Attaque du Thalys: El Khazzani disposé à parler

Un nouvel interrogatoire du Marocain maîtrisé à bord du train Amsterdam-Paris en août 2015 alors qu’il était armé d’une kalachnikov, débute ce mercredi. Il aurait été en lien avec la cellule terroriste des attaques de Paris.
Armé d’un fusil d’assaut et de centaines de munitions, Ayoub El Khazzani, qui s’apprêtait sans doute à commettre un massacre à bord du Thalys le 21 août 2015, avant d’être maîtrisé, se dit enfin disposé à parler à ses juges. Or c’est ce mercredi, dans la matinée, que ce Marocain de 26 ans, écroué à Bois-d’Arcy (Yvelines) et placé à l’isolement, va rejoindre sous escorte renforcée le palais de justice de Paris. À 14 h 30 débutera pour lui un nouvel interrogatoire dans le bureau d’un des trois magistrats en charge de l’enquête.
Muré jusqu’alors dans le silence après des déclarations fantaisistes aux policiers au lendemain de son arrestation, El Khazzani pourrait, s’il collabore, s’ouvrir sur son entourage. C’est du moins ce qu’espèrent les juges, persuadés qu’il a bénéficié de solides appuis pour tenter cet acte meurtrier dans le train.
Il aurait agi sur instruction d’Abdelhamid Abaaoud
Selon une récente étude menée par le Centre d’analyse du terrorisme (CAT), rapportée par Le Monde, c’est même la cellule qui a perpétré les attentats du 13 novembre 2015 à Paris qui pourrait être rattachée à ce dossier. El Khazzani aurait fait partie de ce réseau et été en contact direct avec le coordinateur des attaques parisiennes, Abdelhamid Abaaoud, ce Belgo-Marocain de 26 ans tué peu après lors de l’assaut du Raid à Saint-Denis, le 18 novembre 2015.
Avec ces révélations, issues de documents obtenus auprès de divers services de renseignements étrangers, tout laisse à penser qu’El Khazzani aurait donc agi sur instruction d’Abaaoud dans le cadre d’un plan d’attaque prédéfini. Ce 21 août 2015, lors d’un arrêt à Bruxelles, il était monté à bord du Thalys Amsterdam-Paris avec, sur lui, un véritable arsenal.

Explications rocambolesques
En possession d’un fusil d’assaut de type kalachnikov, de neuf chargeurs de 30 cartouches contenant au total 270 munitions, d’un cutter mais aussi d’une arme de poing et d’un bidon d’essence, il s’était enfermé dans les toilettes, non loin de la voiture numéro 12. Mais alors qu’il en était ressorti en faisant apparaître l’une de ses armes, il avait été maîtrisé par des militaires américains en permission après avoir tiré sur un passager, Mark Moogalian, qui lui avait arraché des mains la kalachnikov.
El Khazzani avait alors tenté de donner des explications rocambolesques. Se faisant passer pour un SDF dormant aux abords de la gare du Midi à Bruxelles, il avait déclaré y avoir trouvé une valise contenant des armes. L’idée lui était alors venue d’aller détrousser des passagers dans un train…
La route des migrants
L’enquête avait dessiné le profil d’un petit délinquant, repéré dans des affaires de drogue et passé à l’islam radical en Espagne, où il avait vécu. Fiché S en France, il avait ensuite séjourné dans divers pays, notamment en Allemagne, en Turquie ou au Maroc. Or l’étude du CAT, qui retrace le cheminement des terroristes à travers l’Europe, laisse supposer qu’El Khazzani serait allé en Syrie. Pour revenir ensuite dans l’espace Schengen où, se sachant dans le collimateur des services spécialisés, il aurait utilisé la route des Balkans jusqu’en Hongrie et profité des flux de migrants pour ne pas être repéré. Lors de cette infiltration discrète en vue de rejoindre la Belgique, il aurait pendant un temps fait route commune avec Abaaoud.
S’il se décide à collaborer après des mois de silence, l’interrogatoire pourrait être long. «Mon client s’est montré disposé à parler, mais reste à savoir s’il maintiendra sa position devant le juge», indique, prudente, son avocate, Me Sarah Mauger-Poliak.
SOURCE :
http://premium.lefigaro.fr/actualite-france/2016/12/13/01016-20161213ARTFIG00282-ataque-du-thalys-el-khazzani-dispose-a-parler.php