Activisme, pression, intimidations… Au procès Paty, les «méthodes» de l’islamiste Abdelhakim Sefrioui

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Par Jean Chichizola
Plusieurs de ses affaires passées rappellent étrangement les circonstances qui ont conduit à la mort du professeur d’histoire-géographie.
Après trois semaines de débat, le procès de l’assassinat de Samuel Patyse rapproche peu à peu du cœur de l’affaire : la campagne islamiste déclenchée par deux accusés, Brahim Chnina et Abdelhakim Sefrioui, sans laquelle le professeur enseignerait toujours aujourd’hui dans l’anonymat d’un collège de banlieue.
Cet engrenage ne peut se comprendre qu’en rappelant trois constatations factuelles toujours inaudibles pour certains : l’islamisme, sous toutes ses formes, est un totalitarisme imposant par la peur la loi divine comme d’autres la pureté de la race ou le socialisme scientifique, il vomit le blasphème et tue depuis des décennies en France et dans le monde.
S’il éclaire le drame, ce triptyque n’est toutefois qu’une toile de fond pour la Cour d’assises spécialement composée. Les magistrats professionnels ne doivent pas juger une responsabilité morale ou politique mais examiner, au regard du droit, l’éventuelle responsabilité pénale des accusés.
Et notamment celle d’Abdelhakim Sefrioui, islamiste de 65 ans s’étant longtemps réclamé d’un « Conseil des Imams de France », qui a depuis pris ses distances avec lui. Chemise claire, pull sombre, barbe blanche bien taillée et front dégarni, Sefrioui fut au cœur lundi du témoignage d’un policier de la Sous-direction antiterroriste (Sdat) sur son « parcours de radicalisation ».
Quelques heures durant, la salle fut plongée dans la description d’une des formes de l’islam radical « à la française ». La semaine dernière, les deux amis du terroriste Anzorov avaient fait découvrir à la Cour l’islamisme rampant régnant dans le quartier de la Madeleine à Evreux. Un endroit où on ne compterait plus les jeunes refusant de serrer la main aux femmes et prônant un islam rigoriste. Un lieu déshérité où ces mêmes jeunes se traitent de mécréants à tout bout de champ et se feraient des blagues sur le thème « ne pas prier, c’est pire que violer un homme » ou encore « ne pas prier, c’est aller en enfer ».
Lundi, la Cour a donc plongé dans une autre dimension de l’islamisme, celle plus militante et plus active d’Abdelhakim Sefrioui. Un activisme qui, dans plusieurs affaires passées, rappelle étrangement les circonstances qui ont conduit à la mort de Samuel Paty. Avant de détailler certaines de ces affaires, le témoin souligne l’adhésion ancienne de l’accusé, fiché S par la DGSI, à l’islam radical.
Dans un prêche en arabe mis en ligne le 28 février 2015, moins de deux mois après le massacre de Charlie Hebdo, Sefrioui s’insurgeait contre « toute personne qui a pu humilier notre prophète ou nous humilier nous-mêmes, ou notre religion » et concluait : « envoie ta colère vers eux, ô seigneur de la fierté, envoie ton châtiment, ta malédiction et ta réprobation sur eux, ô Allah! ». Il demandait aussi à Dieu « de soutenir victorieusement les musulmans partout ! ».
Fondateur en 2004 d’un « Collectif Cheikh Yassine », du nom d’une des figures du Hamas palestinien, Sefrioui a, au-delà de son engagement en faveur de la Palestine et de cette organisation terroriste, visé d’autres cibles au fil des ans. Ainsi de manifestations en 2010 à Drancy contre celui que les islamistes aiment à désigner comme « l’imam des juifs » Hassan Chalghoumi. Ce dernier, traité de « traitre, agent des sionistes » est notamment accusé de « faire venir » dans sa mosquée « le CRIF [Conseil représentatif des Institutions juives de France] pour dire comment faire la prière »…
Sefrioui dénonce des « voyous » (l’imam et le CRIF) et estime que Chalghoumi « doit quitter toute responsabilité ». Comme, dix ans plus tard, il demandera le départ du « voyou » Samuel Paty. L’année suivante, en mars 2011, Sefrioui intervient dans le lycée Auguste Blanqui, à Saint-Ouen, où assure-t-il des jeunes élèves sont menacées d’expulsion pour le port de l’abaya. Il est reçu par des responsables de l’établissement au nom du Conseil des imams de France (il s’en réclamera encore en 2020).
La direction d’Auguste Blanqui précise à l’époque qu’il n’était pas question d’exclusion mais d’un rappel des règles de la laïcité. Dans une vidéo, Sefrioui, qui livre l’adresse du lycée, dénonce pourtant la « croisade » de la directrice et de son adjointe, leurs « agissements islamophobes ». Il souligne « l’extrême gravité d’une décision discriminatoire et humiliante pour les élèves » et estime que des « dizaines, des centaines d’incidents [identiques] ne sont pas rendus publics et médiatisés ». Des propos et des assertions qui, là encore, rappellent ceux de 2020.
« C’est la première et la dernière fois qu’on laissera impuni un acte islamophobe »
Activisme, fausses informations, pressions, intimidations… Il ne reste plus que l’appropriation de ces campagnes par des terroristes en puissance. Et là encore Drancy et Saint-Ouen rappellent l’affaire du collège du Bois d’Aulne. Dans les deux cas, la campagne de l’islamiste Sefrioui est en effet relayée par des personnages plus inquiétants encore, les djihadistes du groupe Forsane Alizza (Les Cavaliers de la fierté), qui sera dissous en 2012 pour incitation à la lutte armée. À Saint-Ouen, les militants de Forsane Alizza, dont plusieurs seront condamnés dans des dossiers terroristes, laisseront planer la menace : « c’est la première et la dernière fois qu’on laissera impuni un acte islamophobe ».
Face à un tel constat, la défense entreprend logiquement de porter atteinte à la crédibilité du témoin en laissant entendre que l’essentiel de ses informations viennent de Wikipedia ou d’articles de presse. En omettant toutefois le fait que les documents les plus troublants sont issus de témoignages ou du propre site internet du Collectif Cheikh Yassine. Mais la défense sait surtout que l’enquête n’a pas révélé de liens entre Abdelhakim Sefrioui et le terroriste Abdoullakh Anzorov et qu’il n’est pas non plus établi qu’Anzorov a visionné les vidéos tournées par Sefrioui contre Samuel Paty. Elle sait aussi que son client, et Brahim Chnina, qu’il a aidé et soutenu, ne sont pas jugés pour complicité d’assassinat terroriste, comme ce fut envisagé initialement, mais pour association de malfaiteurs terroriste criminelle.
Reste que les affaires de Drancy et de Saint-Ouen ressemblent bien à l’engrenage du collège du Bois d’Aulne, tel que décrit également lundi dans le témoignage d’un autre policier de la Sdat. À une différence près : Abdoullakh Anzorov a été plus radical encore que les djihadistes de Forsane Alizza.
Source
Le Figaro

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