Au musée du Louvre, une tapisserie nazie fait des remous
L’illustre musée d’art français héberge dans ses réserves une tapisserie à la gloire d’Adolf Hitler et l’a intégrée à ses fonds « Musées Nationaux Récupération » (« MNR »). Problème : l’œuvre pourrait avoir été tissée à partir d’or spolié à des familles juives.
Publié le MERCREDI, 07 AVRIL 2021
par Solène Bonnet
Le musée du Louvre est cœur d’une polémique à propos d’une œuvre qu’il détient dans ses réserves. Il s’agit d’une tapisserie en soie, laine et fil d’or mesurant 30 m² et réalisée en 1942 dans une manufacture allemande. Célébrant l’idéologie nazie, elle exhibe en son centre un aigle héraldique du IIIe Reich, marqué d’une croix gammée sur le pectoral. L’animal surplombe les initiales « A. H. » (pour « Adolf Hitler ») ainsi qu’une citation de Mein Kampf stipulant « Wer leben will, der kämpfe also » (« Celui qui veut vivre doit se battre »).
Woven into the @MuseeLouvre tapestry is 3.5kg of gold thread, recorded as having been “delivered by the Nazi party”. At the bottom is the year of its creation: 1942. Where would the Nazis have found 3.5kg of gold at the height of the Second World War? https://t.co/1YizOj78Rh
— The Art Newspaper (@TheArtNewspaper) April 1, 2021
Mais le débat résulte de la provenance des matériaux utilisés pour réaliser cette tapisserie. En effet, les 3,5 kilos de fils d’or présents sur cette œuvre auraient été « offerts par le parti nazi » selon les informations transmises lors de son transfert, d’après The Art NewsPaper. Mais en réalité, l’origine de cet or, tout comme le contexte de cette commande d’art provenant du IIIe Reich, n’ont pas été identifiés pour le moment. Le doute laisse penser qu’il pourrait s’agir d’une réutilisation de biens spoliés à des familles juives. Une hypothèse qui n’a pour l’heure été ni confirmée ni écartée par les spécialistes.
Pour le moment, l’ouvrage n’appartient pas aux collections du musée du Louvre, mais figure aux œuvres dites Musées nationaux Récupération (« MNR »). L’institution a précisé qu’une campagne photographique serait réalisée pendant l’été prochain afin de répertorier l’objet dans la base de collection du musée, ainsi que de réaliser sa fiche descriptive qui pourra être consultable sur le site Internet. De plus, « la Mission de recherche et de restitution des biens culturels spoliés entre 1933 et 1945 » (service créé par le ministère de la Culture en 2019) pourrait mener des recherches approfondies sur les conditions de création de cette œuvre, afin d’y ajouter la contextualisation nécessaire avant sa présentation au public.
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