Affaire Merah, quatre ans après : « Mon métier, c’est père de victime »

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Le 11 mars 2012, Mohamed Merah abattait sa première victime, Imad Ibn Ziaten. Pour Albert Chennouf-Meyer, père de l’un des militaires abattus à Montauban, la vie est devenue un combat contre les « nazislamistes ».
Dans son bureau, il a deux photographies : une de son fils Abel, militaire de 25 ans abattu le 15 mars 2012 par Mohamed Merah à Montauban (Tarn-et-Garonne) ; l’autre de Bernard Squarcini, le patron du renseignement (DCRI) au moment des attentats de Toulouse. Albert Chennouf-Meyer le tient pour responsable de la mort de son fils. Le 7 mai 2012, au lendemain de l’élection perdue par Nicolas Sarkozy, il s’est rendu dans un commissariat pour déposer plainte contre le policier. En 2013, son avocate, Béatrice Dubreuil, a formalisé son coup de colère par une procédure à Paris contre Squarcini et « contre tout autre pour non-empêchement de crime et […] mise en danger de la vie d’autrui ».
Un père qui monte au front à la moindre alerte
Devant le cercueil de son fils, le père d’Abel a fait une promesse : « Vas-y, mon enfant, dors en paix. Je saurai pourquoi tu as été assassiné. Je ne reculerai devant rien. » Depuis, ¬Albert Chennouf-Meyer est en guerre. Ancien cadre commercial, autodidacte, alsacien par sa mère, kabyle par son père, il monte au front à la moindre alerte. En début d’année, il avait déposé plainte pour « diffamation et négationnisme » contre Nicolas Sarkozy et Éric Woerth. Lors de déclarations publiques, ces derniers avaient oublié Toulouse dans la liste des attentats islamistes. Après des excuses, il y a renoncé. En juin, apprenant que le père de Mohamed Merah était en visite en France, il a débarqué à Toulouse. Dans la cité du Mirail, où il espérait une confrontation, il a essuyé insultes et jets de tomates. « Mon métier aujourd’hui, c’est père de victime, je ne l’ai pas choisi », confie-t-il. Sur les réseaux sociaux, il mène un combat sans relâche contre les « ‘nazislamistes’ qui lui ont pris son fils ». Les menaces de mort qu’il reçoit n’y font rien. Le 21 février, elles sont arrivées par SMS. Le 30 janvier 2015, il avait déjà reçu une lettre envoyée par « Daech France, Toulouse »…

