Accusé de « trahison » et de conflit d’intérêts, William Bourdon , avocat propalestinien renonce à défendre Tariq RAMADAN
L’avocat William Bourdon, accusé de conflit d’intérêts qu’il conteste, a annoncé ce jeudi 4 juin renoncer à défendre Tariq Ramadan. Henda Ayari, première des femmes à avoir porté plainte pour viol contre l’islamologue, venait de saisir la commission de déontologie du barreau de Paris.
Il n’a pas attendu la décision déontologique du bâtonnier pour se retirer de l’affaire. Ce 4 juin, l’avocat William Bourdon, accusé de conflit d’intérêts, a expliqué renoncer défendre Tariq Ramadan. Henda Ayari, première des femmes à avoir porté plainte pour viol contre l’islamologue suisse fin octobre 2017, avait saisi la commission de déontologie du bureau de Paris. « Cette décision de Maître Bourdon n’effacera pas la trahison et ma grande déception car j’avais confiance en cet avocat qui n’a eu aucun scrupule à défendre mon agresseur », a réagi Henda Ayari sur son compte Facebook.
Mardi 26 mai, l’hebdomadaire L’Obs avait révélé cette saisine et expliquait que, dans les premiers jours de l’affaire, en novembre 2017, la plaignante avait sollicité les conseils de l’avocat. A l’époque, ce dernier lui avait préparé une note de conseil et un projet de communiqué, sans qu’elle y donne suite. A la suite des révélations de l’hebdomadaire, sur son compte Facebook, la plaignante a interpellé l’avocat : « Nous avons passé des heures à discuter du dossier à votre cabinet… Je me suis confiée à vous en toute confiance. »
WILLIAM BOURDON CONTESTE
Dans sa publication Facebook, Henda Ayari joint également un communiqué de presse datant du 3 novembre 2017, apparemment signé de Me William Bourdon, Me Grégoire Leclerc et Me Jonas Haddad. Dans ce document, les trois conseils se présentent comme « avocats » de la jeune femme. « Les avocats soussignés déplorent la fuite en avant de Monsieur Tariq Ramadan qui, faute depuis l’ouverture d’une enquête, de pouvoir directement tenter de faire pression sur leur cliente, le fait indirectement en multipliant des intiatives judiciaires aussi dénuées de fondement que fantasistes », peut-on y lire.
Des faits que conteste aujourd’hui William Bourdon. Contacté par le magazine, il affirme « avoir été contacté par Henda Ayari mais n’avoir, à aucun moment, discuté du fond de l’affaire » avec elle. « Mon entretien avec Mme Henda Ayari avait été bref et strictement aucune confidence, ni secret, n’avait été partagé. Il n’existait par conséquent aucune contre-indication à la défense de M. Tariq Ramadan », se défend l’avocat dans une déclaration transmise à l’avocat, entré mi-mai dans l’équipe des conseils de l’islamologue. Me Bourdon dénonce la diffusion « opportuniste » de la réclamation déontologique déposée par Me Francis Szpiner, avocat de Mme Ayari « entraînant des publications comportant de graves contre-vérités et de regrettables confusions ».
UN AUTRE AVOCAT ACCUSÉ DE CONFLIT D’INTÉRÊT
Me Bourdon explique aujourd’hui ne plus trouver réunies les conditions nécessaires pour défendre son client : « Ne pas se retirer était susceptible de gêner la défense de M. Ramadan, qui plus est dans un dossier public et complexe, où tout semble possible et permis dès qu’il s’agit d’atteindre la crédibilité de M. Ramadan et sa défense. » Joint par l’AFP, Me Olivier Cousi, bâtonnier de Paris, a déclaré qu’il « n’y a(vait) pas de problème : ce sont des questions comme il s’en pose tous les jours (…) qui doivent se régler entre confrères et qui n’auraient pas dû être étalées dans la presse. »
Un autre avocat récent de l’islamologue suisse, Me Ouadie Elhamamouchi, est également accusé de conflit d’intérêts par une autre femme, Mounia Rabbouj. Cette dernière, troisième a avoir accusé Tariq Ramadan de viols – faits pour lesquels il n’est pas poursuivi à ce jour – explique que l’avocat a tenté de la démarcher avec insistance mi-novembre 2018.
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