarah Halimi, une sexagénaire parisienne défenestrée dans la nuit du 4 avril par son voisin criant «Allah akbar» , voisin immédiatement interné en psychiatrie pour éviter «la polémique». Personne n’a rien pu dire à ces juifs modestes de Sarcelles, comme il n’a rien à dire aux juifs de France qui sont d’abord des Français, pour beaucoup désespérés, aspirant à retrouver leur pays, celui que leurs ascendants polonais, tunisiens, égyptiens, allemands ou russes avaient choisi, avaient élu comme patrie parce qu’ils en aimaient la générosité intransigeante, la laïcité apaisée. «Le réel est reporté à une date ultérieure» écrivait déjà Philippe Muray en 2002 durant l’entre- deux tours de la présidentielle.
Source :
http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2017/05/05/31001-20170505ARTFIG00211-barbara-lefebvre-cette-banlieue-que-les-candidats-a-la-presidentielle-ne-visitent-jamais.php
Précision sur cet article : une candidate s’est exprimée sur l’assassinat de notre sœur Sarah HALIMI
Marine Le Pen : Affaire Sarah Halimi, « L’antisémitisme islamiste fait des victimes dans l’indifférence générale »
« Moi j’aimerai plus que l’on parle, c’est l’antisémitisme islamiste qui aujourd’hui fait des victimes dans l’indifférence générale »
« Il y a quelques jours une femme de soixante et un an à été jetée, défenestrée du troisième étage, parce qu’elle était juive et qu’elle avait été menacée et traitée de »sale juive » par son voisin pendant des jours et cela on n’en parle pas »
« On ne parle pas plus de nos compatriotes juifs qui n’osent plus sortir dans la rue avec leur Kippa parce qu’ils sont victimes systématiquement d’agressions »
A partir de 2.04 dans la vidéo
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Source :
happywheels
Comment ne pas quitter un pays comme la France, pour qui la communauté juive n’a plus sa place?
c’est bien la grande synagogue de Sarcelles que l’on voit la 1ere photo ?
les communautés ont été créees à partir du moment ou on a construit des H.L.M. ces « cages à lapins ou à poules »comme on les appelait, et on entassait les familles nombreuses pour ne pas envahir Paris-
puis ont fleuri les tours qui petit à petit se sont dégradées, grâce à la malveillance des gérants qui se succédaient à la tête de ces monuments laissés souvent à l’abandon par « manque d’argent » pour réparer les ascenceurs qu’on pouvait comparer à des wc, le chauffage souvent absent, l’eau chaude….n’en parlons pas- – et je passe les halls qui la nuit devenaient des lieus privés pour dealers, drogués, et j’en passe, ou la police municipale ne pouvait faire son travail- ah oui, ici à Aulnay on a démolit, reconstruit des immeubles de 4 étages distribuées aux familles amies du maire aussi honnête que les gérants- comment ne pas avoir envie de partir, ah oui mais pour cela il faut avoir les moyens- grâce à mon handicap, merci mes jambes de m’avoir abandonnée, j’ai pu changer de quartier- du Nord, je suis passée au quartier « presque sud » – on est plus tranquille quoique- en près de 40 ans de vie aulnaysienne, j’ai entendu les pires choses- des jeunes morts d’over dose, des nouveaux-nés dans les vide ordures…..vous en voulez d’autres? et les juifs dans tout ça? ceux qui ont pu ont acheté des pavillons près de la synagogue pas la principale, celle qui a été payée uniquement par la communauté, et puis un jour, ils sont partis, plus de prières le matin faute de la présence des 10 hommes nécessaires, et là je m’arrête sinon demain j’y suis encore….
Mon Dieu que c´est bien de vous lire Francoise.Nous aurions pu vivre les pires misere si nous n´avions pas quitté le quartier(ouvrier)oú nous vivions.C´est devenu carrément le bled.Tous n´étaient pas des mauvaises personnes biensur,mais tous vivaient et vivent dans la peur des racailles fort nombreuse.La possibilité de partir c´est offerte á nous et nous l´avons fait.Aucune résistance n´est possible dans ces quartiers,pas de volonté politique pour stopper cette chienlit(gauche et droite inclus).Je ne vous parle même pas des écoles une véritable catastrophe.Par contre personne je dis bien personne ne pourra dire que ces zones de non droit ne sont pas des lieux de radicalisation muzz,ils vivent aujourd´hui entre eux et malheur á celui qui essaie de leur faire barrage.Attention,des gens bien vivent lá mais ils sont tenus par la peur et personne pour changer cette situation explosive,ceci n´est pas un fantasme mais une réalité.Bien á vous Francoise et respect.
merci Francomtois –