Au bout de son lotissement de Manduel, où il vit dans le Gard, un projet de mosquée a vu le jour. Albert Chennouf-Meyer, catholique comme sa mère, ne l’accepte pas. Son père était athée. « Je sais que tous les musulmans ne sont pas des terroristes, explique-t-il, mais je sais aussi que c’est au nom de cette religion qu’on a tué Abel. On me prend pour un facho, je ne le suis pas. J’ai voté Hollande en 2012… » Cette nouvelle croisade contre la mosquée a provoqué une rupture avec son fils aîné, qui tentait de raisonner son père.
« On se souvient des assassins, pas des victimes »
Samuel Sandler, lui aussi, a perdu « ses enfants », son fils Jonathan qui venait d’avoir 30 ans et ses deux petits-fils de 4 et 5 ans, Gabriel et Arieh. Le 19 mars 2012, ils attendaient devant le collège-lycée ¬Ozar Hatorah la navette qui devait les conduire à l’école. La famille habitait un logement dans l’établissement où le père enseignait. Ils ont été assassinés quatre jours après Abel. Samuel Sandler ne prononce jamais le nom de l’assassin. « Ce serait lui donner une humanité qu’il n’avait pas », explique-t-il de sa voix douce. À bientôt 70 ans, cet ingénieur de l’industrie aéronautique se prépare à une retraite qu’il redoute.
«Le travail me distrait au sens pascalien, précise-t-il, cela m’empêche de penser»
« Le travail me distrait au sens pascalien, précise-t-il, cela m’empêche de penser. » Samuel est né en 1946, en France, dans une famille juive d’origine allemande. Ses parents avaient quitté Mannheim en 1937 pour Le Havre, puis Limoges. Lui a grandi à Paris. Sa famille a été dévastée par la mort en déportation d’une grand-mère, d’un oncle, d’une tante et du cousin Jeannot, alors âgé de 8 ans.
Aujourd’hui, Samuel Sandler ne veut pas qu’on oublie ses enfants. « On se souvient des assassins, pas des victimes, regrette-t-il, les attentats se succèdent… Qui connaît celui de ce Français décapité en Algérie? » En 2015, la sœur de Jonathan a quitté la France. C’est au pied de son immeuble qu’Amedy Coulibaly, le tueur de l’Hyper Cacher, a abattu la jeune policière de Montrouge. « Elle a entendu les coups de feu, raconte son père. Quand elle était petite, elle avait peur d’aller en Israël. Là, elle a eu peur de rester ici. »
Profondément religieux, Samuel Sandler n’attend pas grand-chose du procès Merah, dont l’instruction vient de se clore. Il n’en veut pas à l’État. « C’est facile aujourd’hui de dire ce qu’il fallait faire. Comment pouvait-on éviter un tel carnage? » Il n’en veut pas à l’islam. Il veut se souvenir de jolies choses. De son père qui gérait, près du jardin du Luxembourg, à Paris, un restaurant universitaire casher et se faisait une joie et un honneur d’accueillir des étudiants musulmans. Du jeune camarade de Jonathan à Versailles, Mourad, qui n’avait le droit de manger que chez les Sandler, car sa mère était sûre qu’il n’y avait pas de porc.
«C’est facile aujourd’hui de dire ce qu’il fallait faire. Comment pouvait-on éviter un tel carnage?»
Décorée de la Légion d’honneur
Latifa Ibn Ziaten, la mère du premier militaire abattu par Merah, le 11 mars 2012, sera décorée de la Légion d’honneur par François Hollande, vendredi prochain. Elle a fondé l’association Imad, jeunesse et paix pour lutter contre l’endoctrinement des jeunes. La famille de Mohamed Legouad, troisième militaire victime du tueur toulousain, vit à Lyon. Le père de Myriam Monsonego, fillette de 7 ans poursuivie par Merah avant d’être elle aussi assassinée dans la cour de l’école, dirige toujours l’établissement et revient chaque matin sur les lieux de son drame. Aujourd’hui, ces familles qui n’ont pour la plupart en partage qu’un assassin et des nuits sans sommeil savent qu’elles sont les premières victimes d’une vague d’attentats qui a commencé à Toulouse…

Source :
http://www.lejdd.fr/Societe/Affaire-Merah-quatre-ans-apres-Mon-metier-c-est-pere-de-victime-776115

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2 Commentaires

  1. Salmon dit :

    Non , Monsieur , vous n’etes pas seul
    battez vous , la vérité l’emporte toujours !!!!!

  2. Rony d'Alger dit :

    SVP pourriez vous éviter de parler de « l’affaire mérah ». En effet si tant est qu’il puisse y avoir une affaire au niveau de la DCRI, au niveau de sa direction nationale, ce terme permet aux journalistes d’éviter de prononcer celui de TERRORISTE. D’autre part, ces mêmes journalistes nous fourguent SYSTEMATIQUEMENT la photographie de merah jeune à 18 ans, hilare, le crane rasé. Mais quand il a tué, il avait 23 ANS, les cheveux frisés mi-longs et UN VRAI FACIES DE TUEUR, LE VISAGE HAINEUX. C’est cette photo qu’il faut diffuser et non CELLE QUE NOUS IMPOSENT CES JOURNALISTES COLLABOS, POLITIQUEMENT POURRIS.

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