Archives du Vatican: «Il n’y a pas de secrets cachés sur Pie XII!» estime Jean Sévillia

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L’historien rappelle que la plupart des documents de l’Église sur la Seconde Guerre mondiale ont déjà été publiés. L’ouverture des archives du Vatican ne conduira pas, selon lui, à des découvertes historiques majeures.
Par Paul Sugy
Journaliste, écrivain et historien, Jean Sévillia est chroniqueur au Figaro Magazine et membre du conseil scientifique du Figaro Histoire. Il a récemment dirigé l’ouvrage collectif L’Église en procès. La réponse des historiens(Tallandier/Le Figaro, 2019).
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FIGAROVOX.- Comme le pape François l’avait annoncé il y a un an, le Vatican a ouvert aux historiens l’accès aux archives sur le pontificat de Pie XII. Faut-il s’attendre à des découvertes importantes sur son attitude à l’égard du régime nazi?
Jean SÉVILLIA.- C’est une controverse historique ancienne, qui remonte notamment à la parution de la pièce de théâtre «Le Vicaire» créée en 1963 par Rolf Hochhuth et critiquant vivement l’action de Pie XII pendant la Seconde Guerre mondiale, alors que jusqu’à cette date, et notamment à la mort de Pie XII en 1958, la communauté internationale avait loué son pontificat, y compris dans le monde juif.
La majeure partie des archives a en réalité déjà été explorée.
Mais il n’y a pas de secrets cachés sur Pie XII! En 1963, le pape Paul VI, voulant faire la lumière sur ce sujet, a fait ouvrir les archives du Vatican et confié à une équipe de quatre historiens ecclésiastiques le soin d’en extraire tous les documents concernant la période de la guerre. Ce qui a donné lieu à la publication d’un travail colossal réalisé entre 1965 et 1982, les Actes et documents du Saint-Siège relatifs à la Seconde Guerre mondiale, douze volumes de 800 pages chacun, aujourd’hui librement accessibles, par Internet, sur le site du Vatican. L’essentiel des documents concernant la fin du pontificat de Pie XI et celui de Pie XII, pour la période de la guerre, ont ainsi été rendus disponibles. Bien évidemment, en ouvrant la totalité des archives pour lesquelles le classement scientifique n’était pas encore achevé, l’Église permettra certainement d’accéder à tels ou tels documents non encore exploités, mais la majeure partie des archives a en réalité déjà été explorée. Je ne m’attends donc pas à de grandes découvertes sur la période de la guerre. Il y aura du nouveau, en revanche, pour la longue période du pontificat de Pie XII qui court de 1945 à 1958, mais les amateurs de sensationnel ne s’y intéressent pas, car ils n’y voient pas matière à polémique.
Les adversaires de Pie XII reviennent sans cesse avec les mêmes arguments, mais sans jamais apporter un témoignage nouveau ou un document inconnu qui irait dans le sens de la culpabilité du pape. À l’inverse, du côté de la défense, de nombreuses pièces nouvelles ou des témoignages inédits ont été publiés par les historiens, et tous prouvent que Pie XII a été habité par le drame de la guerre et qu’il a fait ce qui était en son pouvoir pour intervenir en faveur des persécutés.
Les adversaires de Pie XII lui reprochent son silence face à la barbarie du nazisme. Pour ses défenseurs, Pie XII aurait en réalité mené des actions discrètes pour affaiblir l’Allemagne nazie, sans provoquer la colère d’Hitler?
D’abord, Pie XII n’est pas resté totalement silencieux: au cours de plusieurs de ses interventions, il a prononcé des paroles fortes, par exemple lors de son discours de Noël 1942 où il a évoqué «les centaines de milliers de personnes qui, sans aucune faute propre, parfois uniquement en raison de leur nationalité ou de leur race, sont destinées à la mort ou au dépérissement». Sa tactique du silence, ensuite, a été le fruit d’un choix délibéré, décidé après de nombreuses concertations. Le dilemme n’était pas simple! Si Pie XII a préféré rester discret, c’est notamment parce qu’en Hollande, les protestations vigoureuses de l’épiscopat et du clergé protestant lors des premières rafles, en 1942, n’ont eu pour seul effet que d’intensifier encore la répression. C’est d’ailleurs à ce moment-là que la carmélite Edith Stein a été arrêtée au couvent d’Echt et déportée puis gazée à Auschwitz. Instruit par cet exemple, Pie XII privilégie donc l’action discrète, diplomatique, choisissant de laisser le moins possible de traces écrites. Mais nous avons reçu après la guerre de nombreux témoignages attestant que Pie XII est en réalité maintes fois intervenu pour venir en aide aux victimes, notamment lors de la rafle des Juifs de Rome en 1943.
Pendant la guerre, ni Roosevelt, ni Churchill, ni le général de Gaulle n’ont publiquement accusé l’Allemagne nazie d’exterminer les juifs. Dans la mesure de ce qu’il savait, Pie XII a parlé.
Il faut rappeler le contexte: ceux qui reprochent à Pie XII de ne pas avoir beaucoup protesté publiquement commettent un anachronisme! Déjà, il est certain que le pape n’avait pas peur pour sa propre personne, car il se savait en danger et se préparait notamment à l’idée d’être enlevé par Hitler. Par ailleurs, en 1942-1943, le Vatican est un État minuscule et sans moyens au milieu d’une Rome occupée par les Allemands. Parmi les rares moyens de communication à disposition du pape, Radio Vatican dépend du courant électrique distribué par l’Italie, alliée de l’Allemagne. Le pape n’avait pas Twitter ou le JT de 20h pour protester publiquement! On est dans une société en guerre, policière, où les libertés sont suspendues… Le pape ne risquait donc pas de faire un discours ou un communiqué qui serait repris par les agences de presse du monde entier. C’était une autre époque. Même le fameux discours de Noël 1942, peu de monde l’a entendu: seuls les auditeurs de Radio Vatican, en fait, c’est-à-dire une poignée de personnes.
Pendant la guerre, ni Roosevelt, ni Churchill, ni le général de Gaulle n’ont publiquement accusé l’Allemagne nazie d’exterminer les juifs. Dans la mesure de ce qu’il savait, Pie XII a parlé. Dans la mesure de ce qu’il pouvait, il a pris des initiatives. Il l’a fait selon les contraintes de l’époque, et selon sa nature qui était celle d’un diplomate.
Source :

