Apologie du terrorisme : deux ans de prison pour Yassine

Yassine, un jeune Hérouvillais, a été condamné à deux ans de prison ferme, ce jeudi. Il avait menacé de mort l’imam de Drancy et fait l’apologie du terrorisme, sur Twitter.
« Doit-on prendre le risque de vous laisser sortir libre ? Soit vous êtes un lycéen qui s’est laissé emporter dans le monde virtuel des réseaux sociaux, soit vous êtes un danger potentiel… »
Dans le contexte post-13 novembre, le tribunal correctionnel de Caen jugeait un Hérouvillais de 18 ans,ce jeudi 10 décembre 2015.
Yassine s’est fait remarquer par des propos particulièrement radicaux tenus sur Twitter, après les attentats commis à Paris et Saint-Denis. Sous le pseudonyme d’Abou Saïf, il s’était par exemple réjoui du carnage survenu au Bataclan. « 90 morts, ptdr la fusillade ! » Il avait aussi interrogé ses followers (abonnés) :
« S’il y a une guerre civile, qui me suit ? »
Interpellé le 16 novembre par la police judiciaire de Caen, il s’exclame, quand les policiers pénètrent dans l’appartement familial du Grand-Parc : « seul Allah nous jugera !» Au cours de ses différentes auditions,le jeune homme avait tenté de se justifier. Yassine avait ainsi trouvé les attentats « compréhensibles pour venger les frappes aériennes en Syrie, même s’ils n’auraient pas dû faire ça. » Il reconnaît également « s’être posé la question » de partir en Syrie faire le djihad. « Mais moi, je combat par la parole, pas avec les armes », précise-t-il.
“Je m’inventais une vie”
Au cours de leurs investigations, les enquêteurs remontent le Twitter d’Abou Saïf et découvrent un profil inquiétant : appels au djihad, apologie de la loi du Talion. Le jeune homme utilisait trois comptes différents, mais le teneur des messages, parfois antisémites, était la même. Les éléments découverts dans la perquisition de son domicile complètent le portrait. Dans sa tablette numérique, il avait téléchargé de nombreux documents pro-Etat islamique, il entassait les photos le montrant kalachnikov en main, ou se présentant tel un prêcheur, keffieh sur la tête.
Sur le réseau social, Yassine avait également adressé des messages menaçants à Hassen Chalgoumi, l’imam de Drancy connu pour ses positions modérées. C’était en mai 2015. Son avocat, Me Jean-Charles Jobin fait remarquer:
« Un mois à peine après sa majorité, et donc la fin de son suivi par la protection judiciaire de la jeunesse. C’est à ce moment-là aussi qu’il a appris que sa mère était gravement malade. Il était fragile psychologiquement. »
L’imam de Drancy avait pris ces menaces suffisamment au sérieux pour déposer plainte. « Alors qu’il en reçoit des centaines », souligne Me Pascal Markowicz, l’avocat d’Hassen Chalgoumi.
A l’époque, pourtant, le parquet anti-terroriste de Paris et la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure), en charge du dossier, n’avaient pas estimé le jeune dangereux, selon Me Jobin. « Clairement identfié, il n’a pas été interpellé, souilgne celui-ci. Pas plus quand le parquet de Caen a été saisi, en août. »
Les attentats du 13 novembre ont donné une autre coloration aux tweets de Yassine. « C’était un délire, je m’inventais une vie, un personnage, sur Twitter », se défend le jeune homme, écroué depuis le 19 novembre. « En détention, j’ai pu réfléchir, et j’ai compris que je connaissais pas bien ma religion. »

Carole Étienne, la procureur de la République de Caen, a estimé que le « délire » durait depuis trop longtemps : elle a requis une peine de trois ans de prison, dont un an avec sursis et mise à l’épreuve. Le tribunal a suivi ces réquisitions. Incarcéré dès l’issue de l’audience, Yassine devra, à sa sortie de prison et pour une durée de trois ans, fixer sa résidence, travailler et se soigner. Il ne devra en aucune façon entrer en contact avec Hassen Chalgoumi, et indemniser l’imam de l’euro symbolique. S’il lui vient l’idée de se rendre à l’étranger, il devra demander l’autorisation du juge d’application des peines.
source :
http://www.libertebonhomme.fr/2015/12/10/apologie-du-terrorisme-deux-ans-de-prison-pour-un-herouvillais-de-18-ans/