Alexandre Gilet, du néonazisme aux projets d’attentats

Par Jean Chichizola
Les quatre hgommes sont poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste criminelle et sont soupçonnés de projets d’attentat en 2017 et 2018. DOMINIQUE BOUTIN/Dom – stock.adobe.com
Jugé aux assises, cet ancien gendarme adjoint est soupçonné, avec trois autres accusés, d’avoir fomenté des attaques en France.
C’est une première judiciaire. Lundi, et jusqu’au 30 juin, quatre hommes appartenant à la mouvance néonazie seront jugés à Paris par une cour d’assises spéciale pour mineurs, car l’un d’eux était âgé de 17 ans au moment des faits. Ils sont poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste criminelle et sont soupçonnés de projets d’attentat en 2017 et 2018.
Tout a commencé en Isère, le 28 août 2018 quand Alexandre G., 22 ans, passe une commande de produits précurseurs d’explosifs, signalée à la gendarmerie nationale. Le suspect, gendarme adjoint volontaire en délicatesse avec sa hiérarchie pour ses prises de position, est interpellé le 7 septembre 2018. La perquisition à son domicile permet la découverte de plusieurs armes, dont deux kalachnikovs, de munitions, d’un petit laboratoire et de produits précurseurs d’explosifs du type TATP (triperoxyde de triacétone).
«À la manière des tueurs de masse»
Mis en examen et placé sous contrôle judiciaire, Alexandre G. s’avère appartenir à la mouvance néonazie, dont il fréquente des forums sous le nom de French Crusader. En juillet 2018, il s’est entraîné au maniement d’armes et d’explosifs dans une forêt dans la région de Tours. Des photos et des vidéos le montrent en compagnie d’autres individus. Ceux-ci, avec lesquels Alexandre G. était en contact sur des forums néonazis comme Projet WaffenKraft (Projet puissance de feu/des armes) ou Formation oiseau noir, sont identifiés. Louis F.-M., 17 ans, et Gauthier F., 20 ans, sont interpellés dans la région de Tours le 17 octobre 2018. Un fusil à pompe est retrouvé en perquisition. Mis en examen, ils sont placés sous contrôle judiciaire. Un autre individu présent aux entraînements, Évandre A., 23 ans, est entendu comme témoin. Enfin, les gendarmes identifient une cinquième personne ayant participé aux entraînements en forêt, Ewan J., âgé de 14 ans. Du droit commun, le dossier va passer au terrorisme.
Au fil de l’enquête et de l’analyse des supports (informatique, téléphonie) d’Alexandre G., il apparaît que ce dernier aurait, courant 2018, «effectué d’importantes recherches internet pour se procurer des armes à feu et des explosifs». Mais aussi «rédigé, à la manière des tueurs de masse de l’ultradroite, un manifeste de passage à l’acte terroriste, détaillant notamment des fusillades ou des actions au camion-bélier», un texte où il en appelle aux «opérations violentes» et précise: «Nous allons parler ici des différentes techniques d’opérations pour faire un maximum de dommages en un minimum de temps.» Enfin il a aussi «effectué des recherches sur ce qui s’apparentait à des cibles». Son contrôle judiciaire est révoqué en décembre 2018 et pour cause: l’intéressé le violait allègrement et poursuivait ses entraînements armés en forêt. Tout en continuant à acheter des éléments d’armement.
Un projet assez précis contre Mélenchon
Le pôle antiterroriste de Paris se saisit du dossier. Et les cinq personnes identifiées sont mises en examen au printemps 2019. À noter que le cas d’Ewan J. a finalement été disjoint et l’intéressé renvoyé devant le tribunal pour enfants de Paris statuant en matière criminelle. Pour l’accusation, les mis en cause adhéraient aux thèses néonazies et avaient, sous l’influence d’Alexandre G., présenté comme «le plus radical et le plus motivé» du groupe, envisagé des projets d’attentats.
Par ailleurs, Alexandre G. et Louis F.-M. auraient planifié de se rendre en Ukraine fin 2018 pour s’y procurer des armes. Pour Alexandre G., les cibles allaient de mosquées, notamment radicales, au Conseil représentatif des institutions juives de France et à diverses institutions (ministères, médias, partis…). Mais il s’intéressait aussi à un projet de concert du rappeur Médine au Bataclan ou aux meetings du leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon avec, dans ce dernier cas et selon les précisions d’un de ses complices, «un projet assez précis de tir de sniper dissimulé dans un coffre de voiture». Un mode opératoire qui rappelle celui du tireur de Washington, qui, en 2002, sema la terreur dans la capitale américaine.
Source
https://www.lefigaro.fr/…/alexandre-g-du-neonazisme-aux…

Alexandre Gilet, le jeune néonazi fasciné par les djihadistes qui voulait « faire pire que le Bataclan »
Ce gendarme adjoint volontaire comparaît à partir de lundi avec trois complices pour un projet d’attentat d’extrême droite, le premier à être jugé devant une cour d’assises. Obsédé par l’idée de « venger » les attentats islamistes de 2015, il avait rédigé un « manifeste » dans lequel il exposait son idéologie et ses cibles
Rien ne ressemble davantage à un djihadiste en herbe qu’un apprenti néonazi. Le procès de quatre jeunes hommes d’ultradroite, dont un mineur à l’époque des faits, jugés à partir du lundi 19 juin devant la cour d’assises des mineurs de Paris pour avoir fomenté un projet d’attentat, en offre une inquiétante illustration. Tout, dans la façon dont s’est constituée cette cellule terroriste sur Internet, la radicalisation de ses membres, leur âge, leur discours binaire, leurs modes opératoires, certaines de leurs cibles et jusqu’à la fascination qu’exerçaient sur eux les attentats islamistes, semble tendre un miroir au phénomène djihadiste.
Le principal accusé, Alexandre Gilet, 22 ans au moment des faits, est dépeint par l’enquête comme le leader du groupe. Avant son interpellation, le 7 septembre 2018, ce gendarme adjoint volontaire dans l’Isère, issu d’un milieu modeste, avait rédigé un « manifeste », un terme utilisé par les tueurs de masse d’ultradroite, comme son idole Anders Breivik, qui a assassiné soixante-dix-sept personnes en Norvège, en 2011 ou après lui Brenton Tarrant, qui a assassiné cinquante et une personnes devant deux mosquées de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, en 2019. Pourtant, lorsqu’il a été interrogé sur ce document, le jeune homme, qui se décrit lui-même comme « radicalisé », a évoqué une source d’inspiration moins attendue : il a déclaré avoir voulu faire « comme Daech ou Al-Qaida ».