BarakaCity : une association sous haute surveillance
Cette ONG islamique, dirigée par un musulman rigoriste et qui réunit des millions de dons pour ses actions humanitaires, dont certaines en Syrie, se sait dans le viseur des services de renseignement.
Les protagonistes sont d’accord sur un point : ils ont tous deux le sentiment d’avoir été piégés. Dans l’émission « le Supplément », sur Canal +, le 24 janvier, Najat Vallaud-Belkacem, la ministre de l’Education, et Idriss Sihamedi, président de l’ONG islamique BarakaCity, engagée notamment en Syrie, ont suscité une polémique que ni l’un ni l’autre n’avait anticipée.
L’humanitaire, à qui l’on demande s’il condamne Daech, répond qu’il « n’est pas équitable, pas juste, de poser la question à un musulman ». Et finit par prendre, du bout des lèvres, ses distances avec la barbarie. La ministre, appelée à réagir, se montre gênée par ces propos, concédant ne pas bien connaître l’association. « Je ne rajouterai rien », conclut-elle. BarakaCity se retrouve en pleine lumière.
Personne ne conteste la réalité de l’engagement sur le terrain de cette ONG née en 2010, dans le Val-d’Oise, pour « développer des aides aux plus démunis et des activités culturelles ». BarakaCity — « ville bénite » (juxtaposition de l’arabe et de l’anglais) — déménage en 2012 pour Courcouronnes (Essonne), ajoutant à ses statuts une vocation internationale destinée « à prévenir et faire cesser les atteintes graves à l’ensemble des droits énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme ». Elle intervient auprès des musulmans, en particulier mais pas seulement, en Birmanie, au Bangladesh, en Syrie, à Gaza ou au Togo. Idriss Sihamedi, qui dirige l’association, est un homme controversé, considéré comme « fondamentaliste » par les services de police. Lui se définit comme « musulman orthodoxe ». Ce qui implique de ne pas serrer la main des femmes, « comme certains rabbins », dit-il, faisant valoir que cela ne tombe pas sous le coup de la loi. En tant que président de BarakaCity, il ne pouvait pas, selon lui, condamner Daech sur Canal + sans mettre en danger ses équipes. « Nous menons des actions pacifiques à l’opposé de l’EI (Daech), alors j’étais sur la défensive », nous confie-t-il.
D’où vient l’argent ?
Essentiellement de dons. Pour développer son projet L’eau c’est la vie au Togo, BarakaCity annonce avoir réuni le million d’euros nécessaire à l’acquisition d’un camion de forage de puits en sept jours. Au total, l’association revendique à cette époque 100 000 donateurs, entre 600 et 700 bénévoles et une vingtaine de salariés en France. En trois ans, les dons atteindrait les 16 M€, provenant « à 100 % de particuliers ». Cette mobilisation est rendue possible grâce à des campagnes intenses à la sortie des mosquées mais surtout par un site Internet, une page Facebook suivie par 651 000 personnes et Twitter (48 000 abonnés).
Gérant d’une agence de communication, Idriss Sihamedi s’est reconverti dans l’humanitaire, créant sa propre association pour, dit-il, être certain que « [ses] dons soient vraiment reversés aux nécessiteux ». « On joue les reporters sans frontières, avec photos et vidéos à l’appui, expliquait à l’été 2014 Moussa Tchantchuing, le jeune humanitaire aujourd’hui détenu au Bangladesh (lire encadré). » La vente de produits dérivés complète la panoplie de com. Dans une note de 2013, un service de police spécialisé évoque une « agressivité quasi commerciale » qui « provoque l’exaspération des fidèles de la mosquée » où l’association tente de s’implanter
« Nous sommes dans le viseur des services de renseignement », déplore-t-on du côté de BarakaCity. Les interrogations des policiers sont de deux ordres : la destination des fonds et la nature des relations « avec des individus proches de la mouvance islamiste radicale ». Dès 2014, Tracfin, l’organisme chargé de détecter les flux d’argent suspects, fait remonter plusieurs signalements : un premier virement de 200 000 € à destination des territoires palestiniens puis deux autres, d’un montant cumulé de 500 000 €, vers l’étranger. Si bien qu’en avril 2014, deux banques informent l’association qu’elles ne souhaitent plus la compter parmi leurs clients. « Nos comptes sont sains et validés par le commissaire aux comptes », rétorque l’association. Selon le parquet d’Evry, les signalements Tracfin n’ont pas mis en évidence d’infractions. Mais BarakaCity a attiré l’attention des autorités bien avant cet épisode, notamment par les fréquentations de son président, parmi lesquelles des prédicateurs rigoristes, en Grande-Bretagne ou ailleurs
En février dernier, alors que BarakaCity filme avec un drone sur le parking de ses locaux des ambulances en partance pour la Syrie, le pilote de l’engin est interpellé et une vingtaine de policiers lance une perquisition. Opération sans suite judiciaire. Le 26 novembre a lieu une deuxième perquisition, administrative cette fois, dans le cadre de l’état d’urgence. L’arrêté évoque « des raisons sérieuses de penser que se trouvent des personnes, armes ou objets liés à des activités à caractère terroriste ». Mais rien n’est découvert. « Une petite perquisition en douceur, juste pour le marketing », raille Idriss Sihamedi qui s’y connaît. L’incident de dimanche a donné plus de visibilité à BarakaCity : 4 000 personnes supplémentaires suivent désormais son compte Facebook.
SOURCE :
happywheels
Que des cons et en plus des journalistes souriants !!!
« Le supplément » de C+ affirme que Najat Vallaud-Belkacem a menti: « Elle savait que le dirigeant de BarakaCity serait en plateau » – Regardez …
http://www.jeanmarcmorandini.com/article-348822-le-supplement-de-c-affirme-que-najat-vallaud-belkacem-a-menti-elle-savait-que-le-dirigeant-de-barakacity-serait-en-plateau-regardez.html