https://www.lefigaro.fr/vox/histoire/archives-du-vatican-il-n-y-a-pas-de-secrets-caches-sur-pie-xii-estime-jean-sevillia-20200304

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9 Commentaires

  1. Paul06 dit :

    Alors pourquoi les archives sont elles restées inaccessibles si longtemps? Pie XII était surtout effrayé par les rouges. Et Pie II à laissé déporter les juifs de Rome…

  2. de Abravanel dit :

    J’aime les articles de la LDJ
    Mais la, comme lecteur juif et sioniste que je suis la pilule est dure a avaler.

    l’Eglise catholique a autant aidé Mussolini, Franco qu’Hitler à arriver au pouvoir, bien avant la guerre, de 1921 à 1939.

    L’anti-bolchevisme des fascistes puis par la suite des nazis était eau bénite pour l’Eglise catholique…
    l’anti-judaïsme des nazis également.

    Dès 1945 – Le Vatican met en place une filière pour exfiltrer d’Europe les nazis compromis.

    Quand aux quelques enfants juifs sauvés par l’église catholique, ils les convertirons afin de finir d’annihiler l’essence juive.

    Faire de l’Eglise catholique une grande force de résistance antifasciste est une honte.

    DdeAM

  3. MAGUID dit :

    « la majeure partie… »